Dette des pays émergents : plus ou moins sensible
La récente crise en Argentine décèle les risques liés à la dette des pays émergents.
Le retour de l’inflation, les hausses de taux d’intérêt et une éventuelle appréciation complémentaire du dollar constituent, par conséquent, un réel risque pour l’ensemble des pays émergents.
Depuis 10 ans, la dette globale de ces pays a augmenté de 50% environ, passant au-delà des 200% du PIB cumulé. Cette propension à l’endettement s‘est opérée avec des conditions de financement particulièrement inédites grâce aux liquidités abondantes (merci aux banques centrales et à leurs politiques monétaires non conventionnelles).
Néanmoins, la nature même de la dette a évolué depuis une décennie. Elle a subi une transformation caractérisée par un financement davantage libellé en devise nationale au détriment du dollar.
La raison de cette mutation structurelle provient essentiellement de la maturité des marchés de capitaux locaux de plus en plus efficaces, regroupant des acteurs majeurs pour financer et échanger de la dette.
Il y a là, un réel phénomène de résilience de ces pays aux fluctuations de leur devise. La vulnérabilité de ces mêmes pays émergents s’en trouve atténuée par un dégagement limité des capitaux étrangers et, par conséquent, du risque de change. Ce dernier se trouve transféré aux investisseurs et non plus à l’émetteur.
Une poignée de pays (Chine, Inde, Brésil) représente les trois quarts de la dette émergente en monnaie locale. Depuis les crises à répétition des années 1990, puis la plus récente de 2008, les pays émergents s’orientent vers une réduction de leur dépendance à la dette en monnaie étrangère. Dans un tel scénario, les investisseurs se trouvent freinés pour sortir massivement des capitaux, sauf à valider de conséquentes pertes.
Il apparait clairement que le manque d’uniformité de tous ces marchés émergents entraine une pression hétérogène plus ou moins accentuée lors de forts décalages des variables économiques.
Cela se traduit par des rendements obligataires à forte dispersion même dans la sphère des pays émergents. C’est d’ailleurs, tout le challenge des investisseurs de sélectionner le bon couple « rendement /risque ».