Le pays, dirigé par le président Mauricio Macri, subit une forte dépréciation de sa devise engendrant une nouvelle crise de confiance dans le pays et dans sa monnaie. Cette situation économique intervient 18 ans après la crise de 2001 pendant laquelle le pays avait déjà dû faire appel au FMI. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’imposante dette contractée en dollars, il y a deux ans par le nouveau président, a subi de plein fouet à la fois la remontée du coût du crédit et un taux de change fortement défavorable (-25% pour le peso face au billet vert depuis le début d’année). Cet engrenage met le pays en forte difficulté d’autant plus que les réformes économiques n’étaient pas forcément concluantes. Résultat, pour freiner les ventes de la devise nationale au profit du dollar, la Banque centrale argentine a dû remonter le taux directeur, graduellement jusqu’à 40%.
Le retour de l’inflation, les hausses de taux d’intérêt et une éventuelle appréciation complémentaire du dollar constituent, par conséquent, un réel risque pour l’ensemble des pays émergents.
 
Depuis 10 ans, la dette globale de ces pays a augmenté de 50% environ, passant au-delà des 200% du PIB cumulé. Cette propension à l’endettement s‘est opérée avec des conditions de financement particulièrement inédites grâce aux liquidités abondantes (merci aux banques centrales et à leurs politiques monétaires non conventionnelles).
Néanmoins, la nature même de la dette a évolué depuis une décennie. Elle a subi une transformation caractérisée par un financement davantage libellé en devise nationale au détriment du dollar.
 
La raison de cette mutation structurelle provient essentiellement de la maturité des marchés de capitaux locaux de plus en plus efficaces, regroupant des acteurs majeurs pour financer et échanger de la dette.
 
Il y a là, un réel phénomène de résilience de ces pays aux fluctuations de leur devise. La vulnérabilité de ces mêmes pays émergents s’en trouve atténuée par un dégagement limité des capitaux étrangers et, par conséquent, du risque de change. Ce dernier se trouve transféré aux investisseurs et non plus à l’émetteur.
 
Une poignée de pays (Chine, Inde, Brésil) représente les trois quarts de la dette émergente en monnaie locale. Depuis les crises à répétition des années 1990, puis la plus récente de 2008, les pays émergents s’orientent vers une réduction de leur dépendance à la dette en monnaie étrangère. Dans un tel scénario, les investisseurs se trouvent freinés pour sortir massivement des capitaux, sauf à valider de conséquentes pertes.
 
Il apparait clairement que le manque d’uniformité de tous ces marchés émergents entraine une pression hétérogène plus ou moins accentuée lors de forts décalages des variables économiques.
Cela se traduit par des rendements obligataires à forte dispersion même dans la sphère des pays émergents. C’est d’ailleurs, tout le challenge des investisseurs de sélectionner le bon couple « rendement /risque ».