Un portefeuille de produits et de services pour réseaux télécom de nouvelle génération  (source : société) 

Didier Brédy, Ekinops a finalement connu une croissance de 2% à taux de change constant en 2023, contre plus de 12% de croissance encore espérés fin juillet dernier à l’occasion des résultats semestriels. Quel regard portez-vous sur la marche des affaires depuis votre avertissement lancé en octobre dernier ?

"La dynamique commerciale est très différente d’un marché à l’autre. Pour rappel, Ekinops est positionnés dans les couches 1, 2 et 3 des réseaux télécom. Sur la couche 1, le transport optique, le marché est en croissance annuelle à un chiffre et Ekinops continue à croitre annuellement de plus de 20% (+27% en 2023) grâce à un positionnement sur des segments moins bien adressées par de grands acteurs comme Nokia, Ciena, Huawei et ZTE. Avec notre plateforme Ekinops360, nous adressons en effet les opérateurs de taille moyenne, mal servis par les très gros équipementiers télécoms, avec le bon produit et le bon prix. Le contrat pluriannuel remporté en décembre auprès de Deutsche Glasfaser en est une belle illustration. Il nous fait entrer dans la cour des grands car ce client opérateur déploie énormément de fibre en Allemagne et nous a retenu pour unique fournisseur à l’issue d’un appel d’offres auquel étaient présents tous les grands équipementiers mondiaux. En revanche, sur les couches 2 et 3 des réseaux, qu’on appelle l’Accès (commutation et routage), le marché est plutôt structurellement stable et dominé par Cisco. Il est fortement perturbé depuis 6 mois par des effets de stockage de la part de nos clients opérateurs conjugué à un report des investissements de la part des entreprises utilisatrices de nos solutions. D’où un repli de -15% en 2023 sur ce segment après une bonne année 2022 (+20%). Enfin, les Logiciels et Services, portés par la virtualisation des réseaux et le logiciel SD-Wan, poursuivent leur progression (+12% en 2023) et représentent 17% de nos ventes."

Pour rester sur 2023, vous annoncez un atterrissage de la marge d’Ebitda dans la fourchette 13 à 17%, contre 14 à 18% attendus initialement. Comment expliquez-vous ce léger abaissement de la fourchette alors que le chiffre d’affaires du groupe n’a pas été au rendez-vous ?

"Notre expérience nous a appris à ajuster très vite certaines dépenses, en attendant la reprise de la croissance. L’effectif reste en croissance sur l’année 2023, à plus de 500 collaborateurs dont plus de la moitié en R&D. Par ailleurs, notre marge brute est résiliente dans un marché où les politiques de prix de la concurrence sont rarement agressives."

Comment envisagez-vous 2024 ?

"Nous attendons un retour de la croissance sur l’ensemble de l’année 2024, hors éventuelle acquisition. Après le point bas du 3ème trimestre, notre objectif est de réaliser un niveau d’activité au 1er semestre 2024 supérieur à celui du 2nd semestre 2023. L’activité en 2024 devraient être portée par le rebond des ventes d’équipements d’Accès au fur et à mesure de la reprise économique et par le lancement d’un nouveau produit de transport optique majeur au cours de l’été. Nous préférons rester prudents car la visibilité est faible sur nos marchés, spécialement au cours des derniers trimestres."

La part des services et logiciels dans votre CA augmente régulièrement. Quelle est votre ambition et l’impact de cette division sur le compte de résultat ?

"Nous nous fixons de réaliser au moins 30% de notre activité dans les services et logiciels dans les années à venir, avec un équilibre entre les services et les ventes logiciels, essentiellement sous forme d’abonnement, ce qui amoindrit nos taux de croissance mais augmente la récurrence de notre chiffre d’affaires. Cette branche est à ce stade évidemment très relutive pour la marge brute du groupe, mais reste encore dilutive pour la marge d’Ebitda du fait des investissements consentis en attendant un réel effet volume…"

Des acquisitions étaient annoncées pour 2023. Ce serait finalement pour début 2024…

"La croissance externe est la priorité numéro 1 du top management du Groupe compte tenu de l’importance des effets de taille dans notre secteur, surtout dans le Transport. Dans l’Accès, nous souhaitons renforcer nos solutions logicielles sur certaines spécialités. Nous avons étudié des dizaines de cibles depuis l’acquisition de OneAccess en 2017 qui nous a permis de quadrupler de taille il y a 6 ans. Aucune n’a abouti à ce stade, pour des raisons très variées, mais nous comptons concrétiser une ou deux acquisitions dans les prochains mois, en Europe ou en Amérique du Nord. Nous avons sécurisé des financements non dilutifs, à hauteur de 100 M€. La bonne nouvelle, c’est que les valorisations sont plus raisonnables aujourd’hui qu’il y a un an !"

Actionnariat et données boursières (source : société)