Rien n'est jamais sûr en finance et la séance de la veille en a donné une bonne illustration. Les investisseurs attendaient les chiffres de l'inflation en janvier aux Etats-Unis pour peaufiner leurs stratégies, avec deux scénarios dominants et probablement un peu simplistes. Enfin c'est un peu facile de le dire après coup, mais ça se résume à ça. Soit l'inflation poursuit sa décrue sans trop de bémols, et la fête de la hausse peut continuer. Soit l'inflation continue à mordre un peu trop fort et les marchés actions accusent le coup. Ça c'est pour la théorie. En pratique, on a plutôt eu des chiffres d'inflation un peu plus inquiétants que prévu et une hausse des marchés actions. Enfin plutôt des parcours disparates, mais malgré tout un gain de 0,7% du côté du Nasdaq, l'indice le plus sensible à la trajectoire de la politique monétaire, donc aux indications fournies par l'inflation. Le Nasdaq a beaucoup fait le yoyo mais il a terminé quasiment sur ses plus hauts de la séance. On notera qu'il n'a pas été imité par le Dow Jones (-0,46%) et que le S&P500 a échoué aux portes de la hausse (-0,03%). Même confusion en Europe avec de petites hausses à Paris, Londres et Zurich et des baisses étiques à Francfort, à Stockholm et à Bruxelles.

Les prix à la consommation sont repartis de l'avant comme prévu aux Etats-Unis entre décembre et janvier, sous l'effet de facteurs saisonniers notamment. A ce stade, les financiers ont l'air de considérer que c'est un accident de parcours sans trop de conséquences sur la voie d'une décrue de la hausse des prix. En un sens, la statistique n'a pas invalidé la narration dominante selon laquelle la Fed est presque au bout de son cycle de relèvement des taux. Mais elle a probablement donné un peu plus de corps à la théorie selon laquelle les taux resteront au plafond plus longtemps que ce que se figurent actuellement les marchés. Pour autant, cela ne contrarie pas forcément les investisseurs, qui craignent plus l'incertitude sur la trajectoire des taux que les taux eux-mêmes… surtout lorsqu'ils approchent du pic.

Le marché obligataire, plus subtil que le marché action quand il s'agit de se lancer dans les pronostics monétaires, s'est un peu tendu hier à l'annonce de l'inflation américaine, mais sans excès. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est remonté à 3,74%, ce qui constitue presque un non-événement. "De toute façon, ce marché ne sait plus baisser", a lancé hier Patrick dans la salle de rédaction. C'est notre vétéran, chez Zonebourse. "Celui qui a passé des ordres à la main et qui faisait de l'analyse technique sur du papier millimétré", dixit notre patron quand il s'agit de le présenter. Si la vigueur des marchés devait se mesurer au bronzage de Patrick – qui revient de trois semaines dans sa famille installée aux Antipodes de la France – je dirais que le beau fixe est encore de rigueur. Dans les faits, les indicateurs avancés sont quand même un peu plus pâlots que Patrick, parce que les investisseurs nourrissent quand même quelques doutes sur les conséquences de la statistique publiée hier. Comme souvent en finance, il faut que la poussière retombe un peu pour qu'émergent les tendances véritables.

Dans le reste de l'actualité, Joe Biden a nommé, comme les rumeurs le laissaient entendre, la vice-présidente de la Fed, Lael Brainard, comme sa principale conseillère économique. Elle quitte donc la banque centrale. La litanie des résultats d'entreprises continue avec depuis hier soir les chiffres de Carrefour, Vinci, Airbnb, Kering, Nexans, Heineken, Barclays, Ahold Delhaize et pas mal d'autres sociétés cotées. La séance sera aussi marquée par une nouvelle série d'indicateurs macroéconomiques aux Etats-Unis, qui permettront d'affiner la lecture de l'inflation de la veille. Il faudra suivre notamment les ventes de détail de janvier à 14h30. En Chine, la banque centrale a laissé son taux à un an inchangé tout en injectant des liquidités pour répondre à l'accroissement des demandes de financement. Bizarrement, la reprise chinoise a un peu disparu des radars depuis quelques jours alors qu'elle constituait un moteur du réveil des marchés actions.

En Asie Pacifique ce matin, on se montre plus prudent qu'aux Etats-Unis. Le Nikkei 225 perd 0,4% au Japon, pendant que le KOSPI coréen chute assez lourdement de 1,5%. Même le placide indice australien ASX200 se retrouve en baisse de plus de 1%. La Chine fait aussi grise mine, notamment le Hang Seng qui rend 1,5% et qui a désormais cédé plus de 10% par rapport à ses pics de janvier. Régulièrement à contrecourant, l'Inde grappille quelques points. Comme précisé plus haut, les indicateurs avancés européens augurent d'un démarrage de séance en baisse. Les "futures" américains sont, pour l'instant, eux-aussi teintés d'un rouge assez vif. Ce qui n'a pas empêché le CAC40 de gagner 0,09% à 7221 points.

Les temps forts économiques du jour

En Europe, la production industrielle de décembre sera publiée à 11h00. Aux Etats-Unis, l'indice Empire Manufacturing de février et les ventes au détail de janvier seront annoncées à 14h30, avant à 15h15 la production industrielle de janvier. A 16h00, place à l'indice NAHB des prix immobiliers de février et aux stocks d'entreprises. Tout l'agenda ici.

L'euro repart en baisse à 1,0712 USD. L'once d'or se négocie 1846 USD. Le pétrole perd du terrain, avec un Brent de Mer du Nord à 84,70 USD le baril et un brut léger américain WTI à 78,46 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte à 3,74%. Le bitcoin remonte à 22 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : Julius Bär reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 32 à 36 CHF.
  • Adyen : KBC reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 2250 à 2000 EUR.
  • Bénéteau : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 21 à 22 EUR.
  • Brenntag : Citigroup passe de neutre à acheter en visant 96 EUR.
  • Carrefour : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 19 à 21 EUR.
  • Cellnex : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 40 à 52 EUR.
  • Clariant : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 18 à 17,50 CHF.
  • Coca-Cola HBC : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2500 à 2800 GBp.
  • Danone : Bryan Garnier démarre le suivi à l'achat en visant 66 EUR.
  • Kuehne + Nagel : UBS passe d'acheter à neutre en visant 238 CHF.
  • Michelin : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 29,50 EUR.
  • Mobimo : Julius Bär passe d'acheter à conserver en visant 250 CHF.
  • Nestlé : Bryan Garnier démarre le suivi à neutre en visant 119 CHF.
  • Swiss Prime Site : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 95 à 90 CHF.
  • ThyssenKrupp : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 5,90 EUR.
  • Unilever : Bryan Garnier démarre le suivi à neutre.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Bic : hausse de 19,3% du BPA ajusté en 2022. La croissance est attendue entre 5 et 7% et la marge devrait croître cette année.
  • Carrefour : prévoit une nouvelle croissance des bénéfices cette année.
  • Kering : Gucci a encore souffert au T4 avec une contraction plus forte que prévu de ses revenus, mais 2023 démarre mieux.
  • Nexans : le groupe publie des résultats records en 2022, et se montre plus prudent pour 2023.
  • Vicat : cible un Ebitda 2023 au moins équivalent à celui enregistré en 2021
  • Vinci : la hausse des investissements va peser sur le cash-flow libre en 2023.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Louis Vuitton (LVMH) nomme Pharrell Williams comme designer homme. Par ailleurs, le groupe pourrait relever ses prix jusqu'à 20% en Chine et encore par ailleurs va prendre le contrôle de Château Minuty ans le Var.
  • Airbus prévoit d'augmenter la cadence de production des A350 et A330neo.
  • Ipsen, l'Université de Montréal et IRICoR étendent leur partenariat en oncologie avec la signature d'un accord de licence exclusif et deux nouveaux programmes en phase de recherche.
  • OSE Engineering (Gaztransport & Technigaz) participe au consortium HyMot pour le développement d'un moteur à hydrogène pour les véhicules utilitaires légers.
  • JCDecaux étend son partenariat avec l'aéroport international Kempegowda de Bangalore.
  • Adomos lance un nouveau programme dilutif sous forme d'OCEANE BSA.
  • Ils ont publié aussi / ils sont sur l'agenda : La Française des Jeux, Plastivaloire, Gecina, Haulotte, Klépierre, Société Foncière Lyonnaise, Nexans, Verallia, Ipsos, Carmila, Vicat, Inea, Tarkett, Bastide, Poxel

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Ahold Delhaize : la marge opérationnelle du T4 est meilleure que prévu.
  • Airbnb : le titre gagne 10% hors séance après de solides trimestriels.
  • Barclays : le bénéfice 2022 a diminué, en dépit de la progression des revenus, mais reste légèrement meilleur que prévu.
  • Heineken : les volumes de bière écoulés sont en ligne avec les attentes en 2022.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures