Sur le front de la guerre commerciale sino-américaine d’abord, l’apaisement domine après qu’une trêve dans l’escalade des tarifs douaniers et la signature d’un accord de phase 1, prévue début janvier, ont été annoncées. Dans la foulée, Pékin vient par ailleurs de baisser la taxe sur une série de produits exportés qui concernent l’ensemble de ses partenaires. De bon augure pour la suite des discussions.

Aux Etats-Unis, les membres du Comité de la FED ont revu en baisse leurs projections pour 2020 et ils sont désormais une majorité (13 sur 17) à anticiper un statu quo l’an prochain. Jerome Powell, le président de l’autorité monétaire américaine, souhaite d’abord voir l’inflation « persister » dans un contexte où le chômage a atteint son plus faible niveau en 50 ans. Toutefois les prix à la consommation ont progressé de +2.1% sur un an en novembre (contre +1.8% en octobre) et un assouplissement supplémentaire semble presque définitivement écarté au cours des douze prochains mois. L’estimation finale a en outre confirmé que la première économie mondiale a progressé de +2.1% en données annualisés au troisième trimestre.

En Europe, Christine Lagarde s’est montrée plutôt optimiste à l’occasion de sa première conférence de presse à la tête de la BCE. L’ex présidente du FMI voit des « signaux de stabilisation économique » et des « risques un peu moins prononcés ». Pourtant, les derniers indicateurs PMI font toujours état d’un secteur manufacturier sinistré par la renaissance de politiques protectionnistes, tirant l’activité privée vers sa plus faible expansion trimestrielle depuis 2013 en zone Euro.

Au Royaume-Uni, la sortie de l’UE se précise après le nouveau triomphe du populisme aux législatives et un vote au Parlement en faveur du projet de loi relatif à l’accord de divorce. La Livre subit néanmoins le nouveau caprice de Boris Johnson, fraichement revigoré par sa victoire offerte par Farage sur un plateau. Le Premier ministre souhaite en effet interdire toute extension de la période de transition, destinée à trouver un accord de libre-échange et prévue pour s’étendre jusqu’au 31 décembre 2020. Un « immense défi », selon Michel Barnier, principal négociateur pour l’UE. Une sortie sans entente commerciale serait pourtant « plus dommageable » pour Londres que pour Bruxelles d’après Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. De son côté, Nicola Sturgeon, qui dirige le Parti national Ecossais (+13 sièges), appelle le gouvernement à « négocier et accepter » l’organisation d’un nouveau référendum d’indépendance. L’Ecosse ne veut pas du Brexit.

Côté macro, les Britanniques échappent pour le moment à la récession alors que le PIB a finalement progressé de +0.4% au troisième trimestre (contre +0.3% selon la première estimation et après une contraction au T2). La banque d’Angleterre n’a pas bougé en décembre mais deux de ses neuf membres ont de nouveau voté en faveur d’une baisse de taux. L’institution se tient donc prête à intervenir en 2020, en particulier si l’inflation ne se rapproche pas de son objectif (actuellement +1.5% sur un an, un plus bas depuis fin 2016, pour une cible de 2%).

En Australie, les chiffres du chômage, particulièrement surveillés par la banque centrale, ont battu le consensus des économistes, renforçant la confiance des investisseurs dans la devise locale.

La plupart des cambistes profiteront désormais d’une pause jusqu’à la fin de l’année avant de surveiller les minutes de la FED dès le jeudi 2 janvier puis les indicateurs ISM de l’Oncle Sam (secteur manufacturier le 03/01 et secteur des services le 06/01).

Graphiquement, l’Euro termine l’année en nette recul mais a réussi à s’éloigner de ses récents points bas. Au moins provisoirement. Désormais coincée entre 1.1004 et 1.1183 USD, la monnaie unique devrait continuer de subir les divergences de politique monétaire de part et d’autre de l’Atlantique. L’année prochaine, nous continuerons d’envisager des ventes sur rebond.

Alors qu’il s’est envolé au moment du premier sondage sorti des urnes outre-Manche, le Pound a rencontré une forte résistance au contact de 1.35 USD. Désormais pénalisée par les nouvelles provocations du Premier ministre, la devise britannique dégringole de nouveau sous 1.30 USD. Volatilité exacerbée et manque de visibilité constituent un cocktail dangereux pour les spéculateurs et nous sommes actuellement neutres sur la paire.

A l’inverse, le Dollar australien confirme ses bonnes dispositions et teste actuellement un niveau important. Un franchissement de 0.6926 USD en clôture quotidienne ouvrirait en effet la voie d’une accélération au-delà de 0.70, niveau inédit depuis fin juillet dernier.

Enfin le Yen et le Franc suisse évoluent en ordre dispersé. La paire USD/JPY flirte avec des sommets de 7 mois grâce au recul de l’aversion au risque. Elle devra néanmoins effacer 109.60 JPY en clôture pour s’autoriser davantage de momentum en direction de 110.80 et 112.10. Elle reste surtout très sensible aux développements relatifs aux conflits commerciaux. De son côté le couple EUR/CHF continue d’être pressé à la baisse par un excédent commercial helvétique toujours vigoureux. Nous anticipons toutefois davantage d’interventionnisme de la Banque Nationale Suisse en 2020 afin de relâcher la pression sur les exportateurs. Nous sommes à l’achat EUR/CHF avec un premier objectif de long terme à 1.1450.