LE BOURGET, Seine-Saint-Denis, 30 mars (Reuters) - Le président des Musulmans de France (ex-UOIF) Amar Lasfar a défendu vendredi un islam facteur de paix sociale et démenti un lien entre religion et terrorisme, tout en saluant le "modèle intellectuel" du théologien Tariq Ramadan.

L'ex-Union des organisations islamiques de France (UOIF), qui a ouvert vendredi son salon annuel au Bourget, a fait émerger comme une figure d'influence le prédicateur mis en examen et écroué pour viols.

"C'est un modèle sur le plan intellectuel pour beaucoup de nos jeunes qui souhaitent être comme lui", a déclaré Amar Lasfar à la presse, fustigeant le "procès médiatique" fait selon lui à l'universitaire suisse au mépris de la présomption d'innocence.

La défense de l'islamologue était présente au salon du Bourget par le biais d'un stand de l'association "Free Tariq Ramadan" vendant ses livres et proposant aux visiteurs de signer une pétition demandant sa libération dans l'attente de son jugement.

Tariq Ramadan est notamment accusé par une ex-salafiste de l'avoir agressée en marge d'un congrès de l'UOIF en 2012.

Amar Lasfar a par ailleurs invité les musulmans de France à condamner sans réserve les attaques terroristes de Trèbes et Carcassonne (Aude) survenues il y a une semaine.

"Quand il faut dénoncer ce qui doit l'être, faites-le sans aucune réserve", a-t-il déclaré, tout en niant tout lien de cause à effet: "Le terrorisme qui nous secoue n'a rien à voir avec l'islam".

"Nous allons saluer nous aussi le héros qui a préféré donner sa vie", a-t-il poursuivi en référence au gendarme Arnaud Beltrame tué dans l'attaque. Une minute de silence est prévue samedi en hommage aux victimes des attaques.

Près de 150.000 visiteurs sont attendus au cours de la rencontre gérée par un millier de bénévoles de vendredi à lundi.

Une centaine d'intervenants et théologiens sont programmés, au côté d'une grande foire musulmane mêlant mode "pudique", conseils en finance islamique, tour-opérateurs pour vacances spirituelles en Malaisie ou en Arabie saoudite et ventes caritatives au profit de la bande de Gaza, de mosquées ou encore d'écoles religieuses sous contrat.

Reconnaissant un contexte défavorable, le président des Musulmans de France a invité les participants à "persévérer, patienter (et à) ne pas perdre leur sang-froid". (Julie Carriat, édité par Sophie Louet)