(Actualisé avec Lapid à Washington, Maison blanche)

par Nidal al-Mughrabi et Ahmed Mohamed Hassan

LE CAIRE, 8 avril (Reuters) - Le Hamas a rejeté la dernière proposition israélienne de cessez-le-feu, a déclaré lundi Ali Baraka, un responsable du mouvement palestinien, à Reuters.

Les négociateurs du Hamas, israéliens, qataris et américains ont repris dimanche leurs discussions au Caire, six mois après le déclenchement du conflit meurtrier entre le "Mouvement de résistance islamique" et l'Etat hébreu.

Les pourparlers restent dans l'impasse alors que l'isolement d'Israël va croissant sur la scène internationale face au bilan humain des opérations militaires dans l'enclave palestinienne - plus de 33.200 personnes tuées, selon le ministère de la Santé à Gaza, plus de 600 soldats israéliens morts au combat, selon Tsahal - et à la crise humanitaire qui sévit dans le territoire.

Les relations entre Israël et les Etats-Unis, son premier allié, se raidissent, singulièrement depuis la mort de sept travailleurs humanitaires étrangers dans des frappes israéliennes le 1er avril.

Le président Joe Biden a adressé jeudi dernier une mise en garde au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, soulignant que le soutien américain serait désormais conditionné à la mise en oeuvre de mesures concrètes pour protéger les civils palestiniens et les travailleurs humanitaires.

La venue au Caire du directeur de la CIA William Burns, arrivé samedi, souligne l'inflexion de l'administration américaine, qui entend accentuer la pression sur la partie israélienne.

L'annonce, dimanche, d'un retrait partiel de Tsahal du sud de la bande de Gaza a pu être interprétée comme un signe de la part d'Israël, bien que cette manoeuvre soit justifiée par la préparation d'une offensive terrestre contre la ville de Rafah.

CONCESSIONS

Une source égyptienne de haut rang, citée lundi matin par la chaîne de télévision d'Etat Al Qahera News, a déclaré que des avancées avaient été enregistrées sur l'ordre du jour des discussions, dont l'un des enjeux est la libération des 129 otages israéliens encore détenus dans la bande de Gaza après l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre.

Un responsable du Hamas a toutefois déclaré par la suite à Reuters qu'"il n'y a rien de nouveau dans les pourparlers du Caire". "Il n'y a aucun changement dans la position de l'occupant. (...) Il n'y a pas de progrès", a-t-il dit sous le sceau de l'anonymat.

Selon deux sources sécuritaires égyptiennes, les deux parties ont fait des concessions qui pourraient servir de base à un accord, lors de réunions distinctes avec les médiateurs dimanche.

Comme proposé lors des précédentes sessions, le projet d'accord s'articulerait en trois phases, avec pour préalable une trêve d'environ six semaines, la libération des otages israéliens et un cessez-le-feu à long terme étant abordés dans un second temps.

Les concessions porteraient sur la libération d'otages israéliens et le retour de civils déplacés dans le nord de Gaza, une demande du Hamas, ont rapporté les sources sans plus de détails. Le retour des populations déplacées serait supervisé par une force de sécurité arabe en présence d'éléments de l'armée israélienne qui se retireraient par la suite.

"Le plus important est que les bonnes personnes soient à la bonne place, au bon moment, pour discuter des modalités de libération des 133 otages", a réagi le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Hyman.

Le nombre de 133 inclut quatre ressortissants israéliens enlevés dans les années 2014-15.

LAPID à WASHINGTON

Le porte-parole de la Maison blanche a confirmé que William Burns avait mené des discussions "sérieuses" durant le week-end et qu'une nouvelle proposition avait été soumise à l'examen du Hamas. John Kirby a dit avoir bon espoir qu'un accord sur la libération d'otages soit trouvé, tout en se félicitant que 300 camions d'aide humanitaire aient pu entrer dimanche dans la bande de Gaza.

Le chef de l'opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid, s'est entretenu lundi à Washington avec le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, estimant à l'issue des discussions qu'un accord sur les otages restait compliqué mais faisable.

Les consultations du Caire devaient se poursuivre dans les prochaines 48 heures, selon la chaîne Al Qahera.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, s'est voulu optimiste, assurant durant le week-end que les deux camps n'avaient jamais été aussi proches d'un compromis depuis l'accord de novembre dernier, qui avait permis la libération de plusieurs dizaines d'otages en échange de prisonniers palestiniens et une trêve temporaire.

"Nous avons atteint un stade crucial dans les négociations. Si cela marche, alors un grand nombre d'otages rentreront à la maison", a-t-il assuré sur la radio de Tsahal.

Une source palestinienne proche des discussions a toutefois fait état de blocages persistants s'agissant des exigences du Hamas, qu'Israël rejette : retrait complet des troupes israéliennes de la bande de Gaza, retour des Gazaouis déplacés chez eux, et levée du blocus aérien, terrestre et maritime imposé à la bande de Gaza depuis 17 ans afin de permettre la reconstruction.

Le Hamas estime que ses demandes ont préséance sur les attentes d'Israël quant à la libération des otages, qui furent au nombre de 253 lors de l'attaque du Hamas du 7 octobre, a dit la source à Reuters sous couvert d'anonymat.

"S'agissant de l'échange des prisonniers, le Hamas a été et est prêt à être plus flexible, mais il n'y a pas de flexibilité sur ses principales revendications", a ajouté la source.

Benjamin Netanyahu a maintes fois répété qu'il ne céderait pas aux demandes "excessives" du Hamas. Toutefois, la partie israélienne a laissé entendre qu'elle pourrait autoriser le retour de populations civiles dans le nord de Gaza. (Reportage Nidal Almughrabi, Ahmed Mohamed Hassan, Dan Williams and Aidan Lewis ; Version française Kate Entringer et Sophie Louet)