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par Terray Sylvester et Steve Holland

PARADISE, Californie, 18 novembre (Reuters) - Le bilan de l'incendie qui ravage le nord de la Californie s'est alourdi à 76 morts après que les restes de cinq nouvelles victimes ont été découverts, ont annoncé samedi soir les autorités.

Le shérif du comté de Butte, Korea Honea, a déclaré que le nombre de personnes disparues était passé à 1.276, soit 265 de plus que vendredi.

Mais ce chiffre est très imprécis car il a été établi à partir de "données brutes", comme des coups de téléphone passés aux secours. Certains noms orthographiés de différentes manières pourraient aussi avoir été comptabilisés plusieurs fois et certains rescapés ne se sont pas signalés aux autorités ou à leurs familles.

Depuis vendredi, 380 personnes ont été localisées et retirées de la liste des personnes disparues. "Beaucoup de progrès ont été faits par rapport à cela, mais les données restent brutes", a dit Korea Honea en conférence de presse.

Le président Donald Trump s'est rendu dans la journée de samedi dans les ruines de la ville de Paradise, située à 280 km au nord de San Francisco, où l'incendie, baptisé "Camp Fire", s'est déclaré le 8 novembre. Les flammes ont réduit en cendres la ville de 27.000 habitants et dévasté 60.000 hectares de végétation.

Alors qu'il n'était contenu samedi qu'à 55%, il continue de menacer les habitations de près de 50.000 personnes qui restent soumises à des ordres d'évacuation.

"Personne ne pouvait imaginer qu'une telle chose se produirait", a déclaré Donald Trump en déambulant au milieu des vestiges, une casquette "USA" vissée sur le crâne.

"C'est triste à voir (...) Personne ne sait encore (combien il y a de victimes). Pour le moment, nous voulons nous occuper des gens qui ont été si durement touchés", a-t-il ajouté.

Donald Trump avait suscité la polémique le week-end dernier en imputant le sinistre à la "piètre" gestion des forêts californiennes. "Il faut y remédier maintenant, ou il n'y aura plus de subventions fédérales", avait-il averti sur Twitter.

Il a par la suite rendu hommage à l'action des pompiers et s'est rendu samedi sur les lieux avec le gouverneur Jerry Brown et le gouverneur-élu Gavin Newsom, qui ont assuré que le gouvernement fédéral faisait tout ce qui est en son pouvoir pour aider les secours.

"Je ne pense pas qu'on reverra quelque chose de cette ampleur", a dit Donald Trump. "J'espère que ça sera le dernier (incendie de cette ampleur) parce que celui-ci était vraiment, vraiment mauvais."

L'HYPOTHÈSE DE LA CHUTE D'UN CÂBLE ÉLECTRIQUE

Le bilan humain néanmoins est le plus lourd de l'histoire de la Californie. Le "Camp Fire" est aussi de l'un des incendies les plus meurtriers aux Etats-Unis depuis le début du XXe siècle, comparable au "Big Burn" qui a fait 87 morts en août 1910 dans le nord des Rocheuses.

Il reste loin du "Cloquet Fire" qui a fait 450 morts en octobre 1918 dans le Minnesota.

Dans cette région montagneuse du nord de la Californie, le feu a progressé à une vitesse éclair, poussé par le vent violent et nourri par la végétation aride après des années de sécheresse.

La pluie attendue pour la semaine prochaine devrait favoriser l'action des pompiers, venus de plusieurs Etats.

Dans le sud de la Californie, le "Woolsey Fire" a fait trois morts, près de 200.000 déplacés et a détruit plus de 500 bâtiments près de Malibu, ville côtière à l'ouest de Los Angeles.

D'après les scientifiques, la multiplication des incendies ravageurs en Californie est due à la sécheresse prolongée, qu'ils lient au réchauffement climatique.

Mais trois cabinets d'avocats représentant des victimes de l'incendie "Camp Fire" montrent du doigt la société Pacific Gas & Electric (PG&E), qu'ils accusent de défaut de maintenance et contre laquelle ils ont lancé une procédure judiciaire.

L'hypothèse de la chute d'un câble électrique a été avancée pour expliquer le départ du feu, même si PG&E a rappelé dans un communiqué que "la cause de l'incendie n'a(vait) pas encore été déterminée" de manière officielle.

Les autorités ont ouvert une enquête pour déterminer l'origine du sinistre.

Donald Trump a déclaré lundi dernier l'état de catastrophe naturelle pour le nord et le sud de la Californie, ce qui permet le déblocage d'une aide fédérale.

(avec Alex Dobuzinskis à Los Angeles et Brendan O'Brien à Milwaukee Jean Terzian, Arthur Connan et Tangi Salaün pour le service français)