Dans la continuité des Monthly House View de janvier et février de cette année, les marchés de taux continuent de dégonfler leurs anticipations de baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed). "L’économie américaine ne montre aucun signe tangible de ralentissement. Pourtant, à regarder l’évolution des taux d’intérêt sur une période de quelques mois, on a le sentiment que le monde a changé", explique Thomas Giquel, responsable de la gestion obligataire chez Indosuez Wealth Management.

"En octobre, le marché anticipait des taux courts américains à 5% fin 2024, et un taux de défaut implicite de 6% sur le high yield (haut rendement) américain. Aujourd'hui, les taux à la fin de l'année sont proches de 4,5%, et les primes de risque se sont normalisées", ajoute Thomas Giquel.

L'inflation semble se stabiliser sur un niveau aux alentours de 3%, les indicateurs avancés indiquent une ré-accélération de l'économie et le marché de l'emploi n'a pas connu de creux. "Du côté de la gestion de portefeuilles, nous continuons d'anticiper quatre baisses de taux pour cette année. À la différence des cycles de baisses de taux réalisées dans des périodes de récession, le cycle à venir pourrait être un plateau, ou des baisses de sécurité, de moindre ampleur que par le passé", souligne l'analyste.

Le resserrement des primes de risque et la baisse des taux longs dans le marché ont réalisé une partie du travail de la Fed.

"Nous avons commencé l'année en étant prudents sur les taux longs pour des raisons de valorisations, nous restons prudents, désormais pour des raisons liées au déficit budgétaire et au bruit autour des élections présidentielles américaines. Une reconstitution de la prime de terme, en l'absence de récession, est un scénario probable. La volatilité des taux longs restera durablement plus élevée que lors de la décennie 2010", observe Thomas Giquel.