GENEVE, 29 septembre (Reuters) - Les Nations unies ont décidé vendredi de constituer une commission d'enquête indépendante sur les atteintes présumées aux droits de l'homme commises au Yémen.

La résolution, fruit d'un compromis entre Etats occidentaux et arabes, a été adoptée par consensus, sans vote, par les membres du Conseil des droits de l'homme de l'Onu. Elle a été acceptée par la délégation yéménite.

Le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, à qui il incombe de choisir les experts qui formeront cette commission, réclamait depuis des années une enquête internationale indépendante sur le conflit au Yémen.

"Nous pensons que cette requête urgente ne pouvait pas être ignorée plus longtemps", a déclaré l'ambassadrice des Pays-Bas auprès du Conseil des droits de l'homme, Monique T.G. Van Daalen.

"Une enquête internationale crédible est nécessaire afin d'établir de manière exhaustive, transparente, indépendante et impartiale les faits et circonstances entourant ces violations, et ce, dans l'optique de mettre un terme au cycle de l'impunité au Yémen et de contribuer à éviter des violations ultérieures", a ajouté la diplomate, s'exprimant au nom du groupe des Etats occidentaux.

Depuis le déclenchement, en mars 2015, de l'intervention saoudienne en soutien au gouvernement yéménite, la guerre contre les rebelles Houthis, proches de l'Iran, a fait au moins 10.000 morts, dont une moitié de civils, selon des chiffres de l'Onu.

L'ONG Human Rights Watch, qui accuse la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite de crimes de guerre au Yémen , s'est félicitée de cette adoption.

"Après plus de deux ans d'impunité pour les crimes épouvantables au Yémen, ce jour pourrait constituer un tournant", a réagi John Fisher, directeur de HRW à Genève.

"Des Etats membres de l'Onu ont indiqué clairement à la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, aux forces Houthis-Saleh (ndlr, du nom de l'ex-président Ali Abdallah Saleh) et aux autres parties au conflit que le monde ne resterait plus silencieux tandis que des maisons sont bombardées, que des êtres chers sont enlevés, que leurs enfants sont tués ou mutilés par des armes d'emploi aveugle comme les bombes à fragmentation et les mines antipersonnel", ajoute-t-il dans un communiqué. (Stephanie Nebehay; Henri-Pierre André pour le service français)