par Luke Baker

BRUXELLES, 11 décembre (Reuters) - Les responsables européens sont en discussion avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pour trouver des moyens d'aider financièrement l'Ukraine si l'ex-république soviétique décide de signer un accord d'association avec l'UE.

Selon l'agence de presse russe Interfax, le Premier ministre ukrainien, Mikola Azarov, a demandé 20 milliards d'euros à Bruxelles pour compenser l'impact d'un éventuel accord commercial avec l'UE, que Kiev a renoncé de parapher comme prévu à la fin du mois dernier.

Les responsables européens ne savent pas comment Mikola Azarov est parvenu à ce chiffre mais ils supposent qu'il s'agit de l'estimation de la perte que subirait l'Ukraine dans ses échanges avec Moscou, dans l'hypothèse où elle rejetterait les avances de la Russie et signerait finalement avec Bruxelles.

Il est hors de question pour l'UE de verser 20 milliards d'euros à Kiev - Bruxelles n'a pour l'instant proposé que 610 millions d'euros. Mais la combinaison d'une aide européenne avec d'autres programmes de financement pourrait fournir à l'Ukraine la somme dont elle a besoin pour rester solvable.

Il ne s'agit pas d'"entraîner l'Ukraine hors des bras de la Russie pour l'attirer vers l'UE", assure un responsable au fait des discussions. "Il s'agit juste de faire le point auprès des diverses institutions sur les sommes en jeu, sur les programmes d'investissement qui existent déjà et sur ceux qui pourraient être activés."

Outre le FMI et la Banque mondiale, les discussions impliquent la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd).

Ces quatre institutions opèrent déjà en Ukraine, bien que le FMI ait suspendu des négociations sur une facilité de prêt "stand by", estimant que Kiev ne répondait pas à ses conditions.

La Banque mondiale prête surtout à des secteurs industriels spécifiques via sa filiale SFI (Société financière internationale) tandis que la BEI a pour mission de financer de grands projets d'infrastructure (routes, rail, électricité).

MESSAGE DE CONFIANCE

La Berd a investi neuf milliards d'euros dans le public et le privé depuis vingt ans qu'elle est présente en Ukraine.

"Nous sommes un catalyseur majeur pour les investissements étrangers directs en Ukraine", dit Anton Oussov, porte-parole de la Berd à Kiev. "Si nous disons que nous restons et que nous investissons, c'est un message de confiance fort adressé à l'ensemble de la communauté des investisseurs."

Ces discussions entre institutions financières ont débuté il y a déjà plusieurs semaines face à l'inquiétude suscitée par les problèmes économiques de l'Ukraine, en particulier un risque d'insolvabilité.

Sans aide internationale, Kiev aura du mal à honorer l'équivalent de cinq milliards d'euros de dette l'an prochain, sans compter les factures de gaz à la Russie.

La majeure partie de la dette est libellée en dollars mais doit être financée à l'aide de la monnaie locale, la hryvnia, qui est à son plus bas niveau depuis quatre ans contre la devise américaine.

L'UE étudie aussi la possibilité d'avancer les sommes qui auraient été versées sur les sept années à venir à l'Ukraine en cas de signature de l'accord d'association. Mais le versement de ces sommes - tout comme les 610 millions d'euros disponibles dès la signature - restent soumis à la conclusion d'un accord entre Kiev et le FMI.

Le FMI exige une plus grande souplesse du taux de change - pour permettre une dévaluation de la hryvnia - et la suppression des subventions sur le gaz domestique.

Selon certains responsables de l'UE, le FMI, qui campe officiellement sur ses positions, serait prêt à assouplir certaines de ses conditions. Le dossier de l'Ukraine sera discuté lors d'une réunion du FMI le 16 décembre à Washington. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser)