Je n’ai pas grand-chose de positif à communiquer ce matin. Ce n’est pas la première fois de l’année, mais là je n’ai presque plus de blagues pour faire passer la pilule. Remarquez, c’est peut-être le signe que la capitulation approche. La capitulation, c’est le moment où les nerfs des investisseurs lâchent. Elle intervient en général après une phase de pertes et des échecs de rebond successifs. En réalité, il y a plusieurs mois que les indicateurs de moral des investisseurs sont au niveau des pâquerettes, plutôt côté racines que pétales d’ailleurs. Mais paradoxalement, il y a un décalage entre ces indicateurs et le vrai comportement des financiers, qui ont du mal à se sevrer des actions. Cela tient à un combinaison de facteurs :

  • Le marché obligataire n’est pas une cachette valable puisqu’il subit un krach historique. Cela rejoint le concept "TINA" ("there is no alternative", il n'y a pas d'alternative meilleure que les actions).
  • Le sentiment "FOMO" ("fear of missing out", l'angoisse de manquer un truc important, en l'occurrence un rebond des marchés actions).
  • Des indicateurs macroéconomiques robustes qui masquent les désordres microéconomiques. Typiquement, la résistance singulière de la consommation (qu'on voit mal perdurer), le chômage extrêmement faible ou l'absence d'accident majeur sur le marché du crédit (qu'on voit mal perdurer).

Cette somme de facteurs a permis le rebond qui a eu lieu entre la mi-juin et la mi-août. Depuis, le soufflé est retombé. Au cours du mois de septembre, qu'ont fait les riches investisseurs ? Ils ont déplacé leurs billes vers des ETF défensifs et les actions des secteurs des produits de base et de la santé. C'est ce qui ressort d'une petite enquête menée par Bank of America sur ses clients privés. Cette clientèle est actuellement à 62,2% sur les actions, 19,2% sur les obligations et 11,7% liquide. La banque américaine aborde d'ailleurs le sujet de la capitulation dans le même document. De son point de vue, le krach obligataire actuel aura deux conséquences, la multiplication des "événements" de crédit (comprendre "des défauts") et des dégâts dans les placements chéris des investisseurs comme la technologie américaine, le private equity et être long sur le dollar (sur ce dernier point, ça reste à se matérialiser). "La véritable capitulation est celle des investisseurs qui vendent ce qu'ils aiment et qu'ils ont en portefeuille", souligne BofA. Ah, une dernière chose pour ajouter une note d'optimisme tactique : la banque ajoute qu'il faut guetter le moment de l'arrivée des données négatives sur l'emploi. A partir de là, la récession sera entrée dans les caboches et cela devrait profiter aux actions les plus cycliques, en prévision du prochain round de reprise économique.

On quitte la finance prospective pour se pencher sur l'actualité du jour. A commencer par la victoire électorale de l'extrême-droite en Italie, qui devrait porter à la présidence du conseil Giorgia Meloni. Il faut probablement s'attendre à des rapports plus conflictuels avec Bruxelles, ce que matérialise un nouveau plongeon de l'euro face au dollar. En Russie, des parlementaires proches du pouvoir s'inquiètent des "excès" dans la campagne de mobilisation. Après les mesures fiscales extrêmement agressives prises au Royaume-Uni pour tenter de compenser le chaos énergético-inflationniste, la livre sterling a chuté à 1,035 USD, un niveau inédit pour le "cable", l'une des paires de change les plus suivies. La chute est si prononcée que des rumeurs circulent sur un relèvement de taux en urgence de la Banque d'Angleterre dès cette semaine, hors du cadre très policé des réunions périodiques. Le genre d'événement qui ne risque pas de détendre l'atmosphère chez des financiers qui détestent l'improvisation. Dernier élément, les prix du pétrole reculent encore, ce qui est une bonne nouvelle pour l'inflation mais un peu moins pour la perception qu'ont les investisseurs des perspectives économiques.

Sur l'agenda de la semaine, il faudra slalomer entre les (nombreuses) allocutions publiques de banquiers centraux qui devraient continuer à multiplier les avertissements sur les ravages de l'inflation. Au cas où on aurait manqué l'information. Il y aura quatre indicateurs importants cette semaine. Aux Etats-Unis, les commandes de biens durables et la confiance des consommateurs (mardi) et l'inflation PCE d'août (vendredi). En Europe, l'attention se portera sur les chiffres préliminaires de l'inflation de septembre, qui seront annoncés vendredi.

L'actualité des sociétés est dominée en Europe par le bal des prétendants autour de M6 Métropole Télévision après l'échec du rapprochement avec TF1. Par ailleurs, c'est cette semaine que Volkswagen doit faire entrer Porsche en bourse, sans doute pas le choix le plus judicieux mais ce genre d'opération peut difficilement être déprogrammé sans risquer d'importants dommages réputationnels. Et puis à force de crier sur tous les toits que Porsche est la plus belle marque qui soit, Volkswagen n'a plus trop le choix.

Les marchés financiers sont encore en difficultés ce matin. L'Asie Pacifique suit la glissade occidentale de vendredi, avec des replis extrêmement marqués au Japon (-2,6% pour le Nikkei 225) et en Corée (-2,8% pour le KOSPI) et un peu plus mesurés en Inde (-1,8% pour le NIFTY) et en Australie (-1,2% pour l'ASX). Les indicateurs avancés européens sont baissiers. Le CAC40 a démarré en baisse de 0,5% mais s'est rapproché de l'équilibre quelques minutes après. 

Les temps forts économiques du jour

L'indice Ifo de confiance des milieux d'affaires allemands (11h00) et l'indice d'activité de la Fed de Chicago (14h30) sont attendus. Tout l'agenda macro ici.

L'euro poursuit sa dégringolade à 0,9638 USD. L'once d'or chute de concert à 1639 USD. Le pétrole recule, avec un Brent de Mer du Nord à 85,56 USD le baril et un brut léger américain WTI à 78,31 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans se tend à 3,74%. Le 5 ans est à 4,04% et le 2 ans à 4,25%. Le bitcoin fait de la résistance autour de 18 900 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Airbus : Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 145 à 140 EUR.
  • Anheuser-Busch Inbev: Jefferies passe d’acheter à conserver en visant 55 EUR.
  • BAE Systems: Jefferies reste à l’achat avec un objectif relevé de 960 à 1000 GBp.
  • BP Plc: J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 520 GBp.
  • Carlsberg : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 1110 DKK.
  • Computacenter: Citigroup passe de neutre à achat en visant 2450 GBp.
  • Faurecia : J.P. Morgan réduit son objectif de cours de 40 à 34 EUR.
  • Givaudan: Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 3400 CHF.
  • Medacta: Crédit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 120 à 105 CHF.
  • Novartis : UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 86 à 80 CHF.
  • Rieter: Crédit Suisse reste neutre avec un objectif réduit de 121 à 100 CHF.
  • Securitas : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif réduit de 159 à 137 SEK.
  • Soprano: Inderes passe de vendre à alléger en visant 0,82 EUR.
  • Symrise: Morgan Stanley passe de neutre à souspondérer en visant 91 EUR.
  • Thales: Jefferies reste à l’achat avec un objectif réduit de 145 à 135 EUR.
  • TotalEnergies: J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 62 EUR.
  • Unilever : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 55,50 EUR.
  • Valeo : J.P. Morgan réduit son objectif de cours de 25 à 20 EUR.
  • Varta: Goldman Sachs passe d’achat à neutre en visant 50 EUR. J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 45 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • TotalEnergies réalise un investissement majeur de 1,5 Md$ dans le gaz au Qatar.
  • Le CEO d'Airbus réaffirme sa confiance dans l'objectif de production de 2025.
  • Eurofins cède son activité "Digital Testing" à Stirling Square pour 220 M€.
  • Alstom remporte un contrat de 116 millions d'euros en Italie.
  • Un consortium emmené par Stéphane Courbit proposerait 20 EUR par action M6 Métropole Télévision à RTL Group en vue d'un rachat, selon Bloomberg. Daniel Kretinsky serait aussi sur les rangs, ainsi que MFE-MediaforEurope.
  • Ramsay Générale de Santé a pris note de l'arrêt des discussions de rachat entre son propriétaire Ramsay Health Care et le consortium mené par KKR.
  • Valneva ne poursuivra le développement d'un vaccin de deuxième génération contre la COVID-19 que si les négociations de financement en cours aboutissent.
  • Biosynex lance une OPA amicale à 2,30 EUR par action Theradiag.
  • Vers une OPA à 0,19 EUR sur les actions Atari, déposée par Irata, qui n'a pas l'intention de retirer le dossier de la cote. L'opération est soutenue par le PDG et par le conseil d'administration.
  • Capelli monte un projet de requalification urbaine pour le nouveau siège de la CPAM de Bordeaux.
  • Vergnet monte un financement dilutif par OCABSA avec Negma.
  • Egide lève 1 M€ via un placement obligataire avec Vatel Capital. Le groupe a en parallèle demandé au bailleur de fonds des filiales Egide USA et Santier un report de 3 mois des échéances le temps de négocier avec Gibraltar Capital.
  • Augros, Soditech et Lysogène ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Volkswagen lance Porsche en bourse jeudi.
  • L'Italie et Intel choisissent la Vénétie comme région de prédilection pour une nouvelle usine de puces.
  • PG&E va remplacer Citrix dans le S&P500. EQT Corp prendra la place de Duke Realty.
  • Glencore condamné à une amende de 486 M$ pour son système de manipulation du marché américain.
  • La direction de Credit Suisse a publié un mémo interne pour tenter de rassurer ses employés après les rumeurs récentes.
  • RWE signe un partenariat avec ADNOC pour l'approvisionnement en GNL.
  • Vodafone envisage de vendre sa participation dans Vantage Towers.
  • Le directeur financier sortant du groupe Burberry occupera le même poste chez GSK.
  • Justin Boxford nommé président mondial de la marque The Estée Lauder.
  • AstraZeneca abandonne le médicament contre le cholestérol de Ionis après avoir échoué à atteindre le seuil d'efficacité dans l'étude de phase II.
  • TPG ferme son SPAC TPG Pace Beneficial Finance Corp et rembourse les investisseurs faute de placement intéressant.
  • Givaudan se joint à LanzaTech pour fabriquer des ingrédients de parfumerie à partir de carbone renouvelable.
  • Principales publications du jour : Quadient, Leclanché… Tout l'agenda ici.

Lectures