Londres (awp/afp) - L'inflation a accéléré à 10,1% sur douze mois au Royaume-Uni, au sommet en 40 ans et la plus forte des pays du G7, ce qui en fait le principal problème pour la Banque d'Angleterre et pour le gouvernement de Liz Truss.

"Après la petite baisse du mois dernier" quand elle se situait à 9,9%, l'inflation est retournée à ses sommets du début de l'été", remarque Darren Morgan, directeur des statistiques économiques de l'Office nationale des statistiques (ONS).

Il note toutefois que si l'inflation reste "à un niveau historiquement élevé, les coûts auxquels sont confrontés les entreprises commencent toutefois à ralentir", notamment grâce à un net repli des cours du pétrole brut.

L'alimentation et les prix des hôtels comptent parmi les principales causes de l'envolée des prix sur un an en septembre, atténuée par une baisse des coûts de l'essence, des billets aériens, tandis que les voitures d'occasion ont moins augmenté que les années précédentes.

"L'inflation reste le principal problème économique pour la Banque d'Angleterre et le gouvernement", relève Victoria Scholar, analyste de Interactive Investor.

"Sans stabilité des prix, la crise du coût de la vie va continuer à peser sur l'économie en écrasant le budget des ménages comme les marges des entreprises", ajoute-t-elle.

Le niveau de la hausse des prix, qui pousse à des choix difficiles concernant l'indexation des prestations sociales, salaires des fonctionnaires ou retraites, complique encore la tâche de la Première ministre Liz Truss, contrainte désormais à la rigueur.

Cette dernière lutte pour sa survie politique après un plan budgétaire présenté le 23 septembre qui a mis le feu aux marchés financiers et l'a forcée à un humiliant et drastique revirement.

"Je comprends que les familles à travers le pays ont du mal à faire face à la hausse des prix et aux factures d'énergie en hausse" a réagi mercredi le tout nouveau ministre des Finances, Jeremy Hunt.

"Ce gouvernement donne la priorité aux plus vulnérables tout en apportant de la stabilité économique et en menant vers une croissance de long terme souhaitée par tous", a voulu assurer M. Hunt dans sa déclaration.

"Anxiété des familles"

Il a été nommé dans l'urgence vendredi par Liz Truss après le fiasco de son projet budgétaire alliant baisses d'impôts tous azimuts et soutien massif aux factures de l'énergie, qui devait être financé uniquement par la dette en pleine poussée des taux.

Jugé comme inflationniste à moyen terme et susceptible de faire déraper dangereusement les finances publiques, il a fait fuir les investisseurs.

La livre a chuté à son plus bas historique et les coûts d'emprunt de l'Etat britannique ont décollé, ce qui s'est répercuté sur les taux de crédit immobilier et aux entreprises, alors qu'ils étaient déjà en très forte hausse.

La Banque d'Angleterre, déjà en plein cycle de resserrement des taux d'intérêt pour tenter de ramener l'inflation à son objectif de 2%, a laissé entendre qu'elle devrait resserrer d'autant ses taux lors de sa prochaine réunion le 3 novembre. Ce qui devrait encore plus doucher l'économie britannique, déjà au bord de la récession.

Dès lundi, Jeremy Hunt avait jeté aux orties l'essentiel du plan budgétaire de Truss et de son ex-chancelier de l'Echiquier Kwasi Kwarteng, annulant la plupart des baisses d'impôts et raccourcissant la durée des aides aux factures énergétiques.

Il a averti de décisions "très dures" à venir sur les dépenses publiques, laissant planer le spectre d'un retour de l'austérité dans le pays déjà marqué par des années de coupes sévères dans les services publics après la crise financière de 2008.

La livre reculait de 0,42% à 1,1274 dollar mercredi vers 07H20 GMT en réaction aux chiffres de l'inflation.

La responsable travailliste des questions économiques Rachel Reeves a pour sa part fustigé des chiffres de l'inflation "qui ajoutent à l'anxiété des familles".

Le pays traverse "une crise générée par les Conservateurs (...) mais payée par les travailleurs", a-t-elle ajouté.

Mardi, la secrétaire générale de la fédération de syndicats TUC avait déclaré que le Royaume-Uni traverse "la plus longue période de baisse des salaires réels", mangés par l'inflation, "depuis les temps napoléoniens", et est "parti pour deux décennies perdues de niveau de vie".

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