SAN FRANCISCO, 27 août (Reuters) - La diminution de l'écart entre les coûts d'emprunt à court et long termes aux Etats-Unis pourrait être le signe d'un risque accru de récession de l'économie américaine, écrivent des chercheurs de la Réserve fédérale de San Francisco dans une étude publiée lundi.

Cette étude se fonde sur une analyse approfondie de l'écart entre les rendements des emprunts du Trésor américain à trois mois et 10 ans, qui s'est réduit ces derniers mois.

Plusieurs responsables de la Fed citent cet aplatissement de la courbe des taux comme un élément susceptible de justifier un arrêt de la politique de relèvement des taux d'intérêt suivie depuis fin 2015 par la banque centrale américaine. Historiquement, chaque fois que cette courbe s'inverse, c'est-à-dire que les taux courts passent au-dessus des taux longs, une récession économique suit.

"A la lumière des preuves relatives à sa puissance prédictive pour les récessions, l'évolution récente de la courbe des taux donne à penser que le risque d'une récession pourrait être en train d'augmenter", écrivent Michael Bauer et Thomas Mertens, conseillers en recherches de la Fed de San Francisco.

Ils soulignent cependant que "l'aplatissement de la courbe des taux ne fournit aucun signe de récession imminente" car les taux longs sont actuellement toujours supérieurs aux taux courts.

Le rendement des emprunts du Trésor à 10 ans était lundi environ trois quarts de point de pourcentage au-dessus de celui du papier à trois mois.

La courbe reste ainsi à distance "confortable" d'une inversion effective, qui constitue le véritable signe annonciateur d'une récession, poursuivent les auteurs de l'étude.

La Fed prévoit encore deux hausses de taux cette année et trois en 2019. Les marchés n'en anticipent pour leur part qu'une seule l'année prochaine.

D'autres économistes, aussi bien au sein de la Fed qu'à l'extérieur, pensent que les rachats massifs d'obligations effectués par la Réserve fédérale et d'autres grandes banques centrales à travers le monde après la crise financière de 2007-2009 doivent conduire à douter du caractère toujours prédictif d'une inversion de la courbe des taux quant à l'évolution de l'économie réelle. Ils expliquent que cette accumulation de titres au bilan des banques centrales peut peser sur les rendements à long terme.

De même, l'attrait aux yeux des investisseurs de la dette américaine, jugée faiblement risquée, peut aussi contribuer à freiner les rendements des Treasuries de long terme et à déformer la courbe des taux, la rendant ainsi moins fiable en tant qu'indicateur d'une récession à venir.

(Ann Saphir Bertrand Boucey pour le service français)