Retenez bien le mot de la semaine, c'est skip. Et, non, je n'ai pas cédé à la pression du placement produit pour arrondir mes fins de mois en faisant la promo d'une marque de lessive. Surtout pas d'une marque de lessive qui utilise comme phrase d'accroche "Chez Skip, nous pensons que chaque tache peut être synonyme d’un moment de joie et de partage, d’un challenge réussi, ou d’une nouvelle aventure". Personnellement, je pense que cette narration mièvre à souhait est incompatible avec une grosse auréole de transpiration sous les bras ou une traînée de ketchup sur une chemise blanche, mais je dois manquer d'imagination. Non, le skip du jour, ou plutôt de la semaine, c'est celui de la banque centrale américaine et il doit être pris dans sa traduction littérale : le fait de sauter. Pas de sauter comme Skippy le Kangourou (qui n'a pas très bien vieilli, comme on pouvait s'y attendre) ou comme Mat de Skip the Use (bon réveil dynamique), mais plutôt de passer son tour.

Les financiers pensent en effet que la Fed va skipper un relèvement de taux le 14 juin à l'issue de sa réunion de politique monétaire (PS : mea culpa, j'ai dit que c'était le 15 juin la semaine dernière). La probabilité d'un tel scénario atteint environ 75% sur la base des contrats à terme sur les taux, contre 25% pour une hausse de taux d'un quart de point. Cela constituerait un signal de plus que la banque centrale est proche de son pic de cycle. Les investisseurs guettent ce moment puisqu'il les rapproche du retour à une politique monétaire plus favorable, c’est-à-dire où l'argent recommencera à coûter moins cher, ce qui est plus rassurant pour la prise de risque, et souvent plus rémunérateur en bourse.

Cette décision de la Fed est le point d'orgue de la semaine. Il faudra quand même compter sur un élément perturbateur potentiel mardi, quand l'office statistique américain publiera les chiffres de l'inflation de mai. Le scénario dominant table sur une poursuite de la modération, mais un dérapage haussier pourrait crisper le marché et entraîner quelques révisions de probabilité. A contrario, si la surchauffe des prix venait à ralentir plus fort que prévu, le skipping de juin serait conforté et la spéculation reprendrait de plus belle sur les intentions de la Fed en juillet.

La BCE est aussi sur le pont cette semaine, le 15 juin. Christine Lagarde et ses troupes devraient serrer la vis d'un quart de point. Les économistes estiment en général que le pic de taux européen interviendra à la fin du mois prochain, après deux relèvements en juin et en juillet. Ça c'est pour la théorie. Reste à voir si elle résistera aux impondérables du début de l'été. Et jamais deux sans trois : la Banque du Japon mettra elle aussi à jour sa politique monétaire, dans la nuit de jeudi à vendredi.

La semaine précédente s'est achevée en baisse en Europe et en hausse aux Etats-Unis sur les marchés actions. Le biais européen des investisseurs a l'air de s'être évaporé. Ils ne jurent à nouveau plus que par les Etats-Unis (et le Japon). Le S&P500 a bouclé une quatrième semaine consécutive dans le vert et a fait son entrée officielle en marché haussier, après avoir repris plus de 20% en quelques mois. Théoriquement, un marché haussier appelle une poursuite de la hausse. Statistiquement, il n'y a jamais eu autant de positions ouvertes contre le S&P500 depuis 2007 du côté des Hedge Funds. Dans le Financial Times, Robert Armstrong écrivait vendredi que l'interprétation n'est pas aussi aisée qu'on peut le penser : après tout, des options de vente permettent de spéculer à la baisse, mais aussi de couvrir des positions qui, pour le coup, sont toujours en portefeuille.

Quelques nouvelles du weekend pour compléter :

  • Ça brasse toujours dans le microcosme politique britannique. L'ex-cheffe de file écossaise Nicola Sturgeon a été arrêtée dans l'enquête sur le financement du Parti national écossais. Pendant ce temps, Boris Johnson a démissionné de son mandat de député. Bloomberg signe un papier intéressant sur la perte de crédibilité internationale que suscite le drama politique britannique.
  • Le milliardaire George Soros a cédé les rênes de son empire à son fils Alexander, 37 ans.
  • Ça brasse toujours pas mal autour du dossier Odey AM.
  • Les cours du pétrole ont chuté, avec un baril WTI qui est repassé sous la barre des 70 USD, en dépit des annonces récentes de l'Opep+ sur une réduction de sa production en juillet. La principale explication : l'électroencéphalogramme plat de l'économie chinoise.
  • UBS a scellé le rachat du Crédit Suisse. L'opération crée un géant de la Confédération, mais c'est une victoire à la Pyrrhus pour la place financière suisse, forcée de bricoler un sauvetage national pour éviter l'humiliation d'une faillite bancaire majeure.

Du côté des marchés orientaux, Tokyo poursuit sa reprise en gagnant 0,7% du côté du Nikkei 225. La Chine perd du terrain à Hong Kong (-0,4%) mais tient le choc à Shanghai (+0,1%). L'Australie et l'Inde sont en légère hausse d'environ 0,3%. En Corée du Sud, le KOSPI perd 0,4% en fin de parcours. L'Europe est attendue en hausse, pour combler l'écart avec la clôture américaine de vendredi. Le CAC40 a démarré la séance en hausse de 0,48% à 7247 points.

En référence au chapeau, un peu d'Anarchy in UK pour terminer. 

Les temps forts économiques du jour

Il n'y aura pas de publication majeure sur les marchés occidentaux aujourd'hui. Le Japon a annoncé plus tôt ce matin que ses prix à la production ont progressé de 5,1% sur un an, ce qui est élevé mais inférieur aux attentes (5,6%). Tout l'agenda ici.

L'euro se stabilise autour de 1,0740 USD. L'once d'or se négocie 1956 USD. Le pétrole recule, avec un Brent de Mer du Nord à 73,88 USD le baril et un brut léger américain WTI à 69,34 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans s'établit à 3,75%. Le bitcoin baisse à 25 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Accor : Stifel reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 39 à 35 EUR.
  • Adecco : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 35 à 30 CHF.
  • Adidas : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 155 à 190 EUR.
  • Adyen : Oddo BHF reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 1800 à 1900 EUR.
  • Anheuser-Busch InBev : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 62 à 56 EUR.
  • Burckhardt : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 500 à 550 CHF.
  • Cellnex : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 52 à 49 EUR.
  • CompuGroup : Berenberg de passe d'acheter à conserver en visant 56 EUR.
  • Covivio : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 70,20 à 59,10 EUR.
  • Croda : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 7000 à 8200 GBp.
  • Danske Bank : Arctic Securities reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 180 à 205 DKK.
  • Dufry : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 57 à 60 CHF.
  • ENI : Mediobanca reste neutre avec un objectif de cours réduit de 15 à 14 EUR.
  • Gecina : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 116,60 à 109,10 EUR.
  • Icade : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 43 EUR
  • J Sainsbury : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 240 à 285 GBp.
  • Kindred : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 95 à 130 SEK.
  • Klépierre : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 27,30 à 28,40 EUR.
  • ME Group : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 200 GBp.
  • Neoen : Mediobanca démarre le suivi à neutre en visant 29 EUR.
  • NH Hotel : Oddo BHF passe de neutre à sousperformance en visant 3,80 EUR.
  • Ocado : BNP Paribas Exane passe de sousperformance à neutre en visant 362 GBp.
  • Orsted : DZ Bank reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 630 à 680 DKK.
  • Randstad : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 42 à 37 EUR.
  • Repsol : Mediobanca reste neutre avec un objectif de cours relevé de 15 à 16 EUR.
  • Sika : BNP Paribas Exane reste neutre avec un objectif de cours relevé de 276,50 à 279 CHF.
  • Telecom Italia : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 0,387 à 0,382 EUR.
  • Unibail : Goldman Sachs passe de neutre à acheter en visant 63 EUR.
  • Verbund : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 73 à 70 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Vivendi a été autorisé par la Commission européenne à absorber son ancien rival Lagardère, à condition de céder sa filiale édition et le magazine Gala.
  • Auchan pas insensible aux charmes de Casino, mais pas tout de suite.
  • Antin Infrastructure Partners soumet une offre amicale de 866 M€ pour l'espagnol Opdenergy, soit 5,85 EUR par action (vs. 4 EUR actuellement).
  • Ipsen présente lors du Congrès EASL 2023 de nouvelles données cliniques et les résultats d'outils d'évaluation par les patients issus de son portefeuille dans les maladies rares du foie.
  • Biosynex rachète le solde des actions ProciseDx qu'il ne détient pas à Nestlé Health Science et aux autres actionnaires.
  • Erytech brandit la menace d'une liquidation en cas d'échec du projet avec Pherecydes, contesté par Akkadian.
  • Lhyfe et Capital Energy s’associent pour produire de l’hydrogène vert en mer à partir de parcs éoliens offshore situés au large de l’Espagne et du Portugal.
  • Enogia sélectionné par un consortium coréen dans le cadre d’un projet de décarbonation du transport maritime.
  • Don't Nod présente JUSANT, un nouveau jeu d’escalade, action et puzzle lors du Xbox Games Showcase.
  • Vergnet signe un contrat de 1,6 M€.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Ecomiam, Ecoslops

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • UBS finalise le rachat de Crédit Suisse.
  • ON Semiconductor va remplacer Rivian dans le Nasdaq 100.
  • Georg Fischer propose de racheter Uponor à 28,85 EUR l'action.
  • Les vendeurs à découvert de l'action Tesla ont perdu environ 6,1 Mds$ depuis le début de la phase haussière actuelle, selon les données de S3 Partners.
  • Le fabricant de produits chimiques Chase envisage une vente et suscite l'intérêt de sociétés de capital-investissement, selon le WSJ.
  • Novartis rachète Chinook Therapeutics pour 3,2 Mds$.
  • Novo Nordisk va investir 2,3 Mds$ au Danemark pour étendre ses capacités de production.
  • Labcorp va scinder son unité de développement clinique Fortrea et la faire coter sur le Nasdaq.
  • Ahold Delhaize a atteint "environ la moitié" de son objectif d'augmenter les revenus des activités hors épicerie à 1 Md€ d'ici 2025, a déclaré le PDG Frans Muller à Reuters.
  • BioNTech fait face à des centaines de demandes d'indemnisation en Allemagne pour le vaccin Covid-19.
  • Le patron de Rheinmetall estime que la valeur de l'entreprise du groupe de défense augmentera sensiblement dans les années à venir.
  • Traton, la filiale camions de Volkswagen, s'attend à des coûts supplémentaires de plusieurs milliards d'euros pour la norme antipollution Euro 7.
  • Twitter a refusé de payer ses factures Google Cloud alors que son contrat doit être renouvelé ce mois-ci, a rapporté Platformer.
  • La France veut réformer la fiscalité d'AirBnB.
  • Morgan Stanley Infrastructure sur le point de racheter l'unité de gestion des déchets de Sacyr, selon Reuters.
  • En Australie, Westpac va licencier 300 employés dans ses services aux entreprises et aux particuliers, selon un syndicat.
  • Le CEO d'Illumina démissionne.
  • Le consortium rival de KKR et CDP soumet de nouvelles offres pour le réseau de Telecom Italia.
  • Le groupe d'experts de la FDA soutient l'approbation traditionnelle du Leqembi, un médicament d'Eisai et de Biogen contre la maladie d'Alzheimer.
  • Les principales publications du jour : Oracle, Catalent, L'OccitaneTout l'agenda ici.

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