(Actualisé avec maintien des exportations à leur niveau normal, § 2)

DUBAI, 15 septembre (Reuters) - La production de pétrole saoudienne, réduite de moitié après des attaques de drones des Houthis yéménites samedi contre deux installations stratégiques de la compagnie Aramco, ne devrait pas revenir à la normale avant "des semaines plutôt que des jours", a déclaré dimanche à Reuters une source au fait de la situation.

Selon une autre source du secteur, les exportations en revanche ne seront pas affectées la semaine prochaine, Aramco disposant des réserves suffisantes pour faire face à la demande des marchés.

Reconnaissant le sérieux des attaques, qui ont notamment visé le plus grand site mondial de transformation de brut, à Abkaïk, les autorités de Ryad n'ont avancé aucun délai avant la reprise de la production.

Aramco n'a pas non plus fourni de calendrier de retour à la normale, se contentant de dire tôt dimanche matin qu'elle ferait dans environ 48 heures un nouvel état des lieux.

Selon le ministre de l'Energie, le prince Abdelaziz ben Salman, cité samedi par l'agence officielle SPA, quelque 5,7 millions de barils par jour sont concernés par l'interruption partielle, soit près de la moitié de la production saoudienne, ou 5% du commerce quotidien mondial du pétrole.

La Bourse de Ryad a ouvert en baisse de 2,3% dimanche, mais elle a par la suite réduit une partie de ses pertes. Les experts s'attendent à ce que les prix du baril de pétrole bondissent de 3 à 5 dollars lundi à l'ouverture du marché.

"Abkaïk est le centre névralgique du système énergétique saoudien. Même si les exportations devaient reprendre sous 24 à 48 heures, son image d'invulnérabilité est grandement affectée", a déclaré à Reuters Helima Croft, stratégiste en chef chez RBC Capital Markets.

RÉSERVES STRATÉGIQUES

Pour rassurer les marchés, la conseillère de la Maison blanche Kellyanne Conway a déclaré sur Fox News que les Etats-Unis étaient prêts à puiser dans leurs réserves stratégiques de pétrole pour compenser la baisse de production saoudienne.

Dans un contexte de tensions dans le Golfe, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a imputé dès samedi les attaques à Téhéran, qui a rejeté cette mise en cause et accusé Washington de chercher des prétextes pour partir en guerre.

"Les Etats-Unis et leurs clients sont enlisés au Yémen en raison de l'illusion que la supériorité militaire conduit à la victoire. Accuser l'Iran ne mettra pas fin à ce désastre", a commenté le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif.

Pour autant, la Maison blanche n'exclut pas l'éventualité d'une possible rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani en marge de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, qui s'ouvre la semaine prochaine à New York.

Les attaques contre Aramco, a dit Kellyanne Conway sur Fox, "ne facilitent pas" cette perspective mais ne la condamnent pas. "Je laisserai le président annoncer une rencontre ou non", a-t-elle dit.

Fin août, lors du sommet du G7 à Biarritz, le président américain a déclaré qu'il était prêt à rencontrer Hassan Rohani "quand les circonstances seront réunies".

Les attaques de samedi ont été revendiquées par les rebelles yéménites Houthis, alliés de l'Iran, contre lesquels l'Arabie saoudite et ses alliés arabes sunnites interviennent militairement depuis 2015.

La France a condamné des attaques qui ne peuvent "qu'aggraver les tensions et les risques de conflit dans la région" et assuré l'Arabie saoudite de sa "pleine solidarité" sans pour autant désigner de coupable.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a condamné lui aussi ces attaques mais appelé dans le même temps toutes les parties à faire preuve d'une "retenue maximale".

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CHRONOLOGIE Le Golfe sous tension (Rania El Gamal et Parisa Hafezi, avec Doina Chiacu à Washington Tangi Salaün pour le service français, édité par Henri-Pierre André)