Voici plusieurs scénarios possibles pour le type de gouvernement qui pourrait émerger, en fonction des récents sondages et de la performance relative des partis lors du scrutin.

COALITION DE LA DROITE DURE

Le Parti de la liberté anti-immigration de Geert Wilders étant considéré comme le grand vainqueur, il tentera probablement de former un gouvernement avec le parti conservateur VVD de l'ancien Premier ministre Mark Rutte et le parti centriste "Nouveau contrat social".

Ces trois partis ont fait campagne sur la nécessité de limiter l'immigration et ont déclaré qu'ils pourraient être disposés à demander des dérogations aux accords de l'Union européenne sur l'accueil des demandeurs d'asile et sur les politiques environnementales.

Les négociations seraient difficiles, car le nouveau dirigeant du VVD, Dilan Yesilgoz, et le dirigeant du NSC, Pieter Omtzigt, ont tous deux déclaré que les positions extrêmes de M. Wilders, notamment sa volonté d'interdire totalement les mosquées et les corans aux Pays-Bas, rendraient impossible la formation d'un gouvernement avec lui. Wilder a également déclaré par le passé qu'il voulait quitter l'Union européenne et fermer les frontières néerlandaises.

Le dirigeant travailliste Frans Timmermans a exclu de travailler avec Wilders.

Toutefois, au cours de la dernière campagne, M. Wilders s'est montré plus pragmatique, affirmant qu'il comprenait qu'il devrait faire d'importants sacrifices pour entrer au gouvernement. Sa politique étrangère pourrait être moins favorable à l'UE, moins pro-Ukraine et plus pro-Israël.

D'après les sondages de sortie des urnes, cette combinaison disposerait de 79 sièges sur les 150 que compte le Parlement.

COALITION À LARGE MAJORITÉ

Mme Yesilgoz dispose d'autres options si les négociations en vue de former une coalition de droite dure échouent. Elle pourrait chercher à former un gouvernement de centre-droit avec le NSC et la combinaison travailliste/gauche verte dirigée par l'ancien chef de la politique climatique de l'UE, M. Timmermans.

Avec 69 sièges, cette combinaison n'aurait pas de majorité et se tournerait probablement vers l'un des petits partis libéraux.

Mais les négociations seraient difficiles, car Yesilgoz et Timmermans ont fait campagne sur les différences entre leurs deux partis. Omtzigt a indiqué qu'il pourrait travailler avec les deux.

Les deux parties devront faire des sacrifices et des compromis importants.

L'un des principaux points de discorde serait l'objectif des travaillistes et des verts d'augmenter considérablement l'impôt sur la fortune et les bénéfices en échange d'une baisse de l'impôt sur le revenu, une idée à laquelle le VVD, favorable aux entreprises, s'est fermement opposé.

Un accord sur la limitation de l'immigration pourrait également s'avérer compliqué. Les trois partis visent à limiter l'immigration de main-d'œuvre, mais les partis de gauche cherchent à adopter un ton beaucoup plus souple que le VVD en ce qui concerne les demandeurs d'asile. Les partis de gauche seraient plus enclins à limiter l'immigration de main-d'œuvre peu qualifiée.

Une large coalition serait plus disposée à investir dans la transition énergétique qu'un gouvernement de droite.

MINORITÉ CENTRISTE

Les Pays-Bas sont traditionnellement gouvernés par des coalitions majoritaires. Toutefois, étant donné qu'aucun parti n'obtient plus de 25 % des voix, un gouvernement minoritaire est également une option qui a fonctionné dans le passé.

Le VVD et le NSC pourraient se mettre d'accord sur un projet de gouvernement de base, pour lequel ils chercheraient à obtenir des majorités avec le soutien extérieur de la gauche et de la droite sur différentes questions.

Pour les questions d'immigration, ils pourraient rechercher une alliance conservatrice avec le PVV et d'autres partis de droite, tandis que pour les politiques climatiques, ils pourraient rechercher le soutien de la gauche.

M. Omtzigt a déclaré qu'il serait favorable à cette configuration, car elle empêcherait les partis de s'en tenir rigidement à des plans préétablis. Toutefois, le VVD a déclaré que ce type de gouvernement était intrinsèquement instable et qu'il ne constituait pas une option privilégiée.

PROCESSUS :

Les pourparlers commenceront par la nomination, vendredi, d'un "explorateur", une personne extérieure au monde politique qui entendra chaque parti exposer les possibilités qu'il entrevoit et qu'il préfère.

Les négociations sur la coalition jugée la plus probable débuteront ensuite et devraient se poursuivre jusqu'en 2024.

La formation du dernier gouvernement, le quatrième consécutif de M. Rutte depuis qu'il est devenu premier ministre en 2010, a été la plus longue de l'histoire, avec un total de neuf mois.