L'entourage de la ministre de l'Economie a fait savoir qu'elle donnerait une conférence de presse "importante" au ministère à 11h45 (09h45 GMT).

Soutenue par l'Union européenne, Christine Lagarde remplacerait à Washington Dominique Strauss-Kahn, inculpé pour tentative de viol à New York.

Plusieurs pays émergents souhaitent toutefois rompre avec la tradition selon laquelle le poste de directeur général du FMI revient à un Européen. Selon eux, le poste doit être attribué en fonction des qualités des candidats et non de leur nationalité.

Ils souhaitent en outre que leur poids croissant dans l'économie mondiale se reflète dans les institutions internationales.

Dans le premier communiqué conjoint diffusé à ce sujet par leurs représentants au FMI, les pays regroupés au sein du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) réclament d'"abandonner cette règle obsolète et non écrite selon laquelle le chef du FMI doit être européen".

Quelques heures avant la publication de ce communiqué, François Baroin, le ministre français du Budget, avait pourtant déclaré que la Chine soutenait la candidature de Christine Lagarde.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a dit ne pas avoir de commentaires à formuler à ce sujet.

La volonté de changement des pays émergents risque toutefois de se heurter à leur incapacité à s'entendre sur un candidat commun, à la différence des Européens.

MENACE

Agustin Carstens, gouverneur de la banque centrale du Mexique, affirme que plusieurs pays ont accueilli favorablement sa candidature tandis que l'Afrique du Sud et le Kazakhstan, soutenu par la Russie, pourraient présenter leurs propres candidats.

Le FMI doit établir une liste finale de trois candidats puis désigner son prochain directeur général d'ici le 30 juin.

Depuis la démission de Dominique Strauss-Kahn, les Européens ont clairement fait savoir qu'ils entendaient conserver ce poste à un moment où le FMI est fortement impliqué dans les efforts de règlement de la crise de la dette dans la zone euro.

Selon certaines sources à Washington, les Etats-Unis vont soutenir la candidature européenne et préserver ainsi une tradition qui leur permet de diriger la Banque mondiale.

Ensemble, les Etats-Unis et les pays européens peuvent imposer leur choix au FMI mais le soutien de quelques pays émergents permettrait d'éviter une polémique sur la désignation du futur patron du Fonds.

Une menace pèse toutefois sur une éventuelle candidature de Christine Lagarde. La ministre française de l'Economie est menacée d'une enquête judiciaire pour son rôle dans un arbitrage rendu en faveur de l'homme d'affaires Bernard Tapie au sujet des conditions de la revente d'Adidas en 1993.

La commission des requêtes de la Cour de justice de la République pourrait rendre une décision à ce sujet le 10 juin, jour de clôture des candidatures au FMI.

Julien Toyer, Nicolas Delame et Bertrand Boucey pour le service français