Alors que l'agence de notation Moody's a estimé en fin de semaine dernière que le CIF - qui dépend exclusivement des marchés pour se financer - n'était désormais plus viable sans soutien financier, les pouvoirs publics s'efforcent de stabiliser la situation de l'établissement pour éviter une faillite.

La piste d'une nationalisation ou d'un adossement du CIF à La Banque postale est évoquée.

"C'est une situation difficile", commente un banquier parisien sous couvert d'anonymat. "Il est dans l'intérêt de la communauté bancaire française de trouver une solution pour reprendre le CIF rapidement et proprement."

"Quand vous laissez une banque faire faillite, les gens commencent toujours à se demander laquelle sera la prochaine sur la liste", indique un autre banquier basé à Paris, jugeant qu'il est difficile d'évaluer l'ampleur des dégâts financiers en cas de faillite.

Le CIF, spécialisé dans le crédit immobilier, est considéré comme une banque de niche avec 2.500 employés et, à fin juin 2011, un total de bilan de 41,6 milliards d'euros et 33 milliards d'encours brut de crédit.

"PERSONNE AU PORTILLON"

Si la Banque de France a assuré en début de semaine dernière que le CIF avait une solvabilité satisfaisante, son gouverneur Christian Noyer a néanmoins indiqué que les autorités françaises s'efforçaient de lui trouver une "solution pérenne".

"La solution pérenne serait un adossement mais personne ne se rue au portillon", commente Christophe Nijdam, analyste chez Alphavalue. "Il y aurait un adossement naturel avec La Banque postale, mais je n'ai pas l'impression que La Banque postale le souhaite car elle est embourbée dans la négociation avec le Crédit local de France (filiale française de Dexia, NDLR)."

Une porte-parole de La Poste s'est à nouveau refusée lundi à tout commentaire.

La filiale bancaire du groupe La Poste négocie déjà actuellement la reprise des activités de financement des collectivités locales de Dexia.

Des analystes relativisent toutefois la portée des difficultés du CIF, rappelant que la taille du bilan de Dexia, de quelque 400 milliards d'euros à fin 2011, présente plus de dangers.

"Le dossier CIF est 'gérable' en termes de financement, alors que sur Dexia les sommes en jeu sont considérables", déclare Benoît Petrarque, analyste chez Kepler Equities.

"Le dossier Dexia est aussi un problème car il y a un désaccord politique entre la Belgique et la France sur ce qui a été décidé en octobre sur la répartition des garanties", souligne aussi Christophe Nijdam, chez Alphavalue.

Le gouvernement belge souhaite en effet renégocier le plan de démantèlement décidé à l'automne pour alléger le poids des garanties supportés par la Belgique. Il souhaite aussi remplacer Pierre Mariani, l'actuel administrateur délégué de la banque franco-belge, par Karel de Boeck.

Le président socialiste François Hollande, qui a promis pendant sa campagne électorale de réformer le système bancaire français, devra s'assurer aussi de la solidité des banques de l'Hexagone qui sont les groupes bancaires étrangers les plus exposés à la Grèce.

Dans l'hypothèse d'une sortie de la Grèce de la zone euro, les analystes de Deutsche Bank estiment que Geniki, la filiale grecque de la Société générale, devra être recapitalisée à hauteur de 450 millions d'euros tandis qu'Emporiki, la filiale du Crédit agricole, devra l'être à hauteur de 5,1 milliards d'euros.

Avec Julien Ponthus, édité par Dominique Rodriguez

par Lionel Laurent et Matthieu Protard

Valeurs citées dans l'article : BNP PARIBAS, SOCIETE GENERALE, DEXIA, CREDIT AGRICOLE