(Titre répété)

CANTERBURY, Angleterre, 24 août (Reuters) - Le Soudanais interpellé le mois dernier à l'extrémité britannique du tunnel sous la Manche après l'avoir traversé à pied a comparu lundi devant un tribunal de Canterbury et s'est dit décidé à contester les charges retenues contre lui, qui s'appuient sur une loi obscure datant du XIXe siècle.

Abdoul Haroun est devenu un symbole du désespoir des milliers de migrants qui campent à Calais en attendant de trouver un moyen passer côté anglais. La plupart tentent de monter dans des camions, mais ce Soudanais de 40 ans a été le premier à passer le tunnel à pied, au plus fort de la crise des migrants.

Pris a proximité de la sortie, près de Folkestone, après 12 heures et cinquante kilomètres de marche le long des voies, dans l'obscurité et en évitant les convois qui circulent à 160 km/h, il a été inculpé d'"entrave à un engin ou convoi empruntant une voie ferrée", un texte qui remonte à 1861.

Le groupe Eurotunnel réclame la plus grande fermeté à son égard tandis que les mouvements d'aide aux migrants demandent l'abandon des poursuites.

On sait peu de choses d'Abdoul Haroun. Selon son avocat Nicholas Jones, il parle zaghawa, ce qui suppose qu'il vient du Darfour, où la guerre civile fait rage depuis 2003.

Interrogé par visioconférence dans la prison d'Elmley où il est détenu, il a confirmé son identité et s'est dit innocent.

Pour sa défense, il entend contester l'argument selon lequel il a perturbé le trafic ferroviaire et invoque l'article 31 de la convention des Nations unies sur les droits des réfugiés, selon laquelle il ne peut être poursuivi pour être entré illégalement dans un pays étranger, a précisé l'avocat. (Estelle Shirbon, Jean-Philippe Lefief pour le service français)