Le cours du palladium continue d’évoluer sur ses plus-bas à six ans. Cette léthargie a surpris les nombreux spéculateurs — pourtant avertis — qui pariaient sur l’imminence d’une inflexion. 

En effet, la Russie et l’Afrique du Sud contrôlent à elles deux la quasi totalité de la production mondiale. Le palladium ne rentre pas dans l’arc de sanctions qui vise la première, mais traiter avec elle est forcément plus difficile qu’avant, a fortiori si l’on paye en dollars.

La seconde, pour sa part, est sujette à des problèmes chroniques de production, entre autres car ses infrastructures tombent en ruine. L’année dernière, le groupe minier Anglo-American en faisait durement les frais. 

Malgré ce contexte, le cours du palladium ne décolle pas sur le marché mondial. Celui-ci bruisse de rumeurs, mais les traders bien informés avec qui nous échangeons, trois raisons principales expliquent sans doute cette situation. 

D’abord, le platinum qui remplace le palladium dans un nombre croissant d’applications industrielles ; ensuite, des stocks qui demeurent à des niveaux records en Chine ; enfin, des producteurs russes qui pratiquent un « dumping » agressif pour soutenir l’effort de guerre national en Ukraine. 

Les investisseurs aventureux avec des vues sur le sujet peuvent parier sur un rebond via les fonds cotés Physical Palladium Shares et Palladium ETF gérés par abrdn et ZKB. Lancés il y a quinze ans, l’un comme l’autre ont produit des performances globalement décevantes. 

Le fonds Physical Platinum and Palladium Trust géré par Sprott, pour sa part, a lui produit une performance négative malgré — ou à cause — d’une exposition plus équilibrée entre le palladium et le platinum.

Il est notable que, parmi les métaux précieux, le palladium et le rhodium aient connu d’invraisemblables pics spéculatifs avant que le soufflet ne retombe brutalement. Le cours du rhodium, par exemple, a été à deux reprises multiplié par dix en dix ans.

Le cours du palladium a connu une embellie comparable au début de la pandémie. Peut-être faut-il attendre que les stocks constitués lors de la dynamique d’accumulation observée à cette époque soient enfin consommés pour espérer voir poindre un rebond.