Zurich (awp) - Le franc s'appréciait nettement vendredi face à l'euro, dans un contexte généralisé d'aversion au risque qui a également saisi les marchés des actions. Si la devise suisse jouait dans l'immédiat sa fonction de valeur refuge, les analystes ne s'attendent cependant pas à ce que la pression haussière subsiste longtemps sur la monnaie helvétique.

Vers 12h15, la devise suisse s'échangeait à 1,1409 franc pour un euro après avoir marqué un plus haut à 1,1385 euro dans la matinée, marquant un net raffermissement face à la monnaie unique européenne. Jeudi à la mi-journée, la paire de monnaies s'échangeait encore à 1,1523 euro-franc.

"Des craintes sur d'éventuelles conséquences négatives de la crise ayant saisi la livre turque pour l'Europe et notamment ses banques ont nettement fait chuter l'euro lors du négoce en Asie", a indiqué le spécialiste en devises de BayernLB, Manuel Andersch.

"Les craintes de dommages collatéraux et de contagion de la crise de la devise turque grandissent", a souligné Kit Juckes, analyste de Société Générale, pour expliquer les répercussions sur l'euro.

Le franc se trouvait quant à lui sous pression pour diverses raisons, a indiqué à AWP Arnaud Masset, analyste chez Swissquote.

Craintes de Trump

"Depuis quelques mois nous assistons à la guerre commerciale entre les Etats-Unis, l'Union européenne et la Chine. Si la partie s'est un peu tassée entre Washington et Bruxelles, les marchés anticipent toujours le comportement imprévisible du président américain Donald Trump", a expliqué M. Masset.

S'ajoute pour la zone euro le problème du Brexit qui est loin d'être réglé. La chute brutale de la livre turque ce vendredi, sur fond de crise diplomatique entre Ankara et Washington et d'inquiétudes face à d'éventuelles répercussions sur des banques européennes, "pourrait par un effet de contagion apporter de l'incertitude" sur les marchés européens, a-t-il ajouté.

"Le dossier turc s'ajoute à la liste des facteurs d'aversion au risque qui contribue à la baisse des cours des matières premières, au recul des rendements obligataires et à la hausse du dollar", ont ajouté les analystes de Mirabaud Securities.

Le billet vert a ainsi atteint son plus haut niveau en 13 mois face à un panier de devises, notamment l'euro et le franc, a ajouté la banque privée genevoise.

Alors que le dollar reste la valeur refuge par excellence, le yen et le franc jouent également ce rôle et profitaient des incertitudes actuelles.

Le spécialiste de Swissquote ne s'attend cependant pas à ce que la devise helvétique continue de baisser sur une plus longue période. "La crise turque impacte le sentiment de la journée, mais pas sur le moyen terme", a estimé Arnaud Masset, qui s'attend à ce que la paire de devises euro-franc se relâche de nouveau par la suite.

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