L'intensification des tensions géopolitiques, avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie cette semaine, a suscité de vives inquiétudes et ravivé l'aversion au risque des opérateurs cette semaine. Malgré un rebond des indices ce vendredi, les places financières ont connu une semaine particulièrement négative, à l'image de l'envolée des actifs refuges et des matières premières. La volatilité devrait encore perdurer, au gré des annonces en Ukraine.
Variations hebdomadaires*
CAC 40
6752  -2.56%Graphique
STOXX EUROPE 600
453.53  -1.58%
Graphique STOXX EUROPE 600
S&P 500
4384.65  +0.82%
Graphique S&P 500
NIKKEI 225
26476.50  -2.38%
Graphique NIKKEI 225
GOLD
1888.70$  -0.83%
Graphique GOLD
LONDON BRENT OIL
98.40  +3.90%
Graphique LONDON BRENT OIL
EURO / US DOLLAR
1.13$  -0.43%
Graphique EURO / US DOLLAR
Tops / Flops de la semaine
Tenneco (+83%) : le petit équipementier automobile américain est racheté par le fonds Apollo pour 20 USD l'action, alors que le titre cotait un peu moins de 10 USD il y a quelques jours.

Roku
(+20%) : la plateforme de streaming rebondit après avoir été chahutée la semaine précédente dans le sillage de ses résultats trimestriels peu convaincants. Le cours donne le mal de mer. 

Vallourec
(+12%) : le producteur de tubes sans soudure a rassuré les investisseurs avec des résultats en 2021 qui progressent et des perspectives en amélioration. 

Energies Renouvelables (
Orsted, Vestas, Siemens Gamesa) : les tensions sur les énergies fossiles réveillent le secteur des renouvelables, laissé à l'abandon depuis plusieurs semaines. Les trois actions gagnent environ 15%.

Les sociétés russes des secteurs de la banque, des métaux et du pétrole (
Sberbank, Severstal, Novatek) ont lourdement chuté jusqu'à jeudi, avant de rebondir de façon spectaculaire vendredi. Mais pas assez pour compenser les pertes hebdomadaires. Illustration avec le groupe métallurgique Severstal, -22% jeudi puis +7% vendredi. 

Uniper
(-19%) : le groupe allemand a souffert cette semaine puisque c'est l'un des actionnaires du gazoduc Nord Stream 2, dont le lancement a été gelé en représailles de l'invasion russe. 

Booking
(-12%) : les tensions géopolitiques ont entraîné un reflux des valeurs liées au tourisme.

Alibaba
(-12%) : le géant chinois du commerce en ligne a fait état de sa plus faible croissance trimestrielle de chiffre d'affaires depuis son arrivée en bourse en 2014. La hausse a toutefois atteint 10%, mais c'est assez loin de ce que prévoyait le marché. 

Société Générale
(-12%) : la banque française pâtit de son exposition à la Russie via sa filiale Rosbank, l'une des dix plus grosses banques commerciales du pays. 
Graphique Matières Premières
Matières premières

C'est chose faite, le prix du pétrole a franchi cette semaine la ligne des 100 USD le baril. Même si l'incertitude reste élevée sur l'évolution du conflit qui oppose l'envahisseur russe aux forces ukrainiennes, les prix devraient clôturer la semaine en-deçà de ce seuil symbolique. La raison est simple : les sanctions annoncées par la Maison Blanche contre le Kremlin ne ciblent pas l'industrie pétrolière et ne devraient pas avoir un impact significatif sur les exportations russes d'hydrocarbure. Les investisseurs surveillent également les négociations sur le nucléaire iranien, où un accord pourrait être rapidement conclu. Le Brent se négocie autour de 98 USD le baril contre 92  pour le WTI. Un mot sur le prix du gaz en Europe, qui, vous vous en doutez, a littéralement flambé cette semaine du fait de la menace russe en Ukraine. La référence néerlandaise, le TTF, a bondi pour atteindre plus de 130 EUR/MWh au plus haut de la semaine.  La suspension de Nord Stream 2 par l'Allemagne a certes pesé sur les prix, mais c'est surtout le risque de voir la Russie réduire davantage son flux de gaz vers l'Europe en raison des sanctions qui suscite des inquiétudes.

Malgré une poussée jusqu'à 1974 USD, l'once d'or s'apprête à terminer la semaine en baisse. Preuve en est, le cours de la relique barbare se négocie en dessous de 1900 USD. Il en est de même pour l'argent, qui a rendu la quasi-totalité de ses gains à 24 USD. Les métaux industriels demeurent bien mieux orientés, ce qui n'est pas surprenant puisque la Russie est un producteur majeur de nickel et d'aluminium. Les prix de ces deux métaux inscrivent de nouveaux sommets annuels à respectivement 3500 et 26.100 USD la tonne métrique.

Du côté des matières premières agricoles, les cours du blé et du maïs ont bondi à Chicago. La Russie, mais également l'Ukraine, demeurent deux acteurs majeurs sur ces marchés. Selon l'USDA, l'Ukraine et la Russie pèsent près de 30% des exportations mondiales de blé et environ 15% des exportations de maïs. La suspension des activités de l'Ukraine, qui est contrainte de stopper ses opérations dans ses ports de la Mer Noire, presse les prix vers le haut. Le blé s'échange à 860 cents le boisseau, contre 680 cents pour le boisseau de maïs.

Graphique Matières Premières
Macroéconomie

L'actualité macroéconomique n'a pas pesé bien lourd cette semaine, compte tenu de la situation géopolitique. Après avoir jaugé la capacité de réaction occidentale, et probablement estimé qu'elle était défaillante, Vladimir Poutine a ordonné l'invasion de l'Ukraine. La réaction initiale des marchés financiers a été violente. Les actions ont chuté tandis que l'or, le pétrole et la demande en bons du trésor américains ont bondi. 

Assez logiquement, le rouble a décroché contre les autres devises. La monnaie russe est descendue à 101,03 RUB pour 1 EUR et à 89,60 RUB pour 1 USD jeudi. Elle a légèrement rebondi depuis. 

La dette américaine, après avoir profité de l'aversion pour le risque en milieu de semaine, a suscité moins d'intérêt, ce qui a contribué à faire remonter son rendement à 1,97% vendredi (1,94% il y a une semaine). Le bund allemand reste proche de 0,21% et l'OAT française de 0,68%. 

Dans le sillage des indices boursiers, le marché des cryptomonnaies a fortement chuté jeudi. Le bitcoin s'est délesté de quasiment 8% de sa capitalisation en quelques heures, passant de 37 000 à 34 000$. Dans ce contexte, bitcoin démontre une nouvelle fois qu'il n'est pas une valeur refuge et confirme sa corrélation de plus en plus prononcée avec les marchés financiers traditionnels, notamment le Nasdaq. A l'heure où nous écrivons ces lignes, le cours de la devise numérique gravite de nouveau autour des 40 000$, en hausse, tout comme les indices.

Il y a quand même eu quelques statistiques macroéconomiques cette semaine. Notamment des indicateurs d'activité PMI pour février robustes un peu partout sur la planète, et un bon indice Ifo de confiance des milieux d'affaires en Allemagne. Vendredi, les chiffres de l'inflation PCE américaine sont ressortis en ligne avec les attentes (+0,5%). La semaine prochaine, les investisseurs suivront avant tout une allocution du patron de la banque centrale américaine Jerome Powell mercredi devant le Congrès et les chiffres de l'emploi américain en février (vendredi). 

Graphique de Cours
Le chant de l'ours
C'était la semaine de tous les dangers sur les marchés. Les regards du monde entier se sont tournés vers l'Est de l'Europe, alors que l'armée russe est en train d'envahir l'Ukraine. Les mots : invasion, guerre et état d'urgence sont sur toutes les lèvres. Les sanctions économiques internationales ont commencé à pleuvoir, mais force est de constater qu'elles n'ont pas stoppé l'invasion russe. Manifestement, les marchés craignaient que cela ne dégénère plus violemment entre Moscou et les puissances occidentales. Cela explique sans doute la remontée en flèche un peu incongrue des indices boursiers vendredi. Reste à voir si les mesures de rétorsions économiques auront un effet dans les jours à venir. Les marchés ont répondu par ce qu'ils savent faire de mieux en période de fortes incertitudes : une explosion de la volatilité. La prudence est de mise. Bon weekend à tous les investisseurs.
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*Les variations hebdomadaires des indices et des actions affichés sur le tableau de bord concernent la période du lundi à l'ouverture des marchés respectifs au vendredi à l'heure d'envoi de cette newsletter.
Les variations hebdomadaires des matières premières, métaux précieux et devises affichés sur le tableau de bord concernent une période sur 7 jours glissants du vendredi au vendredi jusqu'à l'envoi de cette newsletter. Ces actifs continuent de coter les weekends.