Vendredi 20
décembre
Le point hebdo de l'investisseur
intro A quelques jours de la trêve des confiseurs, les places financières et particulièrement Wall-Street, poursuivent leur course au record, toujours portées par la perspective de la signature d'un accord de "phase 1" début janvier. Pékin et Washington ont, en effet, annoncé dernièrement s'être entendus, ce qui a notamment eu pour effet d'annuler les nouveaux droits de douane qui devaient entrer en vigueur le 15 décembre.
Indices

Sur la semaine écoulée, le Nikkei a perdu 0.8% alors que le Hang Seng a gagné 0.5% et le Shanghai Composite 1.2%.

En Europe, les performances sont toutes positives. Le CAC40 progresse de 1.6% tandis que le Dax fait du surplace (+0.1%). Quant au Footsie, il s'adjuge 3%, après la victoire des conservateurs aux législatives britanniques, ouvrant la voie à une issue favorable pour le Brexit.
Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal engrange 0.5% sur la semaine et l'Espagne 0.9%.

Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, le Dow Jones, le S&P500 et le Nasdaq100 progressent respectivement de 1.1%, 1.6% et 2.1%.
Matières premières

Les cours du brut terminent la séquence hebdomadaire sur une note positive. Soutenu par l'espoir d'une amélioration de la croissance de la demande après l'accord commercial sino-américain, le pétrole gagne lentement mais surement du terrain. Le WTI dépasse ainsi la barre des 60 USD tandis que le Brent se négocie à 66.5 USD le baril.
L'or et l'argent ont fait du surplace cette semaine et s'échangent respectivement à 1480 USD et 17.15 USD l'once. Le métal doré progresse d'un peu plus de 15% depuis le début de l'année (voir graphique) alors que l'argent gagne 10%.

Du côté des métaux de base, le cuivre entame une phase de respiration à 6161 USD, tandis que l'étain poursuit sa marche en avant, à 17300 USD et que le zinc rebondit à 2324 USD.

Evolution du CRB depuis 2000, indice des matières premières

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Marchés actions

L'indice grec

Enfant terrible de la zone euro dans les années 2010, la Grèce, par l'intermédiaire de son indice national, ASE, vient de signer une année boursière historique avec une hausse de 47%.
Cette avancée permet, à la patrie des jeux olympiques antiques, d'obtenir la médaille d'or au palmarès des indices mondiaux.

L'économie grecque revient au premier plan après une crise financière sans précèdent et des mesures drastiques imposées à la population. Le chômage, monté à 30% en 2013, est retombé à 17%. Depuis 2017, Athènes est sortie de la récession avec une croissance en moyenne de 2% par an de son PIB. Après les ventes exigées par les créanciers européens, les privatisations se sont enchaînées.
La Grèce se trouve même en mesure de se refinancer sur le marché obligataire des emprunts souverains. Le rendement à dix ans a chuté de 4.5% en début d'année, à 1.13%, un plus bas historique. Exploit quand on sait que la dette hellénique est classée BB-, mais signe que les investisseurs n'imaginent plus la Grèce sortir de la zone euro.

Cette embellie boursière se concrétise par la confiance retrouvée dans le secteur bancaire, bien représenté dans l'indice ASE. Les performances se veulent exponentielles, à l'image de Attica Bank (+280%), Piraeus Bank (+254%) ou encore National Bank of Greece (+164%).

Forte poussée de l'indice grec

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Marché obligataire

Du côté du marché obligataire, le différentiel entre les obligations BBB et BB a atteint son plus bas historique en touchant 0.38 point de base. Ceci est une conséquence directe de la chasse au rendement que mènent les investisseurs dans le marché. Les facteurs à l'origine de la baisse des rendements cette année ne se sont pas dissipés, mais ils sont susceptibles d'avoir moins d'influence sur les marchés obligataires, du moins à court terme.

Dans ce contexte, les rendements du Bund à dix ans se rapprochent progressivement d'un taux nul à -0.23%. L'OAT française conserve son rendement positif à 0.06%. Néanmoins, avec le maintien de la politique monétaire de la BCE au cours de l'année à venir, les achats d'obligations par la banque centrale contribueront à ancrer les rendements à un niveau bas. A noter une hausse historique des taux en Suède, la RiksBank ayant voté en faveur de l'abandon des taux négatifs mais avec la détérioration de l'économie, il est probable que ce soit un coup unique.

La Grèce malgré une dette notée BB- profite de ce mouvement de fond pour se financer à un taux réduit sur son dix ans à 1.35%, bien loin des 4.5% du début d'année.
La référence obligataire suisse garde un rendement négatif mais en net rebond à -0.57% contre -1.2%, il y a encore quelques mois. Du coté des Etats-Unis, le Tbond connaît une légère tension à 1.93%, la croissance montrant toujours une forte résilience.
Marché des changes

Gagnant une semaine, perdant la semaine suivante, la livre sterling continue ses mouvements de swing en lâchant 400 points de base face au dollar après l'annonce stricte de Boris Johnson sur un éventuel Brexit sans accord dans un an, si rien n'est signé avec l'Union européenne. La volatilité devrait donc marquer l'année 2020 sur la devise britannique. La sanction est sévère également face à l'Euro à 0.855 GBP (+250 pbs).

Sans chiffre de première importance en Europe, la monnaie unique est restée confinée dans des bandes étroites entre 1.11 et 1.12 face au billet vert. Le dollar conserve son équilibre face au yen dans un marché peu actif à 109.5 JPY, mais perd un peu de terrain contre le franc suisse à 0.978 CHF (-100 pbs).

En cette fin d'année, la devise helvétique reste recherchée par les cambistes, la parité EUR/CHF repasse sous les 1.10 CHF.

Retracement du cable

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Statistiques économiques

L'évolution récente du conflit commercial et du Brexit a entraîné une diminution des incertitudes politiques. En parallèle, la situation économique montre des signes de stabilisation. La BCE devrait donc laisser son orientation de politique monétaire inchangée au cours de l'année à venir.
De son côté, la Fed pourrait à nouveau assouplir sa politique monétaire. Les banquiers centraux sont maintenant passés à un mode attentiste dans le contexte des derniers retournements.

Aux États-Unis, les résultats de l'industrie manufacturière ont été légèrement inférieurs à ceux du mois précédent, tout comme l'indice PMI manufacturier de la zone euro, ressorti sous les attentes.

Pour la nouvelle année, l'attention se portera sur la manière dont le partiel accord commercial entre les États-Unis et la Chine a affecté le sentiment de l'industrie. Comme le risque d'une nouvelle escalade du conflit demeure, il ne devrait y avoir qu'une amélioration limitée du climat industriel dans les zones d'échanges.
Concernant les statistiques macroéconomiques, la trêve des confiseurs s'imposera jusqu'au 3 janvier, date des nouvelles données sur le marché de l'emploi aux Etats-Unis.
Les indices terminent l'année au sommet

Les qualificatifs ne manqueront pas pour caractériser le millésime boursier 2019 avec des indices boursiers qui terminent au sommet de leur trajectoire. A l'orée de la nouvelle année, force est de constater que le pouvoir des banquiers centraux reste prépondérant pour la valorisation des actifs risqués. La question sur la longévité de cette mainmise constitue un des critères dans la réflexion des investisseurs, afin qu'ils puissent mettre en place leurs stratégies de 2020. Cette donnée monétaire, au coeur des débats, s'oppose aux craintes émanant de la progression du protectionnisme sur l'ensemble de la planète. La décroissance des échanges internationaux le démontre.

Du côté de la Chine, l'ancien atelier du monde se transforme en laboratoire technologique. Cette mutation lui procure une réelle avance, notamment dans le domaine de la 5G, une des fortes thématiques pour l'année à venir, hégémonie qui justifie l'irritation profonde des Etats-Unis. L'environnement restera donc délicat pour les investisseurs qui devront orienter leurs convictions sur les thématiques dominantes, capables de déceler des poches de croissance, donc de performance.