JERUSALEM (Reuters) - Le scénario d'une attaque de l'Iran contre Israël, en représailles à une frappe meurtrière contre son consulat à Damas imputée à Tsahal, gagnait vendredi en crédibilité, la Maison blanche évoquant une "menace plausible".

Signe d'une tension accrue, la France a recommandé vendredi à ses ressortissants de "s'abstenir impérativement" de voyager dans les jours qui viennent en Iran, au Liban, en Israël et dans les territoires palestiniens "face aux risques d'escalade militaire".

L'Inde et la Russie ont émis les mêmes recommandations face à cette menace qui s'ajoute aux répercussions régionales du conflit dans la bande de Gaza, entré dans son septième mois.

La compagnie aérienne allemande Lufthansa a prolongé la suspension de ses vols à destination et en provenance de Téhéran jusqu'au 18 avril.

L'état-major israélien a déclaré jeudi ne pas avoir donné de nouvelles instructions à la population civile dans l'hypothèse d'une attaque iranienne, mais a souligné que les forces israéliennes étaient en alerte maximale et préparées à une série de scénarios.

Le ministère israélien des Affaires étrangères s'est refusé à tout commentaire sur des informations faisant état de représentations diplomatiques partiellement évacuées ou soumises à une sécurité renforcée à l'étranger.

"La vengeance viendra", peut-on lire dans le Yedioth Ahronoth, le journal au plus grand tirage en Israël. "Pour le moment, le postulat est que cela surviendra très bientôt, dans les jours à venir."

Les autorités iraniennes imputent à Israël le raid aérien mené le 1er avril dernier contre le consulat et la résidence de l'ambassadeur d'Iran à Damas. Une opération qui a fait sept morts dans les rangs de la Force al-Qods, unité d'élite des Gardiens de la Révolution islamique, notamment le général Mohammad Reza Zahedi, responsable de premier plan.

L'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique, a déclaré que l'Etat hébreu devait "être puni" pour cette frappe meurtrière, qu'il assimile à une frappe sur le sol iranien.

PAS DE CONFRONTATION MILITAIRE DIRECTE

"Cela va être très dur pour l'Iran de ne pas riposter", estime Raz Zimmt, chercheur à l'Institut d'études sur la sécurité nationale, un groupe de réflexion rattaché à l'université de Tel Aviv.

"Mais je considère encore que l'Iran ne veut pas s'engager dans une confrontation militaire directe, à grande échelle, contre Israël, et certainement pas avec les Etats-Unis. Mais il doit faire quelque chose", ajoute-t-il.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, a déclaré vendredi que l'hypothèse d'une attaque iranienne imminente était hautement crédible, parlant d'une "menace plausible".

Le porte-parole, qui s'adressait à des journalistes, n'a pas été plus dissert sur les modalités et le calendrier possibles d'une telle action.

Selon des sources iraniennes et des diplomates américains, le régime iranien a fait savoir à Washington qu'il entendait éviter toute "escalade" et qu'il n'agirait pas dans la précipitation.

Ces assurances n'évacuent pas pour autant le risque d'une confrontation qui devienne hors de contrôle.

"Nous sommes prêts à nous défendre sur terre, dans les airs, en coopération étroite avec nos partenaires, et nous saurons comment répliquer", a dit le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant à la suite d'un entretien avec le général Michael Kurilla, qui supervise le Commandement central américain (CENTCOM).

Téhéran assimilant l'attaque du 1er avril à Damas comme une atteinte à son territoire, l'option d'une riposte militaire de l'armée iranienne sur le territoire israélien, et non d'un supplétif comme le Hezbollah libanais, est une réelle possibilité, juge Raz Zimmt.

"Et partant, le risque de représailles israéliennes contre l'Iran lui-même, ce qui serait sans précédent, est une chose que l'on ne peut exclure", dit-il.

L'Iran est doté de missiles dont la portée est suffisante pour atteindre le territoire israélien.

L'armée israélienne a renforcé ses dispositifs de défense anti-aérienne et rappelé des réservistes sur le terrain, à sa frontière nord, dans l'hypothèse où les accrochages quasi quotidiens avec le Hezbollah venaient à s'intensifier.

(Version française Sophie Louet)

par James Mackenzie