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PARIS (awp/afp) - Sans cesse rattrapées par les démons de la guerre commerciale, les Bourses européennes devraient voir s'éloigner encore un peu plus la perspective d'un rebond salvateur de fin d'année à l'heure où refait surface la question de la fin du cycle économique américain.

Tant que les interrogations autour d'un ralentissement de la croissance mondiale et de la guerre commerciale sino-américaine ne seront pas résolues, "le marché va rester fébrile, ne trouvant pas de points d'équilibre lui permettant de rebondir de façon durable", a expliqué auprès de l'AFP Christophe Donay, responsable de l'allocation d'actifs et de la recherche macroéconomique chez Pictet Wealth Management.

"Les investisseurs aujourd'hui sont plus sensibilisés aux événements sociaux ou géopolitiques et ont perdu de vue les fondamentaux économiques, qui sont pourtant bons", a analysé pour sa part auprès de l'AFP Lara Nguyen, experte en investissements financiers chez Milleis Banque.

La semaine, qui avait pourtant débuté sous de bons auspices dans le sillage du G20, s'est en effet avérée particulièrement éprouvante pour les Bourses européennes, dont le décrochage s'est accéléré jeudi avec des chutes de plus de 3% les ayant ramenées au plus bas en deux ans.

Un dévissage, accentué selon plusieurs analystes par des phénomènes techniques.

"La semaine a été très mouvementée" puisque "en quatre séances, l'indice CAC 40 a enregistré plus de 5% de baisse", a expliqué Mme Nguyen.

De fait, les espoirs d'un apaisement dans les relations entre la Chine et les Etats-Unis, à la faveur du cessez-le-feu commercial de 90 jours négocié samedi à Buenos Aires entre Donald Trump et Xi Jinping, ont rapidement été douchés.

"Donald Trump, trois jours après l'annonce d'une trêve avec la Chine dans le sillage du G20, a rappelé qu'il était un +tariff man+", autrement dit "que la guerre commerciale et les barrières douanières principalement ne sont pas (une affaire) terminée, loin s'en faut", a souligné M. Donay.

Dès mardi, le ton du président américain s'est en effet fait plus menaçant à l'égard de Pékin, renforçant le scepticisme des investisseurs quant à une véritable accalmie dans les relations des deux géants mondiaux.

"Pour l'instant nous restons dans des échanges verbaux et des actes qui vont plutôt vers l'idée que les barrières douanières pourraient continuer à s'étendre à l'ensemble des exportations chinoises vers les Etats-Unis, voire peut-être aux exportations européennes", a jugé M. Donay.

Vers une récession aux Etats-Unis ?

Dans ce contexte de défiance déjà exacerbé, il a suffi de l'annonce de l'arrestation, le 1er décembre, de la directrice financière de Huawei au Canada, à la demande des Etats-Unis, pour précipiter l'ensemble des marchés mondiaux dans le rouge.

Par ailleurs, "la question de la prochaine récession américaine a refait surface" alors que les barrières douanières constituent un frein à la dynamique de la croissance mondiale, posant la question de la fin de cycle, selon M. Donay.

Dans ce domaine, la banque centrale américaine, qui se réunit les 18 et 19 décembre, pourrait mettre un peu de baume au coeur des investisseurs, à condition de faire preuve d'une communication "au cordeau", a relevé M. Donay.

"Si la Fed annonce qu'elle ne va plus augmenter ses taux, il ne faut pas qu'elle laisse supposer en même temps que la croissance économique est tellement fragile qu'elle ne peut plus supporter de hausse de taux", a-t-il détaillé.

Avant la Fed, c'est la Banque centrale européenne qui s'exprimera jeudi prochain et devrait, sauf grande surprise, acter la fin de ses rachats nets de dette à fin décembre tout en gardant lointain l'horizon d'une première hausse de ses taux directeurs.

Le pétrole restait également un sujet majeur de préoccupation alors que l'Opep et ses alliés, dont la Russie, ont décidé vendredi une baisse commune de leur production de 1,2 million de barils par jour (mbj) dans l'espoir de redresser les cours.

Face à ces problématiques d'ordre global, les incertitudes autour du Brexit et du budget italien semblaient passer au second plan, même si elles contribuaient également à peser sur la tendance.

A ce titre, le vote au Parlement britannique mardi prochain sur l'accord de sortie de l'UE s'annonce crucial, la Première ministre Theresa May étant très loin d'être assurée d'obtenir une majorité sur ce texte négocié de haute lutte entre Londres et Bruxelles.

"L'année a été particulièrement difficile, en particulier pour les secteur de l'automobile, des banques et de la construction" et les derniers jours en ont été l'expression condensée, a conclu Mme Nguyen.

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