(Actualisé avec OCDE § 9-10-11)

* Climat et commerce au coeur des difficultés

* "Ce n'est pas une bonne année pour le multilatéralisme", dit une source allemande

* Les marchés se focalisent sur la rencontre Donald Trump-Xi Jinping

* Les accusations portées contre Mohamed ben Salman pourraient être évoquées

par Ross Colvin et Cassandra Garrison

BUENOS AIRES, 29 novembre (Reuters) - Les dirigeants des pays membres du G20 ont commencé à arriver ce jeudi en Argentine où les travaux préparatoires en vue du sommet prévu vendredi et samedi piétinent sur la rédaction d'une déclaration finale.

"Ce n'est pas une bonne année pour le multilatéralisme", a expliqué une source gouvernementale allemande. "Les négociations sont très, très difficiles", a-t-elle poursuivi, évoquant la rédaction du texte que les dirigeants du G20 publieront samedi, à l'issue du sommet.

Si cette source n'a pas dressé la liste des points d'achoppement, les sources de tension sont nombreuses. Alimenté par les menées protectionnistes de Donald Trump, le conflit commercial opposant la Chine aux Etats-Unis dominera sans doute le sommet.

La question des mesures à mettre en oeuvre pour lutter contre le réchauffement climatique, une thèse à laquelle le président américain dit ne pas adhérer, devrait elle aussi alimenter les tensions entre délégations.

"Après deux jours et demi de discussions et de très courtes nuits, les deux tiers des paragraphe ont été validés", a dit une source impliquée dans la rédaction du communiqué. "Désormais, le commerce, le climat, les migrants, les réfugiés, le multilatéralisme, l'acier, qui sont les vrais sujets épineux, n'ont pas trouvé de réponse."

Si l'Argentine, qui préside le sommet, s'efforce de promouvoir les vertus du consensus, les divergences apparaissent trop nombreuses et trop vives pour être facilement surmontées.

"Ça avance très, très lentement, si lentement que nous allons devoir rester dans cette pièce après minuit, encore une fois", a déploré un délégué asiatique.

TRUMP ANNONCE UNE RENCONTRE AVEC POUTINE, PUIS L'ANNULE

Sur les marchés financiers, la question du communiqué final du G20 importe moins que celle des rencontres bilatérales que permettent ces réunions de dirigeants, à commencer par l'entretien prévu samedi entre Donald Trump et Xi Jinping.

Le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria, a déclaré à l'agence Reuters que si le président américain maintient sa volonté de porter de 10% à 25% les droits de douane frappant 200 milliards de dollars de produits importés de Chine, le ralentissement de l'économie mondiale s'accentuera.

L'impact des droits de douanes déjà appliqués, a-t-il noté, représentera déjà un recul de 0,2% de la production économique mondiale d'ici 2020.

"Si on augmente ces droits de douane jusqu'à 25% et que d'autres ripostent, l'impact pourrait flamber jusqu'à près de 1%", a-t-il dit.

Les atermoiements du président américain, qui se dit sur le point de trouver un accord avec la Chine tout en disant douter de l'intérêt d'un tel accord, préoccupent bien davantage les investisseurs que la question de savoir si le président américain est disposé à rencontrer ou non Vladimir Poutine.

Si Donald Trump a dans un premier temps annoncé qu'il rencontrerait son homologue russe, il s'est finalement ravisé, évoquant les nouvelles tensions entre Kiev et Moscou.

Invité cette année comme observateur, le prince héritier Mohamed ben Salman, dit "MbS" pourrait lui aussi alimenter les discussions, et la gêne des participants, en raison du rôle qu'on lui prête dans le sordide assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et du comportement au Yémen de la coalition militaire conduite par son pays.

Le président argentin, Mauricio Macri, a admis que les accusations portées contre Mohamed ben Salman pourraient faire l'objet de discussions durant le sommet, d'autant qu'une plainte a été déposée en Argentine contre le prince héritier.

La volonté de ne pas compromettre de lucratives relations commerciales et la crainte de voir Ryad se servir des cours du brut, a dissuadé les plus grandes puissances de mettre en cause Mohamed ben Salman.

Donald Trump a répété à plusieurs reprises que ces soupçons ne sauraient en aucun cas perturber les échanges américano-saoudiennes. Emmanuel Macron, qui ne semble pas non plus disposé à sacrifier les relations commerciales franco-saoudiennes, a garanti que le sujet serait abordé avec "MbS", qu'il a prévu de rencontrer en marge du sommet.

AVANT-PAPIER-Le G20 se prépare à un sommet houleux à Buenos Aires (Andreas Rinke à Berlin, Jeff Mason et Roberta Rampton à Washington et Yawen Chen et Ryan Woo à Pékin Nicolas Delame pour le service français)