PARIS (awp/afp) - L'accord partiel commercial sino-américain sera-t-il signé avant les fêtes? La question continuera à occuper la semaine prochaine les marchés européens, qui espèrent que rien ne viendra entamer les gains conséquents engrangés grâce à cette perspective.

Ces derniers jours, ce sujet a, comme d'habitude, fait la pluie et le beau temps sur les indices.

"Nous avons commencé la semaine avec un peu d'euphorie, puis les choses se sont un peu dégradées avec les tensions autour de Hong Kong", observe auprès de l'AFP Roland Kaloyan, responsable stratégie actions européennes chez Société Générale CIB.

"En la matière, nous sommes plus dans la diplomatie, mais les marchés attendent de voir comment les choses vont évoluer, cela ajoute des incertitudes", poursuit-il.

La promulgation par le président américain, Donald Trump, mercredi soir d'une loi soutenant les manifestations pro-démocratie à Hong Kong a provoqué une vive réaction de Pékin, qui a menacé Washington de représailles.

Après avoir débuté la semaine en trombe grâce à des échanges entre négociateurs chinois et américains qui étaient convenus de rester en contact afin de parvenir à "un accord préliminaire", les marchés européens sont revenus à davantage de prudence.

La fermeture de Wall Street pour une séance et demie à l'occasion de la fête de Thanksgiving a aussi incité les investisseurs à ne pas trop s'exposer en attendant le retour de leurs homologues américains.

Sur le Brexit, les investisseurs ont continué à suivre la campagne pour les législatives du 12 décembre.

L'actuel Premier ministre, Boris Johnson, a promis un Brexit achevé d'ici à la fin janvier, une perspective qui rassure les marchés, tandis que son adversaire, le travailliste Jeremy Corbyn, fait campagne sur un programme très à gauche redouté des milieux d'affaires, avec notamment des nationalisations.

"Au final, les volumes sont restés faibles et les indices ont peu bougé à l'échelle de la semaine", souligne auprès de l'AFP Lara Nguyen, experte en investissements financiers au sein de Milleis Banque.

Mais "nous avons eu un très bon mois de novembre, avec des marchés qui sont revenus à leurs niveaux d'avant crise", complète-t-elle.

Selon elle, les investisseurs vont donc essayer de préserver les gains importants enregistrés depuis le 1er janvier.

L'indice CAC 40, par exemple, approche des 25% de hausse.

"Il faut remonter à 1999, où la cote parisienne avait gagné 51,10%, pour trouver une progression supérieure", note Mme Nguyen. Les deux derniers points hauts datent de 2009 (+22,32%) et 2005 (+24,60%), précise-t-elle.

Excès d'optimisme ?

La semaine prochaine pourrait être un peu perturbée si Donald Trump répond à l'invitation de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, qui lui a proposé de "participer" à une audition le 4 décembre dans le cadre de l'enquête en destitution ouverte à son encontre.

Jusqu'ici, les marchés ont toutefois observé avec beaucoup de distance cette procédure.

En matière d'indicateurs macroéconomiques, le calendrier des prochains jours s'annonce riche en publications: indices d'activités PMI en Europe et aux Etats-Unis, rapport mensuel sur l'emploi américain vendredi, ventes de détails et PIB en zone euro ou encore indices d'activités ISM aux Etats-Unis.

"Les chiffres publiés la semaine prochaine sont assez importants, s'ils vont dans le bon sens, la hausse des indices pourra durer en décembre, voire en janvier", estime M. Kaloyan.

Mais les Pères Noël que les marchés attendent cette année sont les présidents américain et chinois car le cadeau dont ils rêvent le plus est la signature d'un premier accord commercial.

"Les investisseurs sont pendus à cette décision", relève Mme Nguyen.

"Les marchés veulent voir toutes les étoiles s'aligner: une résolution du conflit commercial, un accord sur le Brexit, une croissance pour laquelle le pire est derrière nous", analyse M. Kaloyan, qui se demande toutefois si après avoir "commencé 2019 avec un excès de pessimisme", les marchés ne sont pas "en train de tomber dans l'excès inverse".

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