PARIS, 20 mai (Reuters) - Le général libyen Khalifa Haftar, considéré comme l'homme fort de l'Est libyen, pose le démantèlement des forces du gouvernement d'accord national (GNA) comme préalable à un éventuel rapprochement dans la lutte contre le groupe Etat islamique, dans une interview diffusée vendredi.

"Une armée ne peut s'unir à des milices. Donc ces milices doivent être démantelées. Il est impensable pour nous de travailler avec ces factions armées", a-t-il déclaré dans cet entretien accordé à la chaîne française iTELE.

Un accord conclu en décembre sous l'égide de l'Onu devait en théorie mettre fin aux divisions entre deux gouvernements rivaux, l'un à Tripoli et l'autre à Tobrouk, qui se disputent depuis 2014 le contrôle du pays et de ses gisements pétroliers.

Mais le Parlement de Tobrouk refuse sa confiance au gouvernement d'union censé supplanter les deux administrations rivales.

Par ailleurs, le général Haftar et des milices venant de l'Ouest du pays ont récemment envoyé des troupes distinctes en direction de Syrte, devenu le fief des djihadistes de l'EI en Libye, laissant présager un nouvel épisode de chaos.

Le chef du GNA, Fayez Seraj, a appelé la semaine dernière les différentes forces en présence à faire cause commune contre l'organisation EI au sein d'un commandement militaire unfifié, un scénario que rejette pour l'heure le général Haftar.

"Nous n'avons pas pour le moment de liens avec M. Seraj. Le conseil présidentiel qu'il dirige n'est toujours pas reconnu par le gouvernement", a déclaré le chef militaire Khalifa Haftar.

"Je voudrais souligner que M. Seraj s'appuie sur des milices. De notre côté, nous refusons ces milices. Ce refus est un principe appliqué dans tous les pays du monde", s'est justifié cet ancien allié de Mouammar Kadhafi, avec lequel il s'est brouillé dans les années 1980.

Le gouvernement d'accord national est arrivé sous haute protection à Tripoli le 30 mars et tente, depuis, d'assoir sa légitimité.

La confusion qui règne depuis l'éviction de Mouammar Kadhafi, en 2011, a profité à l'EI qui a pris pied en Libye ainsi qu'aux réseaux de passeurs qui monnaient la traversée de la Méditerranée auprès des migrants et réfugiés. (Simon Carraud, édité par Nicolas Delame)