Selon les syndicats, PSA a proposé des mesures de mutation interne ou externe pouvant concerner plusieurs centaines d'emplois sur un effectif de 2.700 personnes.

Le groupe, ajoutent-ils, veut aussi assouplir les horaires de travail pour ajuster rapidement l'activité à la demande et geler les salaires pendant au moins trois ans, jusqu'à l'arrivée éventuelle du successeur des fourgonnettes Jumpy et Expert actuellement produites dans cette usine et appelées à être renouvelées.

"Nous allons avoir une réunion tous les vendredis à 10h, la prochaine sera consacrée à la mobilité", a déclaré à Reuters Pascal Lucas, délégué CFE-CGC de Sevelnord.

"La direction nous dit que l'actuelle structure des coûts est largement favorable à l'usine espagnole de Vigo (...) et qu'il faut trouver les solutions pour être plus compétitifs."

PSA a refusé de commenter les négociations en cours, rappelant simplement que le groupe étudiait plusieurs options depuis que Fiat, son partenaire à Sevelnord, a décidé de ne pas renouveler sa coopération au-delà de 2017.

Selon Ludovic Bouvier, délégué CGT, la direction veut que les négociations soient bouclées avant les congés d'août. La décision sur l'attribution du nouveau véhicule, dont le nom de code est K-zéro, est attendue d'ici septembre, pour une production à partir de 2016.

EN QUÊTE DE PARTENAIRES POUR SES UTILITAIRES

Le projet d'accord de flexibilité fait écho aux concessions sur le temps de travail obtenues par Fiat à Turin en 2011 et à celles décrochées ce mois-ci en Grande-Bretagne par Opel, filiale européenne de General Motors - un gel des salaires pendant deux ans - en échange du transfert de la nouvelle Astra, actuellement produite en Allemagne.

Le secteur automobile européen est confronté à d'importantes surcapacités rendues plus criantes encore par l'effondrement du marché depuis la fin de l'année dernière. PSA, dont la branche automobile est passée dans le rouge en 2011, a promis de rétablir la compétitivité de ses usines françaises et européennes d'ici deux ans.

Tous les sites automobiles pour lesquels de nouveaux modèles n'ont pas été annoncés craignent pour leur avenir.

PSA assure que l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) produira encore des C3 en 2014, mais refuse de s'engager au-delà sur un modèle pour succéder à la petite Citroën. L'usine de Madrid, quant à elle, ne conserve actuellement que la version break de la Peugeot 207 en fin de vie puisqu'un autre projet de voiture y a été suspendu.

Contraint de s'allier à l'américain GM pour pouvoir poursuivre son développement à l'international et réduire son exposition à un marché européen en berne, le premier constructeur français, et numéro deux européen, est également à la recherche de nouveaux partenaires pour ses véhicules utilitaires.

En avril, l'ancien président Nicolas Sarkozy avait déclaré que PSA discutait avec le japonais Toyota, dont le site de Valenciennes est voisin de Sevelnord.

"FAIRE UN EXEMPLE POUR TOUTES LES USINES"

Le mois dernier aussi, le PDG de Toyota Motor Europe a fait savoir dans la presse qu'il n'avait aucunement l'intention d'acheter Sevelnord ou d'y prendre une participation. Il ne s'est pas exprimé en revanche sur la question d'un simple partage de la production du site.

"La direction dit qu'il nous faut tous les atouts pour avoir un nouveau véhicule", ajoute Ludovic Bouvier (CGT). "On fait du chantage à l'emploi, c'est quant même scandaleux."

"La direction compte faire de nous un exemple pour toutes les usines du groupe, des efforts vont être demandés à tous les salariés".

Pascal Lucas (CGC) souligne lui aussi que Vigo, désormais deuxième plus grande usine de PSA derrière Sochaux, n'est pas seulement comparée à Sevelnord mais est un "challenge pour l'ensemble des usines françaises".

Sevelnord produit également les monospaces Citroën C8 et Peugeot 807, deux modèles vieux de dix ans. Les utilitaires représentent 80% de la production du site.

"S'il y a des négociations, c'est qu'il y a encore de l'espoir ; maintenant, il faut voir à quoi ça aboutit", poursuit

Pascal Lucas. Il souligne que son syndicat a clairement prévenu que l'accord ne pourrait s'appliquer que si le nouvel utilitaire était bien attribué à Sevelnord.

Edité par Dominique Rodriguez

par Gilles Guillaume