Le président de la commission des affaires économiques, Roberto Gualtieri (à gauche) et le Président de la BCE, Mario Draghi avant le dialogue monétaire

Le Président de la BCE, Mario Draghi, a dépeint une image plutôt sombre de l'évolution économique dans la zone euro, mais a assuré à la commission des affaires économiques que la BCE "n'hésiterait pas à agir si les risques qui pèsent réduisent les perspectives d'inflation à moyen terme de manière plus fondamentale que prévu pour l'instant".


Il a mentionné la possibilité d'ajuster l'importance, la composition et la durée du programme d'achat d'actifs de la BCE, pour dynamiser la politique monétaire si nécessaire.


À l'occasion de la troisième réunion de dialogue monétaire de l'année, organisée ce mercredi, M. Draghi a affirmé que les indicateurs économiques avaient montré des signes de résilience pendant l'été mais que l'environnement macro-économique était devenu plus compliqué. "Nos projections macro-économiques de septembre ont indiqué une reprise économique plus faible et une augmentation plus lente des taux d'inflation que ce que nous avions prévu plus tôt cette année", a-t-il expliqué. Selon lui, cela peut principalement s'expliquer par une croissance lente des économies émergentes, un euro fort et des prix bas du pétrole et des matières premières. M. Draghi a ajouté que seul le temps nous dirait si la croissance plus faible sur les marchés émergents est temporaire ou permanente, et quelles sont les causes derrière la chute des prix des matières premières.


Des taux d'emprunts plus nombreux et moins chers pour les ménages et les PME


Les mesures monétaires en place actuellement continuent d'avoir des conséquences positives sur les coûts et la disponibilité des crédits pour les entreprises et les ménages, a affirmé M. Draghi, faisant remarquer que cette situation avait entrainé une augmentation de la demande des ménages en biens de consommation durables et encouragé les investissements, en particulier des petites et moyennes entreprises.


Rapport des cinq Présidents


Concernant le "rapport des cinq Présidents", dont M. Draghi est l'un des auteurs, tout comme le Président du Parlement, M. Schulz, il a affirmé qu'il y avait une discordance entre les exigences de partage d'une monnaie et le cadre institutionnel actuel. "L'union monétaire exige un centre politique qui puisse prendre des décisions fiscales, économiques et financières cohérentes pour la zone euro dans son ensemble (...) et qui jouisse d'une légitimité démocratique totale", a-t-il commenté. Il a souligné son soutien envers un trésor de la zone euro: "De telles idées doivent désormais être énoncées!" (...)


Abordant les craintes exprimées par Burkhard Balz (PPE, DE) concernant la trop grande flexibilité des règles du pacte de stabilité et de croissance, M. Draghi a affirmé: "Si nous voulons un plus grand partage de la souveraineté et des risques, nous devons renforcer la confiance. Et pour y parvenir, nous devons respecter les règles".


Union bancaire


Elisa Ferreira (S&D, PT) a fait part de ses préoccupations concernant la croissance stagnante et les travaux inachevés de l'union bancaire, affirmant: "Nous devrions terminer ce que nous avons commencé". M. Draghi a répondu que "pour que la reprise passe du stade cyclique au stade structurel, les États membres doivent entreprendre des réformes structurelles, et il s'agit d'un élément clé pour renforcer la confiance". Il a affirmé que le même raisonnement s'appliquait à la mise en œuvre de ce qui avait été conclu sur l'union bancaire, notamment la mise en place d'un système de garantie des dépôts. Par ailleurs, M. Draghi a également défendu un dispositif de soutien commun pour le mécanisme de résolution unique (MRU): "Ces deux éléments sont indispensables pour soutenir la crédibilité de l'union bancaire".


Grèce et Troïka


Notis Marias (ECR, EL) a critiqué la BCE de faire toujours partie de la Troïka, malgré les appels du Parlement européen pour y mettre un terme. M. Draghi a déclaré que "la BCE ne ferait pas partie de la Troïka pour toujours" et que la Banque respecte la législation existante. Interrogé par Fabio de Masi (GUE, DE) sur la raison pour laquelle la BCE n'accepte plus les obligations d'État grecques comme garanties, M. Draghi a répondu: "Ce que vous demandez, c'est si nous allons remettre en place une dérogation. Pour cela, nous avons besoin d'être sûr que la Grèce respectera le programme d'aide, quel que soit le gouvernement et qu'elle mettra en œuvre les réformes structurelles et ses engagements de politique fiscale. Les prochaines étapes seraient alors d'évaluer si la dette est soutenable et à ce sujet le conseil d'administration nourrit de fortes craintes comme vous le savez".



Sous la présidence de: Roberto Gualtieri (S&D, IT)

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