Alstom : c'est cher, mais c'est au centre du jeu

Le groupe est devenu un spécialiste du ferroviaire après la cession, contestée, de sa branche énergie. Depuis, il faut reconnaître qu'il a plutôt bien mené sa barque, ou plutôt son wagon, en récupérant les actifs dédiés de son concurrent Bombardier. Cette opération est intervenue après que les autorités européennes eurent bloqué un rapprochement avec la branche ferroviaire de Siemens. Autant dire qu'Alstom est au centre du jeu dans le secteur. Ce qui n'a pas échappé aux investisseurs évidemment, puisque si la période est moins faste dernièrement, le titre avait déjà profité d'un engouement bien compréhensible qui a fait monter son PER à des niveaux dignes d'un leader du luxe ou d'un champion de la technologie. Les analystes pensent que le PER d'Alstom pourrait reculer à 21,6 fois les résultats attendus en mars 2023, contre plus de 30 fois ceux de l'exercice clôturé en mars dernier. Le dossier est au point de convergence entre la mobilité, l'industrie et la dynamique environnementale, mais cela a un coût. L’annonce hier soir de charges plus lourdes que prévu pour solder le passif de Bombardier pèse lourd en ce début juillet.

AGV Alstom

AGV.Italo (©Alstom Transport Capa Pictures E. Vandeville)

Stadler Rail : l'outsider ambitieux

Entré en bourse en 2019, le groupe suisse est un petit Alstom, moins diversifié. Stadler revendique une part de marché mondiale de 4% en 2020, mais est désormais le numéro deux européen avec 15% du marché, depuis que les deux premiers acteurs, Alstom et Bombardier, se sont rapprochés (ils pèsent ensemble 44% du marché). Le management est dans une dynamique de progression des marges, qui devraient passer au niveau de l'Ebit de "plus de 6%" à "8 à 9%" à l'horizon 2023. Il sait pouvoir s'appuyer sur les tendances de fond que sont le transport à bas carbone, l'urbanisation et les investissements dans les infrastructures. La société est moins richement valorisée qu'Alstom (15,9 fois les résultats 2023), en dépit de ratios financiers qui n'ont rien à lui envier. Elle n'a en revanche pas la taille critique de son voisin, ce qui la place souvent en outsider sur les gros appels d'offres.

Un train Stadler
Un métro Stadler

Knorr-Bremse : incontournable mais un peu dissipé

Le groupe allemand n'est pas un acteur 100% ferroviaire à la différence de ses deux rivaux précités. C'est même plutôt un de leurs fournisseurs, avec une grande expertise dans le freinage. Dernièrement, l'action a été chahutée par l'annonce d'un intérêt pour le rachat de son compatriote Hella, équipementier automobile bien connu outre-Rhin. Les investisseurs ont des doutes sur la taille et l'intérêt d'une opération. Dans le ferroviaire, environ un train sur deux dans le monde est équipé de freins Knorr-Bremse, ce qui donne une idée de la place stratégique de l'entreprise. Ce parc installé colossal est source d'importants revenus après-vente. La division ferroviaire pèse un peu plus de 50% du chiffre d'affaires et les deux-tiers de l'Ebitda du groupe. La chute récente de l'action l'a ramenée sur des multiples de valorisation proches de la moyenne des dernières années, soit entre 20 et 25 fois les résultats. L'Allemand n'est pas un champion de la croissance mais c'est un acteur solide dont les marges sont supérieures à celles de ses clients. Ses visées dans l'automobile ont un peu surpris.

Un train équipé d'un système de freinage Knorr-Bremse
Un train équipé d'un système de freinage Knorr-Bremse

Salcef : un petit nouveau sur les voies

Pour être honnête, nous n'avions jamais entendu parler du groupe jusqu'à une date récente. Cette société italienne est passée fin 2020 du marché libre au marché MTA des valeurs moyennes à Milan. Salcef est un spécialiste des travaux d'installation et de maintenance sur rails (un peu à l'image d'un Colas Rail), notamment la construction et le renouvellement des voies de chemins de fer et de leurs abords. Elle pèse environ 800 M€ et a réalisé l'année dernière 340 M€ de revenus (+17%) pour un EBIT de 58,3 M€, soit 17,1% de marge d'exploitation. L'année dernière, l'entreprise a racheté l'américain Delta Railroad Construction. Ses dirigeants sont confiants sur les perspectives, renforcées par les engagements des gouvernements à entretenir les infrastructures existantes et à en déployer de nouvelles. Salcef est un acteur moins connu du secteur, mais qui opère sur un marché de niche avec des barrières à l'entrée non-négligeables. 

Un train utilitaire Salcef
Un train utilitaire Salcef
Les quatre dossiers en fonction de leur compte de résultats
Les quatre dossiers en fonction de leur compte de résultats