BRUXELLES (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne vont débattre vendredi, lors d'une réunion à Prague, d'un plafond sur les prix du gaz et de sa mise en oeuvre éventuelle, alors qu'ils tentent d'endiguer la flambée des prix de l'énergie qui menace de faire plonger l'économie du bloc en récession.

Il est peu probable que des mesures concrètes soient décidées dès à présent, ont indiqué des représentants, mais les dirigeants de l'UE devraient indiquer à leurs ministres de l'Energie et des Finances respectifs les solutions possibles à approfondir.

"La question de l'énergie est probablement la plus importante de la réunion informelle", a déclaré un haut représentant européen impliqué dans les préparatifs des discussions.

"Ce n'est pas une question que les dirigeants vont résoudre", a-t-il poursuivi. "Les dirigeants doivent fournir une orientation stratégique et, ensuite, les ministres de l'Energie et les ministres des Finances pourront trouver les solutions appropriées".

Trouver une solution commune est compliqué car les besoins des pays de l'UE diffèrent, de même que leurs fournisseurs et leurs marchés énergétiques - ce qui signifie que la baisse des livraisons de gaz russe et la flambée des prix survenue en conséquence ont affecté certains pays membres davantage que d'autres.

Quinze pays du bloc communautaire veulent un plafonnement des prix du gaz mais sont en désaccord sur les détails d'une telle mesure. L'Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark y sont opposés, inquiets que cela perturbe le marché énergétique et complique les achats de gaz nécessaires au fonctionnement de leurs pays.

Pologne, Grèce, Belgique et Italie ont émis jeudi une autre idée, celle d'un "corridor" sur les prix qui pourrait être levé en cas d'urgence en matière d'approvisionnement.

Un document, que Reuters a pu consulter, détaille la proposition et assure que celle-ci ne compromettrait pas la sécurité énergétique de l'Europe. Aux yeux de certains représentants européens, il pourrait s'agir d'une base en vue de trouver un compromis avec les Etats sceptiques.

"Il n'y a pas une mesure unique à même de résoudre tous les problèmes", a dit le haut représentant européen. "Nous arrivons tous progressivement à la conclusion qu'il y aura de multiples mesures".

Ajoutant aux difficultés, les mesures décidées par des gouvernements européens pour soutenir foyers et entreprises face à la flambée des prix de l'énergie compliquent les efforts de la Banque centrale européenne (BCE) pour contrôler l'inflation.

Le programme de soutien de 200 milliards d'euros annoncé la semaine dernière par l'Allemagne a fait grincer des dents et poussé des cadres de la Commission européenne à proposer un nouvel emprunt commun du bloc afin de disposer de fonds alloués à faire face à la crise énergétique. Mais cette hypothèse ne plaît pas à plusieurs pays du nord du continent.

(Rédaction de Paris)

par Jan Strupczewski et Kate Abnett