Les marchés financiers européens et américains ne sont pas encore parvenus à se reconnecter totalement hier, parce qu'ils ont été animés par des moteurs différents. Ce qui n'a pas empêché la totalité des indices de clôturer en hausse de part et d'autre de l'Atlantique. En Europe, la nette décrue du prix du gaz conjuguée à une inflation française plus douce que prévu ont dopé les marchés actions, qui donnent l'impression de s'offrir le rally de Noël dont ils avaient été privés. Le CAC40 a ainsi flambé de 2,3% au terme de la séance à Paris, tandis que le DAX allemand s'offrait 2,2% à Francfort. A Amsterdam, Zurich, Milan ou Madrid, les gains étaient moins élevés mais supérieurs à 1%.

Aux Etats-Unis, Wall Street a plutôt vibré au rythme des publications macroéconomiques. Enfin vibré, pas vraiment au début de la séance puisque les différentes statistiques n'ont pas vraiment pesé dans la balance, ou alors pas longtemps. Les indices évoluaient en hausse assez marquée jusqu’à la publication du compte rendu de la dernière réunion de la banque centrale américaine. La teneur des discussions entre les grands argentiers américains n'a pas révélé de gros scoop, mais elle a eu un effet négatif sur le moral des troupes. Les trois indices sont alors descendus brutalement mais brièvement (jusque dans le rouge pour le Nasdaq et le S&P500), avant de rebondir, puis de redescendre, pour finalement clôturer sur des gains modérés : +0,75% pour le S&P500, +0,4% pour le Dow Jones et +0,48% pour le Nasdaq. Les bons connaisseurs de la cote américaine pourraient être surpris de ce décalage entre le S&P500 et le Nasdaq, compte tenu de la consanguinité des deux indices en matière de grosses valeurs technologiques. Il y a deux raisons à cela : d'abord le fait que le poids de la technologie dans le S&P500 a reculé en 2022 avec la dévalorisation du secteur. Ensuite la baisse de plus de 4% de Microsoft après l'abaissement de la recommandation d'UBS. Le groupe de Richmond pèse 12,05% de l'indice (selon le dernier pointage opéré sur l'ETF QQQ d'Invesco).

Maintenant, faisons si vous le voulez bien un peu de psychologie de comptoir – c'est ma spécialité - sur le compte-rendu de la dernière réunion de la Fed, qui mérite que l'on s'y attarde. Le document mentionne qu'aucun des membres de la banque centrale ne pense qu'il serait opportun de réduire les taux à un moment ou à un autre de cette année 2023. Mais un peu plus loin, on peut lire que certains des banquiers centraux ont peur que la politique de relèvement des taux ne devienne excessive par rapport aux objectifs de ramener l'inflation autour de 2%. Conclusion ? La Fed continue à essayer de faire les gros yeux sans y parvenir totalement. La réaction immédiate des marchés actions a comme d'habitude été assez décérébrée, mais le marché obligataire raconte une autre histoire puisqu'il n'a pas vraiment cillé : il ne croit pas que la Fed restera méchante si les conditions économiques se dégradent vraiment (ce que suggèrent certains indicateurs, mais toujours pas le marché du travail).

S'il fallait résumer tout ce qui précède, je dirais que les deux principaux trampolines de la planète finance restent la politique de la banque centrale américaine et la relance chinoise (relance qui comprend notamment les politiques économiques de soutien et la gestion de la pandémie). Il y a en parallèle des événements qui aident à l'ascension et d'autres qui exercent une pression à la baisse. La chute des prix de l'énergie en Europe et la réduction de la pression inflationniste font clairement partie des événements accueillis positivement par le marché, notamment en ce qu'ils sont susceptibles d'orienter la politique monétaire dans un sens plus favorable. Le fil de la narration a donc pris un tour plus positif en ce tout début d'année. Ce qui, ajouté à l'appel d'air traditionnel du mois de janvier, contribue à tirer les actions vers le haut. En bon avocat du diable, je note toutefois que Wall Street fait preuve d'un peu plus de prudence que le vieux continent.

En Asie Pacifique ce matin, tout le monde ou presque gagne du terrain. Le Nikkei 225 Japonais a terminé en hausse de 0,4% et l'ASX 200 australien de 0,56%. La Chine est au diapason, aussi bien à Hong Kong (+2%) que sur le continent (+1,3%). L'Inde confirme un début d'année plus morose avec un repli de 0,4%. Les indicateurs avancés européens sont baissiers, mais très légèrement au regard des gains de la veille, si bien que la tendance pourrait encore évoluer d'ici l'ouverture. Le CAC40 perdait d'ailleurs 0,5% à 6741 points à l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Le spectacle sera essentiellement américain aujourd'hui, avec une bonne grosse série de chiffres : étude Challenger sur les licenciements (13h30), étude ADP sur l'emploi (14h15), inscriptions hebdomadaires au chômage et balance commerciale (14h30) puis indice PMI des services (15h45). En Europe, les prix à la production de novembre auront été dévoilés à 11h00. Tout l'agenda ici.

L'euro revient autour de 1,06 USD. L'once d'or reste solide à 1851 USD. Le pétrole rebondit modestement après un gros recul, avec un Brent de Mer du Nord à 78,70 USD le baril et un brut léger américain WTI à 73,87 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte légèrement à 3,72%. Le bitcoin se négocie vers 16 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Compagnie Financière Richemont : Bernstein reste à performance de marché avec un objectif relevé de 125 à 142 CHF.
  • DBV Technologies : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 5,70 EUR.
  • EssilorLuxottica : Bernstein reste à surperformance avec un objectif réduit de 198 à 185 EUR.
  • Gaztransport & Technigaz : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 150 à 140 EUR.
  • Hermès : Bernstein reste à performance de marché avec un objectif relevé de 1303 à 1473 EUR.
  • HSBC : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 770 GBp.
  • Kering : Bernstein reste à surperformance avec un objectif réduit de 689 à 613 EUR.
  • Koné : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 56 à 58 EUR.
  • LVMH : Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 811 à 902 CHF.
  • Novo Nordisk : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 585 à 625 DKK.
  • Roche : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 325 CHF.
  • Sanofi : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 110 à 120 EUR.
  • Scor : RBC reste à surperformance avec un objectif relevé de 26 à 32 EUR.
  • Société Générale : KBW passe de surperformance à performance de marché en visant 30,50 EUR.
  • Swisscom : reste à souspondérer avec un objectif de cours relevé de 475 à 500 CHF.
  • The Swatch Group : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 295 à 346 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Stellantis se lance dans la production d'aéronefs électriques avec l'américain Archer, qu'il va financer.
  • La FDA va examiner la demande de licence pour le nirsevimab de Sanofi.
  • AXA émet 750 M€ sur 10 ans à 3,625%.
  • Technip Energies remporte un contrat de conseil auprès de Kuwait Oil Company.
  • Dassault Aviation a reçu 156 commandes en 2022, contre 100 en 2021, dont 92 Rafale et 64 Falcon.
  • Plusieurs nominations chez Air France-KLM.
  • Valeo et Embotech s'allient pour fournir des solutions de stationnement automatisé.
  • TFF Group et Interparfums relèvent leurs objectifs.
  • Neoen démarre la construction de Blyth Battery en Australie.
  • Cellectis veut lever des fonds (60 M$) via des ADS sur le Nasdaq.
  • Wendel va investir 15 ME dans Tadaweb.
  • Inventiva révise son programme de développement clinique dans la NASH avec lanifibranor, suite à une communication de la FDA américaine concernant une approche réglementaire alternative.
  • Paragon ID s'offre des actifs de la société française Uwinloc.
  • Hydrogène de France signé un protocole d'accord avec PetroVietnam Technical Services Corporation pour des centrales électriques à hydrogène au Vietnam.
  • Cybergun ouvre la période d'adhésion à la fiducie-gestion pour les porteurs d'obligations remboursables en actions.
  • Boostheat, dont la cotation reprend ce matin, a dévoilé quelques lignes de son projet de sauvetage alimenté par du financement dilutif.
  • Predilife a publié son "volume d'affaires" 2022, pendant que LDC dévoilait son chiffre d'affaires annuel.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Kenvue, la branche produits en vente libre de Johnson & Johnson, a déposé une demande d'introduction en bourse à New York.
  • Western Digital et Kioxia discuteraient à nouveau d'un rapprochement, selon Bloomberg.
  • L'UE sanctionne Meta Platforms d'une amende de 390 M€ pour ses publicités ciblées issues des données de navigation des internautes.
  • Amazon confirme la suppression de 18 000 emplois, y compris en Europe.
  • T-Mobile US engrange plus d'abonnés au T4 que prévu.
  • Holcim acquiert le français Chrono Chape.
  • Exxon Mobil se dirige vers une année de bénéfices records.
  • Ryanair relève ses prévisions.
  • BP Plc prévoit d'augmenter ses investissements dans le pétrole dans le golfe du Mexique et au Texas.
  • Tesla dépose une demande d'extension de sa marque pour des véhicules non-terrestres.
  • Continental s'associe à la société de puces d'IA Ambarella pour la conduite autonome.
  • Les ventes américaines de BMW baisseront légèrement en 2022 malgré un dernier trimestre solide.
  • L'autorité antitrust portugaise ouvre une procédure contre les filiales de Synlab.
  • JPMorgan Chase, Bristol-Myers Squibb et American Express détachent des coupons.
  • Principales publications du jour : Constellation Brands, Walgreens Boots, NextTout l'agenda ici.

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