BEYROUTH, 12 septembre (Reuters) - Les combats se sont poursuivis dimanche en Syrie entre le régime et les rebelles, qui semblent vouloir renforcer leurs positions à la veille du cessez-le-feu négocié par les Etats-Unis et la Russie, loin de faire l'unanimité dans l'opposition.

Les groupes rebelles de l'Armée syrienne libre ont écrit dimanche aux Etats-Unis pour dire qu'ils souhaitaient "coopérer positivement" au cessez-le-feu sur le point d'entrer en vigueur, tout en exprimant leurs inquiétudes sur ses modalités, selon le texte de la lettre confirmé par deux rebelles.

Celle-ci ne précise pas si les groupes respecteront l'accord, mais ces deux rebelles ont confirmé à Reuters un respect de l'arrêt des combats lundi soir.

L'accord ne prévoit pas de garanties en cas de non respect de ses clauses, jugent-ils, s'interrogeant aussi sur une disposition qui prévoit que les avions du gouvernement syrien ne seront pas interdits de vol pendant une durée de neuf jours après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.

L'influent groupe rebelle syrien Ahrar Al-Cham a critiqué dimanche dans un message vidéo l'accord de cessez-le-feu conclu vendredi, sans toutefois aller jusqu'à annoncer qu'il ne le respectera pas.

La trêve "ne réalise pas les principaux objectifs de son peuple révolutionnaire" et ne fera qu'augmenter les souffrances du peuple syrien, a déclaré dans cette vidéo un responsable du groupe salafiste, identifié comme Ali al Omar.

De violents combats se sont poursuivis dimanche, notamment près d'Alep et de Damas. Des offensives du régime ont été rapportées dans le nord-ouest montagneux du pays, des rebelles dans le sud-ouest, signe de l'empressement des troupes à gagner du terrain avant la trêve.

Le régime de Bachar al Assad est soutenu par des avions russes, par la Garde révolutionnaire iranienne ainsi que des milices chiites d'Irak et du Liban, tandis que les rebelles sont soutenus par les Etats-Unis, la Turquie et les pays du Golfe.

Les précédents accords de paix se sont effondrés en quelques semaines, les Etats-Unis accusant Assad et ses alliés d'attaquer les rebelles et les civils.

Pour Zakaria Malahifdji, du groupe rebelle Fastakim basé à Alep, "Une grande partie de l'accord sert le régime, ne fait pas pression sur lui et ne sert pas le peuple syrien".

Damas n'a pas fait de déclaration officielle mais des "sources privées" ont été citées dimanche par les médias d'Etat confirmant l'aval du gouvernement. L'Iran a également salué l'accord dimanche.

L'EXCLUSION DE L'EX-FRONT AL NOSRA CRITIQUÉE

La cessation des hostilités ne concerne pas les combattants du groupe Etat islamique (EI) et de l'organisation Djabhat Fateh al Cham, l'ancien Front al Nosra qui a rompu son alliance avec Al Qaïda.

Dans leur lettre aux Etats-Unis, les rebelles ont jugé l'exclusion de Djabhat Fateh al Cham injuste, le groupe n'opérant qu'à l'intérieur de la Syrie, tandis que des milices chiites soutenues par l'Iran, présentes dans plusieurs pays, ont été elles inclues dans l'accord de trêve.

Cette mesure fournira un prétexte à la Russie pour bombarder d'autres groupes rebelles, jugent-ils en outre, mettant en valeur leur expérience de l'échec des précédents cessez-le-feu.

Les Etats-Unis ont mis en garde samedi les rebelles de "conséquences désastreuses" s'il coopèrent avec l'ancien Front al Nosra. Plusieurs groupes, modérés ou extrémistes islamistes, ont combattu dans le sud d'Alep au coté de Djabhat Fateh al Cham dans les dernières semaines.

Les rebelles d'Ahrar Al-Cham, l'un des plus grands rassemblements d'insurgés, ont critiqué la distinction opérée par l'accord à l'égard de certains groupes. Signe de leur entrelacement, ils ont annoncé samedi une offensive commune avec les combattants de l'ancien Front al Nosra.

POURSUITE DES COMBATS

Dimanche, les avions de Damas ont bombardé des positions de l'Etat islamique près de Palmyre, dans le centre du pays, a annoncé la télévision nationale.

Les rebelles ont affronté le groupe djihadiste au nord-est de Damas, a rapporté pour sa part l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Dans la province de Lattaquié, de violents affrontements se sont poursuivis, deux jours après le lancement d'un assaut du régime sur plusieurs villages proches de la route côtière vers Alep. Selon l'OSDH, des tirs d'artillerie lourde et des dizaines de bombardement aériens ont frappé la zone.

D'autres frappes ont touché la province d'Alep, et Idlib, voisine, dans le nord-est du pays dimanche, poursuivant des frappes meurtrière menées samedi. Plusieurs civils ont été blessés, à Sarakeb, dans un centre de secours pris pour cible par des bombardements, a annoncé l'OSDH. (Angus McDowall à Beirut et Mostafa Hashem au Caire; Danielle Rouquié et Julie Carriat pour le service français)