"La réunion de vendredi sonne le début d'un marathon de l'UE qui s'achèvera le 24/25 mars et devrait aboutir à des annonces qui vont être déterminantes pour l'évolution des spreads sans doute pour le reste de l'année. Faute d'un accord global et d'aménagements substantiels des dispositifs actuels, la Grèce n'aura en effet pas d'autre alternative que de faire défaut ou du moins de réaménager sa dette pour la rendre soutenable", note Natixis.

"En l'état actuel des choses, la Grèce va devoir refinancer à partir de 2012, 75% de ses tombées 2012 (25 milliards) et 100% de ses tombées 2012 (28 milliards), commencer à rembourser en 2013 le prêt de 110 milliards tout en couvrant ses déficits. Une tache difficile dans l'absolu et rendue quasiment impossible si la Grèce n'a pas d'autre choix que de revenir rapidement sur le marché et donc se refinancer sur des niveaux de taux insoutenables (18,2% à 3 ans)."

"Au minimum donc, il faudrait que soit accordé à la Grèce plus de temps pour rembourser les 110 milliards qui lui ont été prêtés. Contrairement à ce qui avait été par la suite accordé à l'Irlande, le calendrier de remboursement actuel est en effet beaucoup trop contraignant. (...) Pour avoir tout remboursé d'ici 2018, les remboursements doivent commencer dès août 2013 avec 6 milliards à rembourser, ce qui est beaucoup à l'aune des programmes de financement grecs (20 à 30 milliards entre 2005 et 2008)."

"L'UE doit ainsi accorder une extension du prêt au minimum sur les termes irlandais (de 3,5 à 7,5 ans) soit sur le maximum autorisé par le FMI. Si on prend les conditions irlandaises, la Grèce pourrait ne commencer à rembourser qu'en décembre 2014 et aurait jusqu'en 2023 pour rembourser la totalité du prêt. Un allégement de contrainte pas du tout neutre donc pour la Grèce."

"On peut penser qu'un geste de l'UE en ce sens est très probable. Une avancée absolument nécessaire mais sans doute pas suffisante pour durablement faire baisser les taux grecs. Le pacte pour l'euro et la réforme de l'ESM sont en effet sans doute tout aussi importants pour la suite... La forme de la courbe des taux pourrait évoluer différemment selon l'horizon et les différents facteurs qui l'influencent."

"Lors du précédent cycle de hausse de la BCE, les taux avaient été portés de novembre 2005 à juillet 2008 de 2 à 4%. Notons que la position dans le cycle était complètement différente en termes de croissance, core inflation, taux de chômage et hausse des coûts salariaux unitaires etc. La courbe des taux (spread 2-10 govies) était alors, dans cette période, une centaine de points de base plus plate qu'aujourd'hui en moyenne."

"Cette fois-ci, le fait que Trichet réfute l'idée d'un cycle de hausse des taux, un profil d'inflation attendu en baisse autour de 2% d'ici la fin de l'année et une croissance toujours sous le potentiel incite plutôt à penser qu'il y aura une voire deux hausses de 25pbs chaque au maximum. Le pricing du marché (trois hausses d'ici la fin de l'année, cinq voire six au total) semble trop agressif. On pourrait donc assister à une repentification de la courbe par le bas avant de revoir un aplatissement plus classique par la suite. Le 2-10 devrait ainsi s'aplatir d'une trentaine de points de base soit un mouvement nettement moins marqué donc qu'en 2005-08."

"A suivre cette semaine : le Schatz 03/2013, la France avec des BTAN (7 à 8,5 milliards de BTAN 07/2013 et 02/2016 et OAT 10/2010) et indexées (1,3 à 1,8 milliards de BTAN1 2016 et OATei 2022). Mais le principal focus sera sans doute l'adjudication de 10 ans (et de 2041 annoncé aujourd'hui) espagnols après le downgrade et en attendant d'en savoir plus sur les annonces de l'UE. Au total environ 18 milliards sont attendus à l'émission mais qui seront largement compensés par les papiers remboursés qui arrivent à maturité."