Après avoir passé l'essentiel de la séance en territoire positif et même amplifié leur progression juste après les décisions de la banque centrale, les principaux indices ont subi un retournement de tendance dans la dernière demi-heure de transactions, les investisseurs réduisant leur exposition au risque.

L'indice Dow Jones a perdu 106,93 points, soit 0,4%, à 26385,28. Le S&P-500, plus large, a cédé 9,59 points, soit 0,33%, à 2905,97.

Le Nasdaq Composite a reculé de 17,11 points, soit 0,21%, à 7990,37.

La Fed a relevé l'objectif de taux des fonds fédéraux ("fed funds") d'un quart de point à 2%-2,25% et si elle ne fait plus référence au caractère "accommodant" de sa politique monétaire, elle prévoit que l'économie américaine a encore trois ans de croissance devant elle, ce qui lui permettrait de clore en 2020 le cycle de hausse de taux entamé en 2015.

Son président, Jerome Powell, a toutefois souligné lors d'une conférence de presse que les modifications apportées à la rédaction du communiqué ne traduisaient pas une inflexion de la politique monétaire.

"Au contraire, c'est un signe montrant que la politique

monétaire évolue conformément aux attentes", a-t-il ajouté.

La courbe des rendements obligataires s'est aplatie après ces déclarations tandis que Wall Street passait dans le rouge.

Les échanges ont porté sur 7,0 milliards d'actions, contre 6,7 milliards en moyenne sur les 20 dernières séances.

VALEURS

L'indice S&P du secteur financier a cédé 1,27% et parmi les principales banques du pays, JPMorgan a abandonné 1,18%, Wells Fargo 1,97%, Bank of America 1,76% et Goldman Sachs 1,56%, l'une des plus fortes baisses du Dow Jones.

Mais l'accès de faiblesse de la fin de séance a aussi affecté les secteurs des services aux collectivités ("utilities") et de l'immobilier, qui ont perdu respectivement 1,04% et 1,15%.

Egalement dans le rouge, Nike a perdu 1,29% au lendemain de la publication de ses résultats trimestriels, supérieurs aux attentes mais qui montrent aussi une progression plus lente qu'attendu des marges.

A la hausse, IBM a gagné 1,81% après le relèvement de la recommandation d'UBS, passé à l'achat sur le géant de l'informatique.

Twenty-First Century Fox a pris 1,02% après avoir accepté de céder ses parts du britannique Sky à Comcast. Walt Disney, qui s'apprête à racheter des actifs de Fox, a gagné 1,39%.

Pour sa première séance de cotation, le spécialiste des sondages en ligne SurveyMonkey a brillé, gagnant jusqu'à près de 67% par rapport à son prix d'introduction de 12 dollars, fixé au-dessus de la fourchette initiale.

TAUX

Les rendements des bons du Trésor ont fini en baisse et la courbe des rendements américains affichait en fin de séance son profil le plus plat depuis plus d'une semaine face à la perspective d'une poursuite de la hausse graduelle des taux.

Le rendement des Treasuries à dix ans a fini la journée sous 3,05%, au plus bas depuis huit jours, contre plus de 3,08% avant l'annonce des décisions de la Fed. Il était monté mardi jusqu'à 3,113%, au plus haut depuis mai.

Son repli s'est accentué pendant la conférence de presse du président de la banque centrale, Jerome Powell.

"Ses déclarations sur l'économie (...) étaient plutôt optimistes", a résumé Dec Mullarkey, directeur des stratégies d'investissement de Sun Life Investment Management. "Sur le front de l'inflation, il évoque une situation plutôt maîtrisée."

Jerome Powell a en effet déclaré que la Fed ne prévoyait pas que l'inflation surprenne à la hausse.

Le rendement à 30 ans a lui aussi cédé cinq points de base à 3,18% et le deux ans plus de deux points à 2,819%.

Les futures de taux confirment que Wall Street table sur une nouvelle hausse des "fed funds" en décembre et en anticipe deux en 2019.

CHANGES

Le dollar s'est d'abord replié face au yen et à l'euro en réaction au communiqué de la Fed mais il a ensuite repris du terrain et affichait en fin de séance un gain de 0,13% face à un panier de devises de référence.

Ces mouvements suggèrent que les cambistes ont d'abord vu dans les déclarations de la banque centrale des signaux suggérant un possible ralentissement de la hausse des taux, puis qu'ils les ont interprétées comme des éléments susceptibles de favoriser l'appréciation du billet vert.

L'euro a brièvement repassé le seuil de 1,1750 dollar avant de revenir vers 1,1740.

"Les éléments d'un rebond plus soutenu de la monnaie unique européenne se mettent progressivement en place, parmi lesquels une dynamique des flux de capitaux plus favorable et un positionnement plus équilibré sur l'euro", estime Wells Fargo dans une note.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé en baisse sur le marché new-yorkais Nymex après l'annonce d'une hausse inattendue des réserves de brut aux Etats-Unis, même si la perspective de l'entrée en vigueur de sanctions américaines contre l'Iran a limité leur repli.

Le contrat novembre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 71 cents, soit 0,98%, à 71,57 dollars le baril.

Le Brent a quant à lui cédé 53 cents à 81,34 dollars.

Après cinq semaines de recul qui les avaient ramenés au plus bas depuis février 2015, les stocks de brut américains ont augmenté de 1,85 million de barils la semaine dernière en raison d'une nette baisse d'activité des raffineries pour des opérations saisonnières de maintenance, a annoncé l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).

Les économistes interrogés par Reuters attendaient en moyenne une baisse de 1,3 million de barils.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les ventes de logements neufs aux Etats-Unis ont augmenté de 3,5% en août pour atteindre 629.000 unités en rythme annualisé, un rebond plus marqué qu'attendu après deux mois de baisse, mais la tendance de fond reste au ralentissement du marché immobilier avec la remontée des taux et la hausse des prix.

Ces chiffres ont fait baisser les valeurs de la construction résidentielle comme D.R. Horton (-1,02%), KB Home (-3,08%) ou Lennar (-1,98%). L'indice sectoriel S&P a cédé 1,48%.

LA SÉANCE EN EUROPE

Avant les annonces de la Réserve fédérale, les principales Bourses européennes ont clôturé en légère hausse et non loin des récents plus hauts de quatre semaines.

À Paris, l'indice CAC 40 a gagné 0,61% à 5.512,73 points. Le Footsie britannique a pris 0,05% et le Dax allemand 0,09%. L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 0,39%, le FTSEurofirst 300 de 0,28% et le Stoxx 600 de 0,3%.

Parmi les progressions sectorielles les plus marquées du jour figurent des compartiments défensifs comme l'alimentation et les boissons (+0,71%), les services aux collectivités ("utilities") (+0,64%) et l'immobilier (+0,6%).

Airbus a gagné 3,24%, la plus forte hausse du CAC. Le groupe réunit exceptionnellement son conseil d'administration en Chine, où il prévoit d'augmenter l'assemblage des avions sur place avec l'espoir de débloquer des discussions sur un contrat portant sur jusqu'à 180 avions, a-t-on appris de sources du secteur.

A SUIVRE JEUDI :

Au-delà des réactions des marchés asiatiques et européens aux décisions et aux annonces de la Réserve fédérale, les investisseurs suivront principalement la présentation du projet de budget du gouvernement italien, qui pourrait n'intervenir qu'en fin de journée.

Du côté des indicateurs, les la première estimation de l'inflation en Allemagne en septembre (à 12h00 GMT) puis les chiffres définitifs de la croissance américaine au deuxième trimestre (à 12h30 GMT), en attendant les le discours que Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), doit prononcer à 13h30 GMT.

Jerome Powell s'exprimera quant à lui à 20h30 GMT lors d'une conférence économique à Washington.

(Avec Noel Randewich à New York)

par Marc Angrand