New York (awp/afp) - La Bourse de New York s'enfonçait dans le rouge lundi peu après l'ouverture, frappée par la brusque montée des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis avec des représailles de Pékin.

Vers 14H20 GMT, l'indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones Industrial Average, cédait 2,12% à 25.393,56 points.

L'indice Nasdaq, à forte coloration technologique, perdait 2,84% à 7.692,12 points et l'indice élargi S&P 500 2,16% à 2.819,22 points.

Les soubresauts des négociations sino-américaines avaient déjà tenu les investisseurs en haleine au cours des dernières séances, faisant baisser la semaine dernière le Dow Jones de 2,0% et le Nasdaq de 3,0%.

Après une nouvelle session de pourparlers, responsables américains et chinois s'étaient quittés vendredi sans accord mais en prévoyant a priori de se revoir.

Le ton est monté durant le week-end, Donald Trump ayant notamment promis une situation "bien pire" si la négociation devait se poursuivre au cours de son éventuel second mandat de président des Etats-Unis. Dans un autre tweet lundi, le locataire de la Maison Blanche a conseillé à la Chine de ne pas "répliquer" aux nouvelles taxes douanières imposées par les Etats-Unis, prédisant qu'une escalade dans cette guerre commerciale "ne ferait qu'empirer les choses".

Ces menaces n'ont pas empêché la Chine d'annoncer lundi, en guise de représailles, une augmentation à partir du 1er juin de ses droits de douane sur des produits américains représentant 60 milliards de dollars d'importations annuelles.

"On était préparé à ce que les négociations ne parviennent pas forcément à un succès vendredi, mais pas à ce durcissement du ton de Donald Trump (...) et à l'annonce de mesures de rétorsion chinoises", a commenté Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services.

"La question maintenant est de savoir si on parvient à un accord en deux semaines ou si ces évolutions traduisent un réel échec", a-t-il ajouté.

Apple, Caterpillar, Boeing

Des groupes américains générant une importante part de leur chiffre d'affaires en Chine étaient en tout cas particulièrement chahutés lundi, à l'instar du fabricant d'engins de chantiers Caterpillar (-4,11%) ou du constructeur aéronautique Boeing (-3,31%).

Selon un tweet du rédacteur en chef du journal Global Times contrôlé par le gouvernement chinois, Pékin pourrait réduire des commandes d'avions Boeing ainsi que des achats de produits agricoles américains.

Apple, qui importe beaucoup de composants et produits finis depuis la Chine, dégringolait pour sa part de 5,25%.

Le secteur des semi-conducteurs était aussi affecté, Nvidia cédant 3,72%, Advanced Micro Devices 4,72%, Qualcomm 2,83% et Intel 2,21%.

Etaient également pris dans la tourmente les entreprises chinoises cotées à la Bourse de New York comme Alibaba (-4,53%) ou Weibo (-4,72%).

Le marché chutait également pour des raisons plus techniques, selon M. Volokhine: certains investisseurs ayant beaucoup parié depuis le début de l'année sur un marché stable et un faible niveau de volatilité, doivent désormais, face au regain de fébrilité des traders, se délester de leurs positions.

Sur le marché obligataire, le taux sur la dette à 10 ans des Etats-Unis baissait à 2,401% contre 2,467% vendredi soir, signe de l'attrait des investisseurs pour les actifs jugés plus sûrs que les actions.

Parmi les autres valeurs du jour, Uber plongeait de 7,70% après avoir déjà perdu 7,6% vendredi à l'issue de sa première séance à la Bourse de New York. Son grand rival Lyft était également pris pour cible, perdant 5,69% après avoir déjà abandonné 7,4% vendredi. Les deux groupes pâtissaient des interrogations des investisseurs sur leur modèle économique.

Le géant israélien des médicaments génériques Teva, coté à Wall Street, s'effondrait de 12,43% après l'annonce du lancement de poursuites à son encontre aux Etats-Unis pour entente sur les prix avec d'autres laboratoires.

La chaîne d'articles de maisons Bed Bath and Beyond perdait 4,76% après l'annonce de la démission, avec effet immédiat, de son directeur général, Steven Temares, sous la pression d'investisseurs activistes. Il sera remplacé temporairement par Mary Winston.

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