Le groupe de médias, dont la stratégie prévoit de céder ses participations minoritaires, s'était résolu à un projet d'IPO de ses 20% dans Canal+ France faute de s'être entendu sur un prix avec Vivendi, propriétaire du solde.

"L'avantage pour nous d'être une entreprise contrôlée avec une stratégie de long terme, c'est qu'on ne s'est pas précipité il y a quelques années sur le premier prix que je qualifierais pour être poli d'indécent", a déclaré Arnaud Lagardère lors de l'assemblée générale des actionnaires.

"C'était d'une certaine manière un peu quand même spolier les intérêts du groupe Lagardère".

Vivendi s'est refusé à tout commentaire sur une éventuelle IPO des parts de Lagardère dans la chaîne cryptée.

Arnaud Lagardère a ajouté que les discussions allaient reprendre très vite et, observant une reprise des opérations de ce type sur les marchés en ce moment, il a estimé que l'IPO pourrait intervenir "dans les mois qui viennent".

"Peut-être qu'ils (Vivendi) seront contents finalement d'une introduction en Bourse dans laquelle ils pourraient aussi céder un petit peu tout en gardant le contrôle, j'imagine", a-t-il dit à des journalistes à l'issue d'une assemblée générale très calme, à l'inverse de celle de Vivendi en avril.

Plusieurs sources ont dit à Reuters que le conglomérat, qui détient 80% de Canal+, avait engagé une réflexion sur son périmètre d'activité et sa stratégie sur fond de cours de Bourse en berne.

UN MARIAGE, UN BÉBÉ ET UNE COOPÉRATION AVEC LE QATAR

Bronzé, le cheveu ras, Arnaud Lagardère s'est réjoui de son "vrai bonheur" avec Jade Foret, jeune mannequin belge, qui est venue l'embrasser à la fin de l'assemblée générale.

"On va se marier très bientôt. On va avoir un enfant très bientôt, au mois de septembre", a-t-il dit. "Je lui renouvelle mon amour".

En dépit de la perte nette part du groupe de 707 millions d'euros enregistrée en 2011, conséquence des difficultés de son pôle sport, Lagardère versera un dividende de 1,30 euro par action, un niveau stable depuis cinq ans.

"Ma situation personnelle ne me met pas en danger et ne met pas en danger l'entreprise", a souligné Arnaud Lagardère, faisant référence à son endettement personnel. "J'aime cette entreprise et je vais continuer jusqu'à mon dernier souffle de la gérer".

Arnaud Lagardère a dit que son groupe avait connu un premier trimestre en ligne avec ses attentes en termes de résultat, mais "un petit peu plus difficile" en termes de chiffre d'affaires.

Le groupe, qui possède Elle, Paris Match et Europe 1, publiera son chiffre d'affaires trimestriel le 10 mai.

Arnaud Lagardère a maintenu la prévision du groupe pour 2012, à savoir une stabilité de son résultat opérationnel (Résop) médias en 2012 à périmètre et changes constants dans l'hypothèse de recettes publicitaires stables dans sa division Active, dédiée aux médias.

Cette prévision n'intègre pas toutefois plusieurs éléments liés à la division Unlimited, le pôle du groupe dédié au sport, dont l'éventualité du règlement d'un litige sur le cricket en Inde ainsi que les négociations en cours pour la commercialisation des droits télévisuels des prochains Jeux olympiques de 2014 et 2016.

Arnaud Lagardère a également précisé qu'un représentant de Qatar Holding, une des branches d'investissement du fonds souverain Qatar Investment Autority (QIA), entrerait ce vendredi au conseil d'Unlimited.

Ce fonds, devenu en décembre le premier actionnaire de Lagardère avec 10,07% du capital, a porté en mars sa participation à 12,8%, suscitant des interrogations sur les visées du Qatar, investisseur très actif en France, notamment avec les nouvelles chaînes sportives d'Al Djazira.

Interrogé par des journalistes sur le fait de savoir si ce fonds avait demandé à avoir un siège au conseil du groupe, Arnaud Lagardère a répondu par la négative.

"Ce ne sont pas du tout des prédateurs comme je l'ai lu, c'est de la folie de le penser. Il ne faut pas fantasmer", a-t-il dit, préférant annoncer des coopérations prochaines dans les achats de droits sportifs, voire dans la production et le développement de chaînes.

Edité par Marc Angrand

par Cyril Altmeyer