PARIS (Reuters) - Michelin a annoncé mercredi un projet de suppression de 2.300 postes d'ici trois ans en France, sans licenciement ni fermeture de site, dans le cadre d'un plan de "simplification et de compétitivité" de ses activités avec la volonté de mettre l'accent sur les industries de pointe à forte valeur ajoutée.

Ces 2.300 suppressions de postes représentent environ 11% de l'effectif du groupe en France, où il emploie 21.000 personnes.

Interrogé sur ce plan, le gouvernement a déclaré qu'il serait "vigilant" à ce que le groupe respecte ses engagements.

Michelin met en garde depuis plusieurs années sur les conséquences de l'arrivée en Europe de pneumatiques à bas coûts venus notamment d'Asie.

Dans une interview au Figaro, Florent Menegaux, le président du groupe auvergnat, souligne ainsi que cette restructuration n'est pas liée aux conséquences économiques de la pandémie de COVID-19, qui a pourtant durement frappé le secteur automobile avec des ventes en France retombée l'an dernier à leur niveau de 1975.

"Cette restructuration aurait été lancée même si la crise du COVID n'avait pas eu lieu", dit Florent Menegaux au Figaro. "Il n'y a pas de lien entre l'impact conjoncturel du COVID et ce plan destiné à améliorer structurellement notre compétitivité et notre productivité. Nous l'aurions mis en oeuvre quoi qu'il arrive."

"Cela fait 18 mois que la concertation a démarré sur ce sujet avec les organisations syndicales. Les deux périodes de confinement n'étaient pas propices à ces annonces", ajoute-t-il.

PROMESSE DE RECRÉATION DE POSTES ÉQUIVALENTE

Dans un communiqué, le manufacturier français explique être confronté depuis une dizaine d'années "à de profondes transformations structurelles du marché mondial du pneumatique, marqué notamment par l'arrivée massive de produits à bas coûts".

Il juge donc nécessaire d'"accompagner les évolutions stratégiques de ses activités pour préparer l'avenir", notamment en France, où il souhaite "moderniser ses sites et renforcer son positionnement sur des pneumatiques haut de gamme et de spécialités, à haute plus-value technologique".

Michelin entend poursuivre "sa stratégie de localisation en France de nouvelles activités à forte valeur ajoutée, notamment dans les domaines des services, des matériaux durables, de la transition énergétique et du recyclage".

Il dit tabler sur une amélioration de sa compétitivité pouvant aller jusqu'à 5% par an pour les activités tertiaires et l'industrie.

Le fabricant de pneumatiques précise que "près de 60% des départs envisagés se feraient sur la base de départs anticipés à la retraite et le reste par des départs volontaires accompagnés".

Pour tout poste supprimé, il s'engage "à contribuer à en recréer un autre, soit dans le cadre du développement de ses nouvelles activités, soit en prenant part à la redynamisation des bassins d'emplois".

La ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a déclaré que le gouvernement veillerait "à ce que Michelin respecte ses engagements: la création de nouveaux postes en France avec la localisation de nouvelles activités à forte valeur ajoutée, la compensation de chaque emploi par un autre emploi, les mesures d'accompagnement des salariés et enfin un plan d'investissement pour moderniser les outils de production, gage de la pérennité des sites français à moyen terme".

Pour le syndicat FCE-CFDT cependant, "ces annonces sont un très mauvais signal quant à la volonté de Michelin de poursuivre une implantation industrielle sur le sol français".

A la Bourse de Paris, l'action Michelin avançait de 0,14% vers 13h30 GMT, alors que le CAC 40 progressait de 0,8% au même moment.

(Bertrand Boucey, Jean-Philippe Lefief, Gilles Guillaume et Gwénaëlle Barzic, édité par Blandine Hénault et Jean-Stéphane Brosse)