(Actualisation: précisions sur l'accord avec la LIA, montant total des provisions pour litiges, calendrier de l'introduction en Bourse et valorisation estimée d'ALD, propos du directeur général sur l'élection présidentielle, commentaire d'analyste, réaction en Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Société Générale (>> Société Générale) a publié jeudi un bénéfice net en baisse et inférieur aux prévisions des analystes au titre du premier trimestre, en raison d'une provision complémentaire pour litiges et d'un effet de base défavorable.

La troisième banque française cotée en termes d'actifs a dévoilé un résultat net de 747 millions d'euros pour la période de janvier à mars, en baisse de 19,2% par rapport aux trois premiers mois de 2016, malgré une hausse de 4,8% du produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires), à 6,47 milliards d'euros.

Les analystes anticipaient en moyenne un bénéfice net de 776 millions d'euros et un produit net bancaire de 6,39 milliards d'euros pour le premier trimestre, selon le consensus élaboré par le fournisseur de données financières FactSet.

Une provision pour litige de 350 mlns d'euros liée à LIA

Le fléchissement du résultat net tient notamment à une dotation complémentaire de 350 millions d'euros aux provisions pour litiges, liée au différend entre la Libyan Investment Authority (LIA) et Société Générale.

La banque française a annoncé jeudi matin avoir conclu un accord transactionnel avec le fonds souverain libyen, qui lui réclamait 2,1 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros) pour de supposés faits de corruption. Dans le cadre de cet accord, la banque paiera 963 millions d'euros à la Libyan Investment Authority.

"En soldant ce litige, nous évitons un long procès à l'issue incertaine, qui aurait demandé beaucoup de ressources et concerné des faits remontant à une dizaine d'années. Nous préférons nous consacrer à la transformation de notre groupe", a expliqué Frédéric Oudéa, le directeur général de la banque française, lors d'une conférence téléphonique.

Dans cette perspective, le dirigeant veut en finir avec "les litiges du passé", comme celui concernant des opérations effectuées en dollars dans des pays soumis à embargo américain, dont le règlement "prendra au minimum encore quelques mois", a-t-il précisé. Société Générale totalise 2,4 milliards d'euros de provisions pour litiges, a indiqué Frédéric Oudéa.

La dotation de 350 millions d'euros aux provisions pour litiges a provoqué un bond de 19,7% du coût du risque (provisions pour risques d'impayés), à 627 millions d'euros. Hors cette dotation, le coût du risque a chuté de de 47,2% au premier trimestre, à 277 millions d'euros.

Le résultat net du premier trimestre 2016 avait par ailleurs bénéficié d'un remboursement partiel de l'amende Euribor pour 218 millions d'euros. Défalqué de l'ensemble de ces éléments exceptionnels, le résultat de Société Générale ressort à 1,39 milliard d'euros sur les trois premiers mois de l'année, en hausse de 50%.

Dans l'activité de banque de détail en France, le PNB a reculé de 1,3%, à 2,06 milliards d'euros, au premier trimestre et le bénéfice net a fléchi de 2,7%, à 319 millions d'euros, en raison de la faiblesse des taux qui rogne les marges nettes d'intérêt des banques au sein de la zone euro.

La BFI en vedette grâce à la "reflation"

En revanche, la division de banque de détail et de services financiers internationaux, peu exposée à la zone euro et donc aux taux bas, a vu son bénéfice net grimper de 44,3% au cours des trois premiers mois de 2017, à 433 millions d'euros. Son PNB a augmenté de 8,4%, à 1,98 milliard d'euros, grâce à un environnement économiqe toujours bien orienté dans les pays d'Europe centrale et orientale, comme la Roumanie.

Au sein du pôle de banque de détail et de services financiers internationaux figure ALD, la filiale de location longue durée (LLD) de véhicules de Société Générale, dont la banque a toujours l'intention d'introduire 20% à 25% du capital sur la Bourse de Paris aux alentours de la fin du printemps.

"Si tout se déroule comme prévu, ALD sera sur le marché dans la deuxième partie du semestre", a indiqué Bernardo Sanchez Incera, directeur général délégué de Société Générale.

L'objectif de cette opération est de permettre à la filiale de financement automobile du groupe bancaire de se donner tous les moyens de se développer sur le marché en plein essor de la mobilité. Dans une récente note, les analystes de HSBC estimaient la valorisation d'ALD entre 4,8 milliards et 6,5 milliards d'euros.

De son côté, la banque de financement et d'investissement (BFI) de Société Générale a vu son résultat net bondir de 62,3%, au premier trimestre, à 383 millions d'euros, pour un PNB en hausse de 5,4%, à 2,48 milliards d'euros. Comme chez la plupart de ses concurrentes américaines, les activités de marchés de Société Générale ont bénéficié de la thématique de la "reflation" dans le sillage de l'élection de Donald Trump.

Sur le front du bilan, le ratio Core tier one (CET1), qui mesure les fonds propres de grande qualité rapportés aux actifs pondérés des risques, s'établissait à 11,6% à la fin mars contre 11,5% au 31 décembre.

Le titre en léger recul avant le deuxième tour des élections

L'action Société Générale cédait 0,41%, à 51,19 euros, jeudi en milieu de séance. "Les résultats sont corrects mais l'action avait bien monté ces derniers temps", expliquent les analystes d'UBS dans une note. Comme ceux des autres banques françaises, le titre Société Générale s'était envolé de 9,9% au cours de la seule séance du 24 avril, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle qui avait écarté le scénario d'un affrontement entre les candidats eurosceptiques Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon au second tour.

Interrogé sur une éventuelle victoire de Marine Le Pen à l'élection présidentielle, Frédéric Oudéa a répondu que le groupe "se prépar[ait] à chaque fois qu'un choc de marché est susceptible de se produire." Mais, à ce sujet, "je vous renvoie au débat d'hier", a ajouté Frédéric Oudéa, en référence à l'affrontement télévisé de mercredi soir qui a tourné à l'avantage du candidat d'En Marche!, Emmanuel Macron, d'après les sondages.

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 48 14; clejoux@agefi.fr ed: VLV

(Valérie Venck a contribué à cet article)

Valeurs citées dans l'article : Société Générale