Mauvaise passe pour RIEF
James Simsons est le patron du fonds d'investissement qui a engrangé les plus copieux bénéfices l'an passé : 2,5 milliards de dollars.

Mais sur les premiers mois de 2009, les affaires sont moins florissantes pour ce double docteur en mathématiques et en littérature. Selon plusieurs sources, son fonds ouvert Renaissance Institutional Equities Fund (RIEF), spécialisé dans les actions de classe B, connaitrait quelques difficultés.

Destiné principalement aux investisseurs institutionnels, et notamment aux fonds de pension, RIEF ne serait pas parvenu à faire mieux que l'indice Standard & Poor's 500, comme James Simons s'y était engagé. RIEF aurait même perdu 17 % sur le seul mois d'avril alors que, dans le même temps, le S&P 500 gagnait 3%.

Certes, l'an passé, RIEF avait également perdu de l'argent (-16%), mais il avait au moins surperformé le S&P 500 (-38%). Simons, peu bavard en général, s'est même fendu d'une conférence téléphonique pour répondre aux interrogations de ses clients. Il a rappelé être le principal investisseur du fonds, tout en expliquant que RIEF n'est pas conçu pour réagir comme le fonds phare de l'homme d'affaire, Medallion, réservé à une poignée de proches.

Les deux instruments sont basés sur des modèles mathématiques complexes, gérés par de puissants ordinateurs, mais Medallion repose sur des échanges ultra-rapides.

Deux poids, deux mesures ?
En fait, il semblerait que Simons se soit fait prendre à son propre jeu. Avec RIEF, il a continué une stratégie qui lui avait beaucoup rapporté l'an passé : miser sur la baisse des marchés. Mais le rebond qui a lieu depuis quelques mois l'a surpris, et l'homme a dû perdre de grosses sommes sur une série de ventes à découvert.

Mais les investisseurs sont un peu amers. Comment RIEF a-t-il pu perdre 17% quand Medallion - réservé on le rappelle à James Simons, sa famille, ses amis et certains de ses employés - aurait gagné 12% ?

En outre, selon une source anonyme citée par Reuters, RIEF aurait encore perdu 2 % entre le 1er et le 8 mai. Dans une lettre à ses actionnaires, Simons expliquait « comprendre la gêne de ses clients ». Une attention aimable mais peut-être insuffisante pour les réconforter.

Les leçons d'un faux-pas
À vrai dire, ses clients se sont un peu lassés, l'an passé, de voir leur gourou engranger des bénéfices, quand eux-mêmes parvenaient à peine à se maintenir à flot. Les investisseurs ont retiré 12 milliards de dollars d'actifs de Renaissance Technologies l'an passé, descendant à 18 milliards. Quelles leçons tirer de ce « rare faux-pas » (The Wall Street Journal, 18/05) dans la carrière de James Simons ?

Tout d'abord, force est de constater que les marchés actuels donnent priorité à ceux qui réagissent le plus vite et sur des actifs très diversifiés. Ensuite, cette mésaventure montre qu'il ne suffit plus de faire confiance à un grand nom des affaires pour s'assurer des gains. Enfin, la chute de RIEF survient alors que l'autorité américaine de surveillance des marchés financiers, la SEC, a lancé d'importantes investigations pour élucider les pratiques des hedge funds, avec James Simons en principale ligne de mire.