C’est en direct de sa péniche que Jean-Baptiste Descroix-Vernier a accepté de nous parler. Comme il le dit lui même, « un iPad et une connexion wifi et je peux diriger mon entreprise ». Encore faut-il préciser qu’il ne parle pas d’une petite entreprise mais bien d’un groupe florissant de plus de 250 salariés qui a enregistré en 2010 un chiffre d’affaires de 90 millions d’euros.

Oui, notre baron est un de ces hommes que le Net à rendu riche, très riche.

Pourtant, les premiers pas de Jean-Baptiste Descroix-Vernier ressemblent à ceux de nombreux jeunes entrepreneurs qui ont tenté leur chance en créant une start-up à la fin des années 90. Grâce à son site de bourse, il parvient à générer du trafic, jusqu’à 1 million de visiteurs uniques par mois. Oui mais voilà, ce trafic ne lui permet pas de créer du cash flow, or ce qu’il veut c’est être « cash maker ». La problématique à l’origine de sa réussite est donc simple : comment rentabiliser ce trafic ?

De cette question naît fin 2001 Rentabiliweb, une entreprise spécialisée dans la monétisation d’audiences sur Internet. Le concept novateur et percutant permet à notre baron de se tailler une place de rêve au sein de la toile où le tout gratuit est monnaie courante. Jack-pot. L’entreprise décolle. Trois ans après le lancement, des bureaux sont ouverts en Russie, en Bulgarie, en Roumanie, au Canada et dans les pays du Benelux. Le groupe se diversifie, chaque arbitrage se révèle stratégique. La marge progresse chaque année.

Satisfactions
Une des plus grandes fiertés de JBDV est d’accueillir des actionnaires de renom dans son groupe. Rentabiliweb est en effet la seule entreprise au monde à avoir Bernard Arnault et François-Henry Pinault au capital.

Tout commence en 2004, lorsqu’il débarque aux Etats-Unis en kilt afin de rencontrer Jean-Marie Messier dans les bureaux new yorkais de la banque Messier Partners. Sa bonne étoile est au rendez-vous, son audace paie. J2M accepte d’entrer au conseil d’administration de Rentabiliweb. Mieux, il lui présente Bernard Arnault, qui lui-même lui présente Stéphane Courbit et ainsi de suite. Stéphane Courbit, puis François-Henri Pinault sont séduits. Alain Madelin et Pierre Bergé rejoignent également le navire.

Rentabiliweb déploie ses stratégies BtoB et BtoC. D’abord attiré par les secteurs du jeu familial et de la rencontre, notre baron constate, il y a deux ans, que ce domaine n’est plus assez rentable et décide de se diversifier en intensifiant les efforts vers les secteurs féminins, bien-être, astrologie, humour et coaching personnel. Les acquisitions se multiplient (ClicBienEtre, filiale de Santé Naturelle du groupe Yves Rocher, Purevoyance.com , Abrutis.com...), le succès est une fois de plus au rendez-vous. « Nous sommes parmi les 105 audiences francophones mondiales grâce à nos sites. L’édition est ultra rentable, le BtoC représente 55% de notre chiffre d’affaires » explique t-il.

Cette performance mérite d’être éclaircie. Rentabiliweb s’est imposé grâce à son positionnement de niche. « J’ai toujours refusé la logique de marque » argue Jean-Baptiste Descroix-Vernier. Grâce à des coûts d’acquisition client bas et à une stratégie de cross ranking, Rentabiliweb suit l’internaute tout au long de sa journée. « J’ai développé un panel global de divertissement » explique celui qui aime à se présenter comme « le Canal+ du web ».

Ambitions
Rentabiliweb semble avoir de beaux jours devant lui. Prochaine étape ? « Le paiement en ligne, répond Jean-Baptiste Descroix-Vernier, c’est l’avenir du groupe ». Confiant, il espère enregistrer un EBITDA dépassant les 17 millions d’euros en 2011 (il était de 16 ,5 millions en 2010).

Enfin « afin de passer la crise proprement », le groupe versera aux actionnaires un acompte de dividende de 40 centimes le 7 novembre prochain, soit un dividende dix fois supérieur à celui versé l’année dernière, et un très fort rendement pour l’actionnaire, de près de 6.5%. Une politique qu’il compte renouveler a l’avenir.

Propos recueillis par Pauline Raud