Le conseil d'administration d'Engie a désigné vendredi l'ingénieure française Catherine MacGregor pour succéder à Isabelle Kocher en tant que directrice générale, avec pour mission d'accélérer dans les énergies renouvelables et les infrastructures tout en exécutant un ambitieux programme de cessions.

L'énergéticien espérait initialement se doter d'un nouveau dirigeant en septembre, près de huit mois après l'éviction d'Isabelle Kocher, mais son calendrier a été bousculé par l'offre de rachat de Veolia sur l'essentiel de sa participation dans Suez.

La proposition, dévoilée fin août, a été accueillie avec une hostilité farouche par Suez, provoquant un conflit ouvert entre les deux concurrents tandis qu'Engie et son premier actionnaire, l'Etat français, se retrouvaient en position d'arbitres.

Catherine MacGregor prendra ses fonctions le 1er janvier 2021.

"La vision que porte Catherine MacGregor sur la transformation et le développement du groupe, son expérience industrielle et internationale tout autant que son leadership et ses qualités managériales reconnues contribueront pleinement à la mise en oeuvre des orientations stratégiques présentées fin juillet", déclare le conseil d'administration dans un communiqué.

Membre de l'équipe dirigeante du groupe parapétrolier TechnipFMC, Catherine MacGregor est apparue en candidate surprise dans la dernière ligne droite du processus de désignation et faisait figure de favorite au cours des derniers jours.

Cette ingénieure de 48 ans, diplômée de Centrale Paris, affiche une forte expérience à l'international essentiellement dans l'industrie des énergies fossiles après avoir notamment passé 23 ans au sein du premier parapétrolier mondial Schlumberger.

La Française a rejoint en juillet 2019 TechnipFMC où elle devait prendre la tête de l'une des deux entités censées naître de la scission programmée du groupe franco-américain. L'opération a cependant été suspendue en mars dernier face aux turbulences économiques provoquées par la crise du coronavirus.

DINER ENTRE LES DIRIGEANTS DE SUEZ, ENGIE ET VEOLIA

La gouvernance d'Engie était devenue ces derniers mois un sujet politiquement sensible pour le gouvernement, en particulier parce qu'Isabelle Kocher était la seule femme à la tête d'une entreprise du CAC 40.

Le conseil d'administration d'Engie avait décidé en février de ne pas renouveler son mandat afin "d'engager une nouvelle étape de sa transformation et d'approfondir sa stratégie".

Sous la houlette de son président Jean-Pierre Clamadieu, le groupe a déjà tracé la feuille route de Catherine MacGregor : accélération dans les énergies renouvelables et les infrastructures, revue stratégique des activités services et amplification du programme de cessions.

A plus court terme, Engie devra se prononcer définitivement d'ici lundi sur l'offre, revue à la hausse, de Veolia pour l'essentiel de sa participation dans Suez (29,9% sur 32%). Ce dernier a de son côté annoncé jeudi soutenir le projet du fonds français Ardian de bâtir une contre-offre.

Selon une source au fait du dossier, Jean-Pierre Clamadieu a organisé jeudi soir un dîner avec le PDG de Veolia Antoine Frérot et le président de Suez Philippe Varin qui s'est déroulé "dans un climat constructif".

Outre le défi de la recomposition d'Engie dans le contexte de la crise sanitaire provoquée par le COVID-19, Catherine MacGregor devra également réussir à trouver sa place auprès d'un président du conseil à l'initiative de plusieurs choix stratégiques dont celui de la cession de la participation dans Suez.

(Gwénaëlle Barzic, édité par Blandine Hénault et Bertrand Boucey)