La décision avait été prise en avril dernier ; elle se matérialise en ce début d'année : Fiat est désormais coupé en deux entités distinctes, chacune étant cotée en Bourse. Fiat SpA concentre les marques automobiles du groupe (Fiat, Lancia, Alfa Romeo, Ferrari, Maserati et la part détenue dans Chrysler), et Fiat Industrial regroupe le reste des actifs (engins agricoles, camions et bus Iveco, véhicules industriels, bateaux).

John Elkann, qui a pris les commandes de l'ex-empire Agnelli et est donc le principal investisseur du groupe, souligne : « Cette scission est un moment déterminant pour l'histoire du constructeur centenaire italien », confronté à de notoires difficultés financières. Cette séparation vise à donner davantage de visibilité aux marques historiques de Fiat, mais surtout à accélérer le rapprochement avec Chrysler.

L'ambition avouée de John Elkann est que Fiat, qui détient actuellement 20% de son partenaire américain, monte à plus de 50% avant la fin 2011. Mais, pour réussir ce pari, plusieurs conditions sont nécessaires, et notamment celle de restaurer une rentabilité disparue.

Pour Sergio Marchionne, patron opérationnel de Fiat, il n'est en effet pas normal qu'un ouvrier italien fabrique moins de 30 véhicules par an, alors que son homologue brésilien en fabrique 77 et l'ouvrier polonais 100. Pour rattraper ce retard, les ouvriers des sites italiens du constructeur ont donc été contraints de signer un certain nombre d'accords augmentant leur temps de travail effectif pour conserver leur emploi.

Le quotidien Les Echos s'est ainsi rendu sur le site napolitain de Fiat pour constater leur amertume. « On nous a mis un pistolet sur la tempe, en nous proposant des perspectives d'emploi à condition qu'on rogne sur nos droits, c'était du chantage », estime ainsi un responsable syndical de la Fiom.

Mais le jeu en vaudra peut-être la chandelle, sachant les risques (et les dettes) pesant sur l'activité du constructeur italien. Du côté de Chrysler, dont les salariés ont aussi accepté de faire de considérables efforts, une amélioration de la productivité de Fiat est une condition sine qua non d'un rapprochement.