Alors que Microsoft a avancé à mai la date de lancement de la suite Office 2010, Google vient frapper là où ça fait mal : le traitement de texte Word, le tableur Excel et Powerpoint, les trois piliers de la suite logicielle.

La nouvelle version d'Office se distingue avant tout par ses fonctionnalités de travail collaboratif en ligne. Une manière de répondre aux Google Apps, qui montent en puissance et permettent déjà à plusieurs utilisateurs distants de travailler sur un même document. Google est un spécialiste du modèle des "nuages", où les utilisateurs accèdent à des logiciels basés sur des serveurs très éloignés.

En reprenant la société DocVerse, Google s'infiltre littéralement à l'intérieur des logiciels bureautiques phares de Microsoft. Car il se trouve que DocVerse conçoit les "plug-ins" - de petits logiciels qui s'insèrent dans un programme plus important et se lancent automatiquement - qui permettent de transformer Word, Excel et Powerpoint en outils collaboratifs.

En résumé, c'est désormais grâce à Google que Microsoft pourra proposer à ses clients le partage de leurs documents en ligne... Le sacrilège contre la firme de Redmond est cette foi-ci totalement consumé.

Et comme dans tout bon Péplum, l'affaire DocVerse intègre deux personnages renégats. En effet, les deux fondateurs de DocVerse, qui viennent de céder leur compagnie à Google, sont d'anciens employés de Microsoft. Et les deux comparses claironnent que, d'ici peu, il sera possible de connecter leurs plug-ins aux logiciels bureautiques de Google.

Pour le site 01Net (08/03), l'objectif de Google ne fait pas de mystère : proposer alternativement aux utilisateurs les deux solutions, Office et Google Apps, et les inciter à glisser progressivement vers la deuxième offre.

Et histoire de bien faire les choses, Google annonçait, le lendemain de l'acquisition de DocVerse, le lancement d'une nouvelle boutique en ligne baptisée Google Apps Marketplace, où les entreprises peuvent acheter des applications ciblées pour améliorer les performances de leurs équipes travaillant sous Google Apps.

Une agression... en forme d'hommage
On peut imaginer que le patron de Microsoft, Steve Ballmer, a dû accueillir fraichement ces nouvelles. Rappelons-le tout de même : Microsoft reste - et de loin - le leader incontesté sur les suites logicielles bureautiques.

Mais tout de même, l'offensive de Google devient de plus en plus concrète. Surtout, le bébé de Larry Page et Serguey Brin s'attaque à la vache à lait de Microsoft : Office est à l'origine de 90% des revenus de la division entreprises du groupe.

Pourtant, le site spécialisé SFGate.com (10/03) met en avant un amusant paradoxe. En reprenant DocVerse, Google rend en fait un vibrant hommage à... Microsoft. Car Google reconnaît du coup la primauté absolue du groupe de Redmond sur le marché de la bureautique. Et Larry Page admet du même coup qu'il a commis une erreur en ne permettant pas d'emblée la compatibilité entre les logiciels Google Apps et la suite Office.

Car certes, en quelques années, Google s'est hissé au niveau de la firme fondée par Bill Gates. Mais l'image de Microsoft, notamment dans l'entreprise, reste extrêmement favorable. Selon une récente étude de Forrester, 80% des entreprises utilisent l'une ou l'autre des versions d'Office, et 78% d'entre elles n'envisagent absolument pas de recourir à d'autres logiciels que ceux vendus par Microsoft.

En somme, Google doit encore parcourir une longue route pour conquérir le cœur et le cerveau des managers...