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TOKYO (Reuters) - Le concepteur de puces Arm, propriété de SoftBank, va déposer lundi son dossier d'introduction en Bourse (IPO) sur le Nasdaq, avec une question clé pour les investisseurs: la société profitera-t-elle de l'essor de l'intelligence artificielle (IA)?

Depuis l'acquisition du concepteur de puces en 2016, le directeur général de Softbank, Masayoshi Son, a positionné Arm comme le joyau de la couronne du groupe d'investissement dans la technologie. Ces derniers mois, il a parlé avec enthousiasme du rôle qu'Arm pourrait jouer dans l'IA et affirmé que sa filiale pourrait connaître une "croissance exponentielle".

Arm "est au centre d'un groupe d'entreprises liées à l'IA pour générer des synergies", a-t-il déclaré aux investisseurs en juin, ajoutant que "85% des actifs de SoftBank Group sont des entreprises liées à l'IA à l'étranger".

Jusqu'ici, Masayoshi Son a toutefois été peu disert sur les projets d'Arm dans l'IA. Les investisseurs espèrent que le dépôt du dossier d'IPO, qui devrait intervenir lundi selon certaines sources, fournira des indices supplémentaires sur la stratégie de SoftBank en matière d'IA et sur la valorisation d'Arm.

Selon des sources, Softbank a établi une valorisation de 64 milliards de dollars pour sa filiale mais Masayoshi Son a déjà eu l'occasion par le passé d'exagérer les perspectives d'Arm, notamment dans l'Internet des objets (IdO).

Les analystes font valoir par ailleurs qu'Arm n'est pas positionné directement au coeur de l'essor de l'IA mais se situe plutôt à la périphérie.

"L'excitation qui a donné le coup d'envoi à tout cela était vraiment du côté du logiciel et de la plateforme, avec OpenAI qui a sorti des outils permettant de tirer parti de modèles de langage importants pour créer du contenu", observe Kirk Boodry chez Astris Advisory Japan.

"Ce n'est pas ce qu'est Arm, ce n'est pas du tout lié à cela", ajoute l'analyste, qui évalue pour sa part la société à environ 47 milliards de dollars.

Arm peut néanmoins s'appuyer dans une certaine mesure sur le succès du spécialiste des puces graphiques Nvidia, apparu comme le plus grand bénéficiaire du boom de l'IA, ses semi-conducteurs avancés alimentant les centres de données à l'origine des modèles de langage tels que ChatGPT.

Les puces de Nvidia doivent en effet être couplées à des unités centrales de traitement économes en énergie - la spécialité d'Arm - même si Nvidia dispose d'autres solutions.

Pour Rolf Bulk, analyste chez New Street Research, Arm pourrait profiter de l'essor de l'IA, concentré pour l'instant dans des serveurs informatiques dématérialisés, dans les appareils utilisés par les consommateurs, tels que les téléphones ou les appareils électroménagers.

Ces appareils nécessiteront alors une propriété intellectuelle spécifique du type de celle qu'Arm a développée avec beaucoup de succès pour d'autres architectures dans le passé, fait-il valoir.

(Reportage Anton Bridge, Blandine Hénault pour la version française, édité par Kate Entringer)

par Anton Bridge