(Actualisé avec réaction de Donald Trump)

par Paul Lienert, David Shepardson et Joseph White

DETROIT/WASHINGTON, 26 novembre (Reuters) - General Motors (GM) va supprimer environ 8.000 emplois en Amérique du Nord et arrêter la production de ses voitures qui se vendent le moins pour s'adapter aux bouleversements en cours dans le secteur automobile, qui l'amènent à tourner le dos aux berlines traditionnelles et à investir massivement dans les véhicules électriques et autonomes.

Les mesures annoncées lundi par le premier constructeur automobile américain représentent sa plus importante restructuration en Amérique du Nord depuis sa faillite il y a 10 ans.

Elles sont saluées par les investisseurs. L'action GM prend 5,75% vers 20h00 GMT à Wall Street, contre un gain de 1,55% pour le S&P-500.

Elles vont se traduire par des charges de 3 à 3,8 milliards de dollars (2,65 à 3,35 milliards d'euros) mais devraient ensuite augmenter de 6 milliards de dollars d'ici fin 2020 le flux de trésorerie disponible, a déclaré le constructeur de Detroit.

"A la différence des périodes précédentes (...) GM tente d'anticiper une éventuelle crise en faisant des économies maintenant", dit Michelle Krebs, analyste chez Autotrader.

Le groupe américain prévoit d'arrêter l'an prochain la production de trois usines au Canada (à Oshawa) et aux Etats-Unis (dans l'Ohio et le Michigan). Il va aussi arrêter de fabriquer plusieurs modèles actuellement assemblés sur ces sites, comme la Chevrolet Cruze, la Cadillac CT6 et la Buick LaCrosse. La Cruise compact ne sera plus commercialisée aux Etats-Unis en 2019.

Les usines de Baltimore (Maryland) et de Warren (Michigan), qui assemblent des composants de systèmes de transmission, sont également menacées. Deux autres usines hors Amérique du Nord vont également fermer, a dit le groupe sans plus de précisions.

"Nous sommes en train d'ajuster nos capacités en fonction des réalités du marché", a déclaré la directrice générale, Mary Barra, ajoutant que ces mesures avaient été prises en raison des changements à l'oeuvre dans le secteur automobile.

GM entend doubler les ressources consacrées aux véhicules électriques et sans conducteur au cours des deux prochaines années.

DES USINES NE TOURNANT PAS À PLEINES CAPACITÉS

Alors que Donald Trump se présente en défenseur des emplois industriels aux Etats-Unis, General Motors a déclaré que les droits de douane sur l'acier décidés cette année par le président américain lui coûtaient un milliard de dollars. La directrice générale du constructeur a souligné que les coûts liés aux droits de douane faisaient partie des "vents contraires" auxquels GM doit faire face.

Donald Trump a déclaré avoir exprimé auprès de Mary Barra son mécontentement face aux fermetures d'usines annoncées par General Motors dans l'Ohio et le Michigan. "Vous feriez mieux de revenir rapidement", a-t-il dit à la dirigeante, selon son propre compte-rendu de leur entretien.

United Auto Workers (UAW), premier syndicat du secteur automobile aux Etats-Unis, a promis de batailler contre ce plan, que le maire de Detroit, Mike Duggan, a jugé "inquiétant".

Au Canada, le syndicat Unifor a fait savoir qu'il "se battrait vigoureusement" pour préserver les emplois alors que des salariés d'Oshawa ont cessé le travail lundi.

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a exprimé sa "profonde déception" à l'issue d'un entretien avec Mary Barra.

Les emplois supprimés, dont ceux d'ingénieurs et de cadres, représentent 15% des effectifs du constructeur dans la région.

Mary Barra a déclaré à la presse que le constructeur était en mesure à la fois de réduire ses investissements de 1,5 milliard de dollars par an et de dépenser davantage dans les véhicules électriques, autonomes et connectés, car il avait en grande partie fini d'investir dans les nouvelles générations de camions et de SUV.

A partir du début des années 2020, environ trois quarts des ventes mondiales de General Motors seront réalisées à partir de cinq architectures de véhicules seulement.

Aux Etats-Unis, le repli du marché automobile a amené plusieurs usines à ne fonctionner qu'avec une seule équipe. C'est notamment le cas à Hamtramck (Michigan) et Lordstown (Ohio). Une usine automobile fonctionnant en dessous de 80% de ses capacités est généralement considérée comme non rentable.

Selon Mary Barra, GM utilise environ 70% de ses capacités en Amérique du Nord et le constructeur veut améliorer ce ratio.

"Nous devons nous assurer que nous sommes bien positionnés pour faire face à la concurrence, pas seulement au cours des prochaines années, mais bien au-delà", a-t-elle déclaré.

Ses concurrents américains, Ford et Fiat Chrysler Automobiles, ont déjà tous deux abaissé leur production aux Etats-Unis, ou annoncé leur intention de le faire. (Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)