Partant du constat qu'« une majorité des autres horlogers se servent chez nous comme dans un supermarché », le président de Swatch refuse désormais d'alimenter la concurrence en composants. Il déplore également que les économies réalisées par les horlogers soient réinvesties dans la publicité. Le pari est risqué, 7% à 8% de ses ventes proviennent de ses concurrents, soit entre 300 et 400 millions d'euros de chiffre d'affaires. Ce sera à la Commission de la concurrence Suisse (Comco) de trancher.

Pour Nicolas Hayek, « personne n'oblige Rolex, par exemple, à livrer ses mouvements à des tiers ». Une autre marque est dans son viseur : Tag Heuer, qu'il accuse d'avoir acheté « un ancien calibre » auprès du japonais Seiko, et de l'avoir « un peu rafraîchi » avant de le remettre sur le marché. « Si les horlogers commencent à tricher, on peut craindre le pire, lance Nicolas Hayek dans L'Agefi (18/12). Allez ensuite essayer d'expliquer à un concurrent ou à un consommateur étranger que la contrefaçon est un fléau innommable, qu'il tue la profession, si nous-mêmes, ou certains horlogers peu scrupuleux, agissons de la même manière ». Et de suggérer que ses concurrents se remettent à investir, ou à « se regrouper ».

« Lassé, agacé, en colère », le patron de l'horloger suisse admet que sa déclaration de guerre n'arrive pas au meilleur moment pour une industrie s'apprêtant à vivre des jours difficiles. « La vraie sélection, naturelle, économique, darwinienne, ne fait que débuter », insiste-t-il, tout en se défendant de passer pour un fossoyeur. « Je n'ai aucunement l'intention de torpiller l'industrie horlogère Suisse ». D'ailleurs, poursuit-il, « tous se disent capables de produire seuls ». Nicolas Hayek ne tient cependant pas à généraliser sa colère à l'ensemble de ses concurrents, et annonce qu'il réfléchit à « continuer à livrer, sous certaines conditions, les quelques clients fidèles, sérieux et historiques ».

Swatch se repositionne sur son cœur de métier
Par ailleurs, Swatch Group vient d'annoncer la cession de ses activités de moteurs pas à pas de son unité Microcomponents (15 millions d'euros de chiffre d'affaires) à la firme Singapourienne Juken Technology. L'opération, dont le montant n'a pas été précisé, s'inscrit dans la volonté de Swatch de se « recentrer sur son cœur de métier ».