par Gwénaëlle Barzic et Sarah White

Les actionnaires du groupe Lagardère ont sauvé une nouvelle fois la mise de son gérant commandité Arnaud Lagardère, en rejetant mardi les résolutions proposées par le fonds Amber Capital en vue de remanier le conseil de surveillance.

Déjà plusieurs fois visé par des campagnes de fonds activistes, le dirigeant de 59 ans a déjoué l'offensive d'Amber Capital grâce au soutien du fonds souverain qatari, deuxième actionnaire de la société, et de son nouvel allié Vincent Bolloré.

La totalité des résolutions présentées par Amber Capital, devenu premier actionnaire de Lagardère avec environ 18% du capital, ont été rejetées.

A l'inverse, les résolutions de la direction de Lagardère ont toutes été validées à l'exception du renouvellement du mandat de Martine Chêne au conseil de surveillance.

"C'est un vote sans appel en faveur de la gérance", a déclaré Arnaud Lagardère à l'issue de l'assemblée générale qui se tenait cette année à huis clos en raison de l'épidémie de coronavirus.

Amber Capital souligne pour sa part que sept de ses résolutions ont recueilli plus de 42% des votes, ce qui traduit selon lui une volonté de changement de la part des autres actionnaires du groupe.

"Plus rien ne sera jamais comme avant au sein du groupe Lagardère; des questions ont été posées, elles ne pourront plus rester sans réponse", assure Amber dans un communiqué, ajoutant vouloir "faire la lumière" sur l'organisation de l'assemblée générale à laquelle il n'a pas été autorisé à participer.

En Bourse, l'action de Lagardère était en forte baisse peu de temps avant la clôture des marchés, cédant 6,3% à 14,24 euros.

LA QUESTION BOLLORÉ

Amber Capital souhaitait faire de l'assemblée générale un référendum sur la gestion d'Arnaud Lagardère, sous la houlette duquel le périmètre de la société s'est considérablement rétréci avec un cours de Bourse à la peine par rapport à la moyenne du secteur.

Le fonds britannique s'est toutefois heurté à la montée au créneau de plusieurs figures du monde politique et des affaires français, en soutien du dirigeant iconoclaste, aux commandes depuis le décès brutal de son père Jean-Luc il y a 17 ans.

Le milliardaire Vincent Bolloré a ainsi acquis un peu plus de 10% de Lagardère via le groupe Vivendi qu'il contrôle tandis que l'ancien président Nicolas Sarkozy a été coopté au conseil de surveillance en début d'année, une nomination entérinée par les actionnaires ce mardi.

Les défis restent cependant nombreux pour le dirigeant dont le groupe - propriétaire de la maison d'édition Hachette, de boutiques d'aéroport et de la radio Europe 1 - a renoncé à verser un dividende cette année face à la chute de ses revenus provoquées par la crise du coronavirus.

Les intentions de Vincent Bolloré alimentent également les spéculations, Vivendi étant également présent dans l'édition et les médias.

(Sarah White et Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Michel Bélot)