Bombay (awp/afp) - Les marchés semblaient rassurés mardi par le conglomérat du magnat indien Gautam Adani au lendemain de son annonce de remboursement anticipé de plus d'un milliard de dollars de prêts, qui a fait décoller le titre du groupe de 25% en Bourse.

"Les marchés sont heureux qu'ils aient remboursé par anticipation une grande partie de leurs emprunts. C'est un signe de confiance rafraîchissant", a déclaré à l'AFP un analyste, Srinath Sridharan.

Lundi, le conglomérat a annoncé le remboursement anticipé d'une facilité de crédit de 1,1 milliard de dollars arrivant à échéance en septembre 2024, dans le but de rassurer les investisseurs.

Le titre, dont la cotation à la bourse de Bombay a été plusieurs fois suspendue pendant la séance, mardi, après des envolées allant jusqu'à 25%, était en hausse de 15,55% à 14H47 heure locale, à 1816,95 roupies (21,98 dollars).

L'annonce du remboursement anticipé est survenue après que le quotidien The Economic Times a rapporté qu'après le redit Suisse et l'américain Citigroup, le britannique Standard Chartered n'acceptait plus les obligations Adani comme garantie pour les prêts sur marge accordés aux clients de sa banque privée.

Selon des traders, les investisseurs vont examiner de près les résultats de plusieurs entreprises d'Adani attendus cette semaine, en quête d'indices sur leur santé financière.

Adani Total Gas à la peine

L'action d'Adani Total Gas, dont le géant pétrolier français TotalEnergies détient 37,4% de parts, chutait encore de 5% mardi.

Le groupe a récupéré un peu de ses pertes estimées à environ 112 milliards de dollars en valeur mardi, selon Bloomberg.

La débâcle boursière du groupe a immédiatement suivi la publication le 24 janvier du rapport Hindenburg Research, faisant état de "manipulation éhontée des actions" et de "fraude comptable sur plusieurs décennies".

Le conglomérat a rejeté ces accusations, dans un communiqué de 413 pages, dénonçant une attaque "malveillante" contre sa réputation.

"Ce n'est pas seulement une attaque injustifiée contre une entreprise spécifique, mais une attaque calculée contre l'Inde, l'indépendance, l'intégrité et la qualité des institutions indiennes, ainsi que l'histoire de la croissance et l'ambition de l'Inde", a-t-il répliqué.

Outre les pertes du groupe en Bourse, l'annulation d'une offre publique de suivi (FPO) la semaine dernière a suscité des inquiétudes quant à sa capacité à trouver de nouveaux financements pour rembourser ses dettes.

Cette vente d'actions était censée contribuer à réduire les niveaux d'endettement préoccupants de l'entreprise et à restaurer la confiance en élargissant sa base d'actionnaires.

17e rang du classement Forbes

Lundi les participants à des manifestations, notamment à New Delhi et à Bombay, organisées par le principal parti d'opposition indien, le Congrès, ont exigé que la Banque centrale et les autorités de régulation diligentent une "enquête sérieuse" sur les accusations de fraude en question.

Le Congrès estime que les liens étroits de M. Adani avec le Premier ministre Narendra Modi, tous deux originaires de l'État du Gujarat, lui ont permis de remporter des contrats de manière déloyale et d'éviter une surveillance appropriée.

La ministre des Finances, Nirmala Sitharaman, a souligné dimanche que les entreprises Adani avaient également remporté des marchés dans des États indiens qui n'étaient pas dirigés par le Bharatiya Janata Party (BJP), parti nationaliste hindou de M. Modi.

"Tout projet sous la direction du Premier ministre Modi passe par le processus d'appel d'offres ouvert", a déclaré Mme Sitharaman sur la chaîne Times Now.

Selon un communiqué du SEBI (Securities and Exchange Board of India), gendarme de la Bourse indienne, le marché financier indien a "démontré sa stabilité persistante et continue de fonctionner de façon transparente, équitable et efficace".

La fortune du magnat, estimée à 127 milliards de dollars et qui faisait de lui le troisième homme le plus riche du monde, a fondu en une semaine de plus de la moitié.

Gautam Adani, fondateur du conglomérat, âgé de 60 ans, se retrouve avec 63 milliards de dollars mardi au 17e rang du classement des plus grandes fortunes mondiales établi par le magazine Forbes en temps réel.

afp/buc